France. Les secrets de Jean-Luc Godard

Publié le par Un monde formidable

Les 43 secrets de Godard (1) par Jacques Drillon (Le Nouvel Observateur. 04/03/10). Extraits.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le réalisateur de « Pierrot le Fou » sans oser le demander Grâce à Antoine de Baecque, qui lui consacre une biographie monumentale (2), pleine de révélations. Jacques Drillon l'a lue à la loupe

(...) Vrai et faux. Vrai : Les dialogues sont souvent écrits au jour le jour, mais il est arrivé à Godard d'écrire des scénarios de cent pages, comme il convient. Faux : « A bout de souffle » n'a pas été filmé en son direct. Vrai : les tournages s'interrompent souvent, JLG s'isole, disparaît. Il lui est arrivé de quitter un tournage à Paris pour aller au cinéma (à Rome, voir un Rossellini). Du coup, le producteur « bouffe la moquette » (Belmondo dixit). Un jour il se fait porter pâle, mais le producteur le trouve à une terrasse de café. Ils se battent. (...)

(...) CNC. JLG a monté ses neuf premiers films sans un sou du CNC.

(...) BB. Elle a raconté, après le tournage du « Mépris » : «Ce genre d'intello cradingue et gauchisant me hérisse. » «Je devais le terroriser. » Ce qui n'est pas certain. Dans la scène où Bardot est allongée, nue, avec un livre posé sur les fesses, on ne peut pas lire le titre qui est à l'envers : « Entrez sans frapper ». C'est Piccoli qui l'a retourné, provoquant la colère de Godard. 

(...) Rapidité. « Bande à part » doit sortir en août 1964 : trop tôt pour la Mostra de Venise (début septembre). Pour y figurer, JLG propose au directeur de la Mostra de lui faire un film à temps : ce sera « Une femme mariée », conçu et produit en sept semaines, tourné en moins de vingt jours, monté au fur et à mesure du tournage, terminé en quatre mois. Quant à « Made in USA », il a été tourné dix jours après la commande. Il n'est pas exact qu'il ait tourné en même temps ce film et «Deux ou trois choses... » : les deux tournages se sont tout de même enchaînés à une semaine d'intervalle, et les montages ont été réalisés en parallèle, JLG passant d'une salle à une autre. (...)

(...) « Sauve qui peut (la vie) ». Devant l'échec du film à Cannes, son producteur Marin Karmitz a proposé à des «journalistes importants » qui ne l'avaient pas aimé de le revoir quelques mois plus tard, arguant que JLG l'avait amélioré considérablement. Ils ont aimé. Mais rien, pas une image, n'avait été modifié. Gros succès en salle.

 Adjani (Isabelle) . Elle se trouve « moche », filmée par Godard dans « Prénom Carmen ». Elle s'inquiète de la caméra, « qui ressemble à du super-8 amateur». Cette caméra, c'est un prodige, la dernière née de Beauviala (3) , l'inventeur génial qui collabore avec Godard depuis longtemps. Adjani quitte le film, qui sera primé à Venise pour la qualité technique de l'image. (...)

(1) Jean-Luc Godard, cinéaste franco-suisse, est né le 3 décembre 1930 à Paris. Il a réalisé notamment «A bout de souffle » (1 959), « le Mépris (1 963), « Pierrot le Fou » (1 965), «la Chinoise» (1 967), « Nouvelle Vague » (1990) et «Histoire(s) du cinéma» (1998).

(2) Godard, biographie, par Antoine de Baecque, Grasset, 995 pages, 23 euros.

(3) Jean-Pierre Beauviala est ingénieur et inventeur. Il dirige la société Aaton, située à Grenoble. Il est actuellement le seul fabricant français de caméras professionnelles (...) Jean-Pierre Beauviala est l’auteur de caméras révolutionnaires, portables, silencieuses, miniatures, équipées du fameux timecode ; il a travaillé étroitement avec Godard, Rouch, Depardon (...)

Publié dans Europe de l'Ouest

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