Obama ne peut donc être seulement "Noir"
« There is not a Black America and a White America and Latino America and Asian America – there’s the United States of America. » (Barack Obama)
Barack Obama - Métis ou Noir (Source : segregationtpe. 08/01/2009)
De quelle race est Barack Obama, le rival d’Hillary Clinton pour la présidentielle de 2008 ? Quelle question ! Métis, évidemment ! Sa mère était une femme blanche du Kansas, son père un Kenyan. Pour accentuer encore le côté Tiger Woods, il a grandi à Hawaï avec ses grands-parents maternels (blancs), puis en Indonésie avec sa mère et son beau-père (asiatique), avant de retourner à Hawaï puis de s’engager à Chicago auprès des quartiers pauvres (noirs) et de faire des études droit à Harvard (plus blanc que blanc). Si ce n’est pas du métissage… D’ailleurs, dans l’autobiographie remarquable – que dis-je, exceptionnelle - qu’il a écrite avant de se lancer en politique et d’être connu, Obama écrit de très belles pages sur sa double identité, défendant parfois la révolte et la frustration de ses frères noirs, embrassant à d’autres moments cet œcuménisme multiracial qui fait partie de son ADN.
Être métis n’est pas simple aux États-Unis. Avant le recensement de 2000, il n’existait d’ailleurs pas de catégorie multiraciale : on devait cocher l’une des quatre cases (Américain-Indien ou natif d’Alaska, Asiatique ou natif d’une île du Pacifique, Noir, Blanc) plus la case « origine hispanique » ou « origine non-hispanique ». Depuis 2000, le nombre des catégories raciales est passé à cinq (Américain-Indien ou natif d’Alaska, Asiatique, Noir ou Africain-Américain, Natif d’Hawaï ou autres îles du Pacifique, Blanc), auxquelles s’ajoute une nouvelle case: « Autre race ». Pour le métis, cela relève du casse-tête : il peut cocher « autre race », ce qui n’est pas très satisfaisant, ou cocher deux cases – dans le cas de Barack Obama : Noir ou Africain-Américain, et Blanc.
Avec la progression du nombre de couples multiraciaux, le métissage n’est plus une rareté. On comptait moins de 500.000 enfants métis en 1970, quand Barack était en culottes courtes, ils étaient deux millions en 1990, soit 4% des ménages, et sans doute nettement plus aujourd’hui. Certains s’accommodent bien de leur identité multiraciale. D’autres non. Barack, lui, est difficile à classer. Quand on lui pose la question, il répond sans hésiter : « Je suis Noir ». On pourrait être tenté de voir là remonter le passé et l’inconscient collectif de l’Amérique, pour qui une seule goutte de sang « noir » (bonjour l'expression) vous cataloguait souvent comme noir, mais ce serait une erreur. D’une part, le phénomène Tiger Woods suffit à montrer qu’on n’en est plus là, d’autre part la négritude que revendique Obama n’est pas raciale mais identitaire : il a épousé une femme noire native de Chicago, il estime appartenir culturellement à la communauté noire.
La difficulté, pour lui, est dans son image auprès de Blancs qui rejetteraient un candidat 100% Noir (synonyme de ghetto, de candidature protestataire) et sont précisément attirés par son métissage. Obama ne peut donc être seulement « Noir ». De par sa personne, il élimine une partie du problème en reléguant la question raciale à l’arrière-plan : il est un homme de la classe moyenne comme vouzémoi qui se trouve avoir la peau foncée, non un Noir autrefois protestataire qui cherche à séduire la classe moyenne.