France. Chroniques marseillaises (17): gunfight city

Publié le par Un monde formidable

Des tirs d'armes de guerre, de type kalachnikov, ainsi qu'une explosion de grenade se seraient produits, hier, peu après 22 h dans la cité La Gavotte Peyret à Septèmes. Des impacts de projectiles et un cratère ont été retrouvés sur les lieux, mais aucun blessé n'est à déplorer. Des suspects auraient pris le large vers Marseille, à bord d'une Audi A 8. Les gendarmes ont été saisis de l'enquête. (La Provence. 12/05/2011)

Deux hommes tués à la kalachnikov à Marseille (Source : Thomson Reuters 11/05/2011)

Deux hommes ont été tués mercredi à Marseille de plusieurs rafales de kalachnikov, a-t-on appris de source judiciaire. Les deux victimes ont été tuées dans le quartier Saint-Mauront, dans le 3e arrondissement de la ville, à proximité d'un collège. Plusieurs impacts de balles d'armes lourdes, vraisemblablement des fusils mitrailleurs de type kalachnikov, ont été relevés sur les lieux, a-t-on précisé de même source. Les deux victimes, âgées de 20 à 30 ans, se trouvaient dans leur voiture lorsqu'elles ont été prises pour cible par plusieurs individus à bord d'un véhicule qui a pris la fuite.

L'enquête, qui a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Marseille, s'orienterait sur la piste de représailles sur fond de trafic de drogue. L'un des deux hommes abattus était connu des services de police pour des affaires de trafic de stupéfiants.

Une dizaine de règlements de comptes ont été recensés depuis le début de l'année dans la région marseillaise. La plupart d'entre eux seraient liés au contrôle du trafic de drogue dans les cités de la ville. En visite à Marseille jeudi dernier, Claude Guéant a annoncé plusieurs mesures destinées à renforcer la sécurité dans la cité phocéenne, parmi lesquelles des renforts policiers et des moyens financiers supplémentaires. La visite du ministre de l'Intérieur intervenait trois jours après la mort d'un adolescent de 15 ans tué par balle alors qu'il tentait, avec un autre jeune de 17 ans, de pénétrer dans le local d'une société de gardiennage pour s'emparer d'un ordinateur portable.

Marseille : double exécution à la kalachnikov par Laetitia Sariroglou(La Provence. 12/05/2011)

"C'est terrible, mais ça devient affreusement banal." La réaction d'un riverain du boulevard National (3e) en dit long sur le climat qui règne à Marseille malgré les SOS lancés de tous les côtés. Banal, parce qu'hier, le compteur des assassinats affichait le terrible chiffre de "42" en deux ans. Affreusement, car la scène de crime est à la limite du soutenable. 

Une Golf noire, stationnée juste en face de la Maison de la Paix, un centre d'accueil de SDF, à deux pas du portail du square National, est criblée de balles. Du gros calibre. Du 7,62 craché en rafales par des armes de guerre. "Probablement des kalachnikov", glisse le procureur de la République adjoint de Marseille, Christophe Barret.

Malgré la bâche blanche qui recouvre une partie du véhicule, un corps maculé de sang, étendu à l'avant, témoigne de la sauvagerie de l'exécution. Une double même. Juste à côté de la Golf, sur le trottoir, un drap recouvre en partie un second cadavre. Au sol, des dizaines de douilles démontrent que le commando assassin qui a agi, hier, en pleine journée, au beau milieu d'un quartier populaire, à proximité d'un collège, était bel et bien déterminé à ne laisser aucune chance aux deux victimes. "J'étais chez moi lorsque j'ai entendu des tirs, raconte une riveraine. Je me suis mise à la fenêtre. Là, j'ai vu deux hommes avec des cagoules qui détalaient comme des lapins. Ils sont partis à bord d'une voiture noire." Il était 15 heures à peine passées lorsqu'une voiture noire s'est positionnée à la hauteur de la Golf, rue Alphée-Cartier. Deux hommes, encagoulés sont sortis de la voiture et ont immédiatement ouvert le feu. La première victime, le corps et le visage troués de balles, décédait sur le coup. "L'état du cadavre a rendu difficile son identification", rapportait un enquêteur. La seconde, touchée également sur l'ensemble du corps et au niveau de la tête, mourrait peu après l'arrivée des marins pompiers. Dix minutes plus tard, l'effroyable scène de crime était protégée par de larges bâches et les techniciens de l'identification criminelle débutaient leur travail : un passage des lieux au peigne fin à la recherche du moindre indice. L'enquête était rapidement confiée aux policiers de la Crim de la Dipj de Marseille, épaulés par les fonctionnaires de la sécurité publique. La piste la plus plausible, privilégiée pour l'heure, est celle d'une double exécution sur fond de trafic de stupéfiants.

Les victimes, connues pour des affaires de stups, un Lyonnais et un Marseillais originaire de Lyon, âgés d'une vingtaine d'années, qui avaient pu être identifiées hier soir par la PJ, se trouvaient dans un véhicule, immatriculé dans les Bouches-du-Rhône. Pourquoi ? Que faisait le Lyonnais à Marseille ? Autant de questions auxquelles les enquêteurs tenteront rapidement d'apporter une réponse.

Jeudi dernier, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, s'était déplacé à Marseille à la suite de la mort d'Antoine, à La Bricarde (15e), un adolescent de 15 ans, tué par le témoin d'un cambriolage. Il promettait des renforts et la continuité de ce qui avait été annoncé par son prédécesseur, en novembre dernier. Depuis la mise en place de "Brennus", les opérations coup-de-poing, Marseille avait un peu respiré et un cessez-le-feu tacite semblait être observé par les bandes rivales. Mais manifestement, le résultat n'est pas à la hauteur des espérances. "Le travail n'est pas fini. On voit toujours des trafiquants qui s'entretuent", ne pouvait que tristement constater le préfet de police, Gilles Leclair.

Marseille - Assassinats à la kalachnikov : la famille d'une victime se dit "indignée" par Denis Trossero (La Provence. 15/05/2011)

L'avocat de la famille Kari, Me Saïd Larifou, a fait part hier de son indignation. Il ne comprend pas que celles qu'il nomme "les autorités" aient prononcé si rapidement les mots de "règlement de comptes" et de "trafic de drogue", après le double assassinat qui a endeuillé le quartier de Saint-Mauront (3e ), mercredi dernier.

Deux hommes, Assoumani Kari, surnommé "Akim", 24 ans, et Sabri Khemaicia, 28 ans, ont péri foudroyés par un déluge de feu de kalachnikov. Les deux victimes étaient connues de la police lyonnaise pour des affaires de "stups". Assoumani Kari avait même été condamné, selon le parquet de Marseille, à 30 mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants. Il bénéficiait d'un régime de semi-liberté. Mais la famille de la victime ne veut pas entendre parler. "Qu'est-ce qui permet de dire qu'il s'agissait d'un trafiquant de drogue ? s'interroge l'avocat. Est-ce que toutes les personnes condamnées pour infraction aux stupéfiants sont systématiquement abattues par des rafales de kalachnikov ?" Et Me Larifou de poursuivre son propos : "Aucun objet suspect n'a été retrouvé, aucune arme, aucune drogue, ni dans la voiture, ni à son domicile. Cette spontanéité à parler de règlement de comptes n'est pas acceptable".

La famille d'"Akim" a déposé plainte pour "homicide volontaire". Elle entend aussi se constituer rapidement partie civile, afin d'avoir accès au dossier. Selon Me Larifou, la victime avait trouvé un emploi de plombier depuis juin 2010 à Marseille et il dormait le soir aux Baumettes. Le jeune homme, résidant en banlieue lyonnaise, natif de l'île de La Réunion mais d'origine comorienne, devait d'ailleurs sortir de prison vendredi et rejoindre sa famille prochainement. Ibouroi Roumly, un membre très influent de la communauté comorienne, se dit lui aussi "indigné par l'accusation portée""Qu'est-ce qui permet de le dire ? Où sont les preuves ? reprend-il. C'est à la justice de dire ce qu'il s'est passé et pourquoi. On ne peut pas porter de jugements avant de savoir."

Rien ne permet non plus de faire pour l'heure un lien avec la seconde victime, sinon qu'elle aussi résidait habituellement en région lyonnaise. Rien, sinon la quête d'un juge qui le recherchait pour trafic international de stupéfiants. Sabri Khemaicia, 28 ans, en fuite depuis 2009, disposait d'un pied à terre à Marignane. La famille d'"Akim" s'est rendue hier au dépositoire de l'hôpital de La Timone pour y voir une dernière fois le corps et se livrer au rituel musulman. La dépouille sera rapatriée jeudi à La Réunion, puis inhumée dimanche à Moroni, aux Comores.

 

Publié dans Europe de l'Ouest

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