La part de l’Oncle Sam ou le développement en Afrique selon Obama

Publié le par Un monde formidable

La part de l’Oncle Sam par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana (L’Observateur. Ouagadougou. 23/09/10)

Depuis son accession à la Maison-Blanche le 4 novembre 2008, le 44e président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, a eu, pour les Africains, deux discours historiques : le speech du Caire en Egypte et celui d’Accra au Ghana.

L’adresse de la capitale égyptienne était destinée aux frères musulmans du continent noir. Barack Hussein Obama avait prôné la tolérance, le droit à la différence et à la coexistence pacifique avec les adeptes de l’islam Une main tendue qui n’avait pas été du goût de certains Américains. Des compatriotes qui le lui feront savoir à plusieurs occasions, telle leur opposition à la construction de Park 51, la mosquée qui doit être érigée à quelques encablures de Ground zéro.

Le discours du 11 juillet 2009 prononcé devant le Parlement ghanéen était, lui, axé sur la marche de l’Afrique, à travers ses démocraties, sa bonne gouvernance, sa justice, ses élections... L’Afrique a mal à ses scrutins truqués ou tronqués, “les élections ne sont pas la démocratie”, rappelle Obama, elle a mal à sa corruption, à ses dirigeants. Or cette Afrique-là a plus besoin “d’institutions fortes au lieu d’hommes forts”, avait martelé l’ex-sénateur de l’Illinois.

A ces deux sorties de référence du président américain, les Africains devront ajouter une troisième : Celle qui a clôturé le sommet de l’ONU sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Il y a déjà une décennie que le monde s’était fixé, pour lui et pour l’Afrique en particulier, 8 objectifs majeurs qui doivent être réalisés impérativement d’ici 2015. A cinq ans de cette échéance, hélas, sous les tristes tropiques, on se débat toujours dans les méancres du sous-développement. Or, depuis des décennies, les Africains sont biberonnés, mais ne s’accroissent pas ou très peu. Le développement s’apparente à une arlésienne pour le berceau de l’humanité, même s’il y a certaines poches où l’émergence n’est pas un mot vide de sens.

Le discours de Barack Obama, sur la tribune de l’ONU en ce 22 septembre 2010, s’avère un recadrage de l’aide au développement. Certes, ce n’est pas si nouveau que cela, comme idée ! Certains de nos dirigeants la professant mezza voice, mais venant d’un personnage comme Obama, elle prend plus de relief, car lui au moins peut se permettre de donner des leçons.

“Le but du développement et ce dont on a le plus besoin aujourd’hui est de faire en sorte que l’aide ne soit plus nécessaire”, a déclaré le locataire du bureau ovale. Moralité : l’aide doit contribuer à mettre un terme à l’aide. “Les ONG, le secteur privé font des prouesses et il faudra travailler la main dans la main. Nous avons besoin d’autre chose que d’aide pour que la situation change”.

Et le premier des Américains d’appuyer là où ça fait mal en s’interrogeant sur les destinations finales de tout cet argent déversé en Afrique : “Il faut privilégier une approche basée sur les résultats plutôt que de distribuer de l’argent et des vivres aux pays pauvres... Est-ce qu’on améliore vraiment la vie des gens ?”

Exit donc ces aides qui sont de véritables tonneaux de Danaïdes. Obama invite les Africains et les Européens à une introspection profonde sur la nature d’un partenariat de développement. De toute façon, les donateurs, confrontés eux aussi à la crise, versent peu dans les sébiles. Et n’est-ce pas la même Amérique qui avait dit : “Trade, not Aide” ? Obama nous rappelle ce postulat à notre bon souvenir.

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