Obama et la tuerie de Tucson

Publié le par Un monde formidable

Obama et la tuerie de Tucson: "Utilisons cette occasion" par Lorraine Millot (Washington.blogs.liberation.fr-13/01/11)

Les six morts et les quatorze blessés de la fusillade de Tucson samedi dernier ne doivent pas être tombés en vain, a plaidé Barack Obama dans son discours à la mémoire des victimes mercredi soir. « Je crois que nous pouvons devenir meilleurs. Ceux qui sont morts ici, et ceux qui ont sauvé des vies ici, m’aident à croire » a lancé le président dans cette étrange discours, tenu dans le gymnase de l’université de Tucson, devant une foule de plus de 20 000 personnes et sans cesse interrompu par de ferventes ovations. Comme l’a aussitôt relevé CNN, l’allocution était à mi-chemin entre le discours de condoléance, proposant à maintes reprises la consolation de Dieu ou des Saintes Ecritures, et le « pep rally », ou rassemblement de soutien à une équipe.

Depuis quatre jours, l’Amérique fait –une fois de plus- semblant de découvrir qu’elle compte en son sein des dingues qui, du fait de la libre vente d’armes, font régulièrement des carnages. Ces tueries n’ont vraiment plus rien de rare, mais cette fois encore, l’émotion est au comble, et Barack Obama n’avait aucune raison de rester en retrait. « Ce sera son heure Challenger-Oklahoma City » prédisait d’avance l’historien Douglas Brinkley, évoquant les discours de Ronald Reagan et Bill Clinton après d’autres catastrophes, la désintégration de la navette Challenger en 1986 et l’attentat d’Oklahoma City en 1995, qui avaient permis à ces prédécesseurs de rehausser leur stature présidentielle.


Pour Obama, c’était aussi l’occasion de se poser en rassembleur de la nation, exercice qu’il affectionne et qui se trouve particulièrement requis aujourd’hui dans le contexte de la nouvelle « cohabitation » avec les Républicains. Parmi les six morts de Tucson, qui se trouvaient aux côtés de la démocrate Gabrielle Giffords, visée par le tueur et grièvement blessée, se trouvait un juge nommé par George Bush, et une grand-mère membre du parti républicain, a-t-il ainsi souligné. Tandis que tout le pays s’invective et se demande si les outrances des Tea Parties n’ont pas encouragé le tueur à passer à l’acte, le président a aussi invité à « ne pas pointer du doigt » mais plutôt « se parler les uns aux autres d’une façon qui guérisse et non d’une façon qui blesse ».


Ce discours était « extraordinairement long » a noté l’analyste démocrate Paul Begala : près de 30 minutes, contre 4 minutes pour Reagan après l’accident de Challenger et 9 minutes pour Clinton après Oklahoma City. A l’évidence, Barack Obama s’est beaucoup investi dans cette intervention, comme il s’investit d’ailleurs généralement dans tout ce qu’il fait. Il l’avait aussi chargée de beaucoup de séquences d’émotion pure, comme sa conclusion, dédiée à la plus jeune des victimes, une petite fille de 9 ans, tuée samedi : « Je veux que nous remplissions ses attentes, a lancé Obama. Je veux que notre démocratie soit aussi bonne qu’elle l’avait imaginée ». Pour « guérir » l’Amérique, Barack Obama n’a fait en revanche qu’une vague allusion aux « mérites » des lois limitant la circulation des armes. Aller au-delà n’aurait plus été rassembleur…

Publié dans Obama

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article