Burkina faso. Les ONG disent non aux exécutions extrajudiciaires

Publié le par Un monde formidable

Burkina faso. Les ONG disent non aux exécutions extrajudiciaires par Hyacinthe Sanou (L’Observateur. Ouagadougou. 15/01/10)

(...) Association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJ/BF) ; Commission justice et paix, délégation droits et démocratie ; Fondation Aimé-Nikièma pour les droits de l’Homme (FANIDHO) ; Groupe d’études et de recherches sur la démocratie et le développement économique et social au Burkina (GERDDES-B) ; Association Kebayina des femmes du Burkina (AKFB) ; Ligue pour la défense de la justice et de la liberté (LIDEJEL) ; Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) ; Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS). Ce sont là, les ONG de défense des droits humains ayant pris part à la rencontre de concertation qui s’est tenue le 29 décembre 2009 sous le thème : « Lutte contre le banditisme et droits de l’Homme au Burkina Faso ».

Cette réunion qui se justifie par de nombreuses dérives sécuritaires constatées dans la lutte contre le grand banditisme, a permis d’instaurer un cadre de concertation entre les ONG de défense des droits de l’Homme en vue d’influencer la politique de lutte contre l’insécurité et lui insuffler une dimension « droits humains ». C’est ce qui ressort, entre autres, du point de presse-bilan organisé le jeudi 14 janvier 2010 au siège de la Commission épiscopale justice et paix à Ouagadougou.

D’entrée de jeu, le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, a dénoncé une paranoïa sécuritaire de la part des autorités burkinabè : « Entre le 15 octobre 2001 et le 09 janvier 2002, le MBDHP avait dénombré 106 corps de personnes ligotées, méthodiquement alignées face contre terre, froidement exécutées, jetées dans la nature et livrées en pâture aux vautours et aux chiens errants. Après une accalmie factice suite à nos dénonciations et le soutien de la presse, les autorités semblant avoir pris conscience de la barbarie que constituent les exécutions sommaires et extrajudiciaires, les actes ont repris.     (...)

la prolongation des délais de garde à vue de 3 à 10 jours, susceptibles d’être prolongés de 5 jours supplémentaires ; la suppression de la protection du domicile par l’autorisation des visites domiciliaires et des perquisitions à tout moment pendant l’enquête préliminaire ; l’autorisation donnée aux forces de sécurité de faire usage de leurs armes en cas d’« absolue nécessité », laquelle nécessité n’est pas définie contrairement à la légitime défense ; les enquêtes de personnalité deviennent facultatives alors que ces dernières permettent d’expliquer l’acte délinquant pour en déduire des circonstances atténuantes ou aggravantes, toutes choses utiles à l’administration de la peine ». Ainsi, les ONG constatent qu’aujourd’hui la lutte contre le grand banditisme s’avère être le prétexte idéal pour la commission d’innombrables atteintes aux droits humains.

Aussi appellent-elles les autorités à la relecture sans délai de la loi portant répression du grand banditisme parce que porteuse de germes d’abus et de dérives de toute nature. En outre, les organisations de défense des droits humains exigent que toute la lumière soit faite sur ces cas d’atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine et appellent leurs militants et l’ensemble des populations à rester vigilants et à dénoncer systématiquement tous les cas de violation des droits de l’Homme dont ils seraient témoins ou victimes.

Publié dans Afrique de l'Ouest

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