Tchad. Procès Hissène Habré (1)

Publié le par unmondeformidable

Dakar s’engage solennellement à garder l’ancien président Tchadien. Par Ibrahima Diallo (Source: Sud Quotidien. Sénégal -10/04/ 09)

Le Sénégal s’engage de manière « solennel » à maintenir l’ancien président tchadien Hissène Habré « jusqu’à ce que la haute juridiction des Nations unies rende une décision sur le fond d’une plainte déposée par la Belgique » contre lui. Cette décision a été prise devant la Cour internationale de justice (Cij) de La Haye informe un communiqué du Comité international pour le procès équitable d’Hissène Habré daté d’avant-hier mercredi 9 avril 2009. En effet, la Belgique et le Sénégal ont entamé depuis lundi 6 avril, leurs plaidoiries devant les juges de la Cour internationale de Justice (Cij) à La Haye, aux Pays-Bas. A l’issue de ce premier jour d’audience, Christophe Greewood, juge à la Cij, a demandé au Sénégal « s’il acceptait de s’engager solennellement à maintenir » l’ancien président tchadien sur son territoire pendant toute la durée de la procédure devant la cour. La délégation nationale, par l’intermédiaire de Demba Kanji, directeur des affaires criminelles et des grâces au ministère de la Justice a assuré solennellement que son pays « ne permettra pas à Hissène Habré de quitter le Sénégal tant que la présente affaire est pendante devant la cour » ajoute le texte.

De même, la Belgique a notifié à la Cij sa satisfaction de cette décision en « mesure conservatoire ».Toutefois, ce dernier pays a demandé à la cour d’ordonner des mesures conservatoires suite aux menaces du président Wade de « faire en sorte qu’Hissène Habré « abandonne le Sénégal » s’il n’obtenait pas de la communauté internationale l’intégralité du financement du procès estimé à plus de 27 millions d’euros » précise le document. Cet engagement du Sénégal a été salué par les victimes du « dictateur tchadien » qui invite « solennellement le président de la République Me Abdoulaye Wade à ne plus s’interposer et à laisser la justice sénégalaise faire son travailler » poursuit cette source.

La Belgique reproche au Sénégal de ne pas juger Hissène Habré et demande donc, à défaut, son extradition vers Bruxelles. Ouverte il y a neuf ans, l’affaire Habré continue d’opposer les deux Etats, chacun saisis de plaintes pour tortures émises contre l’ancien président du Tchad.

 

Procès Hissène Habré : La rencontre de deux surenchères. Par H. Marie Ouédraogo (Source: L’observateur. Burkina Faso. 07/04/ 09)

C’est hier lundi, que la Cour internationale de justice de La Haye a commencé ses audiences, dans le cadre du différend qui oppose la Belgique au Sénégal concernant l’affaire Hissène Habré. Un nouvel épisode dans le feuilleton politico-judiciaire entamé en 2005, lorsqu’un juge belge avait demandé l’extradition de l’ex-président tchadien réfugié à Dakar et poursuivi pour tortures et crimes contre l’humanité. Parmi ses nombreuses victimes, un citoyen belge d’origine tchadienne.

Mandaté par les pairs africains de Wade pour faire juger l’ex-dictateur réfugié sur son sol, le pays de la terranga demande que le budget du procès, estimé à 17 milliards de francs CFA, soit d’abord réuni, ce qui, pour l’heure, est très loin d’être le cas. Et tandis que Dakar, faute de moyens ou par mauvaise volonté, se contente du statu quo, Bruxelles s’impatiente et accuse son interlocuteur de ne pas respecter la législation internationale, en refusant d’extrader le prévenu à défaut de le juger. Une lenteur que d’aucuns expliquent par le fait qu’Hissène Habré, réfugié au Sénégal depuis sa chute en 1990, a, pour ainsi dire, pris la couleur locale, devenant même Sénégalais par alliance ; si à cela on ajoute le fait que Me Madické Niang, actuel ministre de la justice, avait été l’avocat de l’ex-dictateur, on peut comprendre qu’il y ait quelques réticences.

Mais, à la décharge des autorités de Dakar, on peut également s’étonner du fait que l’Union africaine, qui tenait tant à ce que le procès se tienne sur le continent, après avoir mandaté le Sénégal pour ce jugement, s’en soit totalement lavé les mains, laissant à ce pays l’entière responsabilité d’un dossier qui, par la suite,,, se révèlera ô combien brûlant. Alors, l’argent étant le nerf de la guerre, il faut croire que le président Wade aura mis le feu aux poudres lorsque, dans une déclaration réclamant les moyens nécessaires au procès tant attendu, il a menacé de lever la mise en résidence surveillée d’Hissène Habré. C’est d’ailleurs suite à cette annonce que la Belgique a saisi la Cour internationale de justice pour demander que des mesures conservatoires soient prises afin que le prévenu ne puisse surtout pas se soustraire à la justice.

Le ton monte donc entre les deux pays, prêts à en découdre devant la Cour internationale pour savoir lequel d’eux jugera enfin l’ex-dictateur. Et il faut croire que de part et d’autre on est bien décidé à ne pas lâcher le morceau. Une surenchère qui ne laisse rien augurer de bon quant à la suite de ce feuilleton politico-judiciaire où les principales parties prenantes, les victimes et leurs ayant droits, semblent avoir été reléguées au rang de simples figurants. Depuis les premières plaintes, déposées il y a bientôt 10 ans, aucun procès n’est à l’ordre du jour. Et quelle que soit la décision des juges internationaux, on ne peut que se demander si, à force de chicanes entre Dakar et Bruxelles, il ne reviendra pas finalement à la justice immanente de clore le dossier Hissène 

Publié dans Afrique centrale

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