13e sommet de l’UA : Commission ou Autorité… c’est kif kif bourricot !

Publié le par Un monde formidable

13e sommet de l’UA : Commission ou Autorité… c’est kif kif bourricot ! par La Rédaction ( L’observateur. Ouagadougou. 05/07/09)

Dotée de sa commission de 10 membres, de son Parlement, de son conseil économique et social, de sa Cour de justice et ayant de grands défis propres à l’Afrique du XXIe siècle à relever, l’UA est devenue en quelques années non "the place to be", mais une arène où s’étripent désormais les adeptes de l’union immédiate avec un gouvernement supranational et les partisans d’une intégration par cercles concentriques.

Ainsi voit-on régulièrement d’un côté le guide de la Libye, Mouammar Kadafi, Abdoulaye Wade et Boni Yayi, pour ne citer que ceux-là, croiser le fer avec leurs collègues du Nigeria, de l’Afrique du Sud, qui renâclent à déléguer leur souveraineté. Les premières véritables salves tirées entre ces dirigeants sont intervenues au 8e sommet de l’UA, tenu les 29 et 30 janvier 2007 : lors de ce jamboree politique du continent, des chefs d’Etat se sont toisés au sujet de la commission et surtout de son ...président d’alors, Alpha Omar Konaré. Il est vrai que les réformes rapides que voulait faire mettre en œuvre l’ancien président malien et surtout son côté "donneur de leçons" avaient fini par exécrer ses rapports avec les dirigeants africains à telle enseigne que l’un d’eux avait lâché en petit comité ce commentaire acide : "Konaré est un ex-chef d’Etat, moi, je suis chef d’Etat".

Otage d’éternels compromis entre les présidents et chefs de gouvernement, l’UA est, de nos jours, impuissante et a du mal à tourner le dos à l’OUA. Mais il y a pire, et ce, depuis le 2 février 2009, date à laquelle les présidents africains ont décidé inconsidérément de remettre pour un an la présidence de l’UA au premier responsable de la Jamahiria libyenne. En effet ils ont rendu soit, un grand service à l’ego de Kadhafi qui, depuis des décennies, était en quête d’un tel sacre, mais ils ont fait un grand tort au continent. Bien sûr, dépité par ses échecs panarabes et panmaghrebin, l’homme du 1er septembre 69 a dépensé beaucoup d’argent et fait beaucoup de gestes pour se couler dans la peau d’un panafricaniste qui veut rallumer le flambeau de certains pères de l’indépendance. Hélas il n’en a ni l’étoffe ni la volonté. Il a simplement trouvé une tribune, et quelle tribune pour jouer sa pièce dans la cour des grands. Surtout qu’au sein de la CEN-SAD certains de ses pairs ont commencé à regimber... Tel son homologue burkinabè, Blaise Compaoré, avec qui les atomes ne semblent plus crochus. Quant aux maux de l’Afrique, les populations peuvent toujours attendre.

Engoncé dans ses certitudes ubuesques, le bédouin libyen s’est donné encore en spectacle à ce 13e sommet de l’UA, achevé ce 3 juillet 2009 tard dans la nuit frisquette de Syrte : logorrhées logomachiques, altercations sur des points ou virgules, brefs et longs apartés, pieds de grue dans les couloirs et à la clef un "arrangement à l’amiable" ou du moins un canard boiteux qui s’appelle "Autorité commune". Bref les sommets de ce qui devait suppléer à l’OUA se suivent et se ressemblent, tout change pour que rien ne change.

Qu’espèrent la vingtaine de chefs d’Etat présents en Libye dont certains ont "décalé" avant le communiqué bancal, en remplaçant la Commission par l’Autorité ? Décourager les adeptes des raccourcis militaires ou exclure les pays dans lesquels les coups d’Etats sont perpétrés ? Surtout pas et le récent exemple de la Mauritanie est assez illustratif. Comment éteindre les brûlots en Afrique ? Voilà autant d’objectifs majeurs et concrets que l’UA devrait viser.

En fait, on est en droit de se demander s’il faut perdre autant de temps pour changer le nom d’une structure qui se veut supranationale. Qu’elle s’appelle Commission ou Autorité commune, seule compte son habileté manœuvrière, car, comme disait Mao Tsé Toung, "qu’importe la couleur d’un chat pourvu qu’il attrape des souris". Commission ou Autorité n’est-ce pas du pareil au même ?

C’est donc moins les changements de dénomination de l’UA que ses actions sur le terrain qui dépêtreront l’Afrique de ses traditionnels bourbiers. Et, comme jusqu’en février 2010 on aura du Kadhafi, rien que du Kadhafi, il est impératif que les chefs d’Etat veillent au grain, tout comme Jean Ping le président de l’encore Commission, qui devra toujours être sur "la position du départ soudain" (1).

Ce sommet convainc les plus dubitatifs que l’Afrique souffre de ses querelles de leadership et du manque de vision claire. L’intégration continentale d’inspiration européenne sera toujours une arlésienne si l’Afrique ne met pas au-devant de ses institutions des hommes capables (l’action étant ici la meilleure plaidoirie) et consensuels ; surtout des textes pérennes modifiables si la nécessité s’impose et non pour faire plaisir à une personne, surtout pas à un personnage qui pense que l’Afrique, c’est lui.

Note( 1) : position des Indiennes des USA qui, constamment accroupies, sont promptes à accomplir une tâche confiée par leur mari ou à rattraper un enfant qui s’éloigne.

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