USA. Agressions sexuelles au sein des forces armées

Malaise et transparence par François Clemenceau (Source : Europe 1 /18/03/09)

Le rapport officiel du Pentagone sur les agressions sexuelles au sein des forces armées vient d'être rendu public. Accablant . Le nombre de brutalités à caractère sexuel a augmenté de 8% l'an dernier et de 26% sur le théâtre des opérations militaires en Irak et en Afghanistan : 2908 cas en tout et les enquêteurs militaires estiment que seulement 10% des agressions sont signalées. Sur l'ensemble de ces affaires, seules 11% se sont terminées devant une cour martiale. La peur de parler des victimes et le sentiment d'impunité des agresseurs explique en partie ces statistiques.

Il a fallu attendre le mois de septembre 2008 pour que l'Armée lance une campagne d'information dans ses rangs avec posters (photo) et messages diffusés sur les média militaires. Et ce n'est que sous pression du Congrès en 2006 que le Pentagone s'est résolu a créer un Bureau chargé uniquement de suivre ce dossier très préoccupant.

200.000 femmes servent dans l'Armée américaine. Et selon les premières études publiées, une sur trois a déjà été victime : deux fois plus que dans le civil. Toutes les agressions ne sont pas forcément des viols. Il peut s'agir de tentatives ou de harcélement. Mais la plupart des victimes qui témoignaient hier à la télé ou dans les journaux expliquaient qu'on ne pouvait pas leur demander, au cours de leur formation, de risquer leur vie pour sauver un de leurs camarades et passer leur temps à s'en méfier dès lors que leur comportement devient sexuellement ambigü ou brutal.

Si j'évoque cette affaire aujourd'hui, ce n'est pas uniquement parce que ce rapport prouve malgré tout la transparence (même incroyablement tardive) de l'Armée sur ce sujet, mais parce que je regardais l'autre jour sur HBO le premier téléfilm consacré à la Garde d'Honneur de Dover dont j'ai parlé dans un post récent. Kevin Bacon joue le rôle d'un colonel des Marines qui n'est pas allé au combat depuis des années et qui, devant l'affluence des morts en provenance d'Irak, décide de se porter volontaire pour escorter la dépouille de l'un des natifs de sa ville du Colorado jusqu'à sa famille pour la cérémonie de funérailles. Le film joue un peu du violon sur le patriotisme et les valeurs mais il montre aussi qu'un militaire digne de ce nom doit effectivement porter bien plus haut que les autres le sens de l'honneur. Et l'image qui vient s'intercaler entre ce film et le dossier des viols dans l'Armée, c'est celle de Lyndie England , vous vous souvenez, la petite brunette aux cheveux courts qui pose devant les torturés d'Abu Graïb. La caporale de la Garde Nationale de West Virginia avait fini devant une Cour martiale et enceinte de son supérieur hiérachique, un sadique qui se complaisait à obéir aux ordres.

Bien entendu la guerre n'est jamais propre. Mais les viols recensés dans le rapport n'interviennent pas uniquement dans le contexte très dur de la guerre. Sur des bases militaires les plus calmes du monde, aux Etats-Unis, des hommes (d'honneur) se livrent au viol sur des femmes et d'autres hommes.  See You next

Plus de 300 cas de harcèlement sexuel à l’encontre de femmes, dont 64 viols et 34 actes de sodomie, ont été répertoriés dans trois académies militaires américaines en 2004, selon un rapport publié jeudi par le Pentagone. Les femmes représentent entre 15 et 17% des aspirants officiers dans l’armée de terre, la marine et l’armée de l’air et de “nombreux” cas de harcèlement sexuel ne sont pas signalés, ajoute le rapport. A la prestigieuse académie militaire américaine de West Point et à l’académie navale d’Annapolis, “les documents disponibles des dix dernières années révèlent qu’au cours de cette longue période, des personnes accusées d’abus sexuels n’ont pas été, de manière effective, traduites devant la justice pénale”, souligne la mission chargée de l’enquête. “A une exception près, entre 1994 et jusqu’à récemment, seules des actions administratives sont engagées (…) dans des cas de harcèlement sexuel”, ajoute-t-elle sans préciser si ces actions ont été effectivement prises. (Source: LeQuotidien: lequotidien-tn.com).