Tchad. Chroniques d'une histoire sans fin (1)
Ngarlejy Yorongar, sans-papiers en France (AFP – 19/10/08)
Ngarlejy Yorongar, leader de la Fédération action pour la République (FAR), parti d’opposition au régime d’Idriss Déby, a fait savoir, le 10 octobre, par une lettre recommandée au ministère français des Affaires étrangères, qu’il souhaite regagner au plus vite son Tchad natal.
Huit mois d’exil à Paris, « c’est trop ! » Il a donc demandé à Bernard Kouchner de lui fournir un billet d’avion Paris-N’Djamena. L’opposant se dit « à bout », traumatisé par une « situation matérielle difficile et insupportable » depuis le 31 juillet dernier, date à laquelle la branche allemande d’Amnesty International a cessé de lui verser de quoi survivre (70 euros par jour : 58 pour la chambre d’hôtel et 12 pour se nourrir).
Il accuse la France de l’avoir « abandonné » à lui-même, « sans rien », depuis son arrivée à Paris, le 6 mars, après les événements de fin janvier à N’Djamena. Comble de malheur : son autorisation de séjour a expiré le 28 septembre, ce qui fait de lui, de fait, un « sans-papiers » en France.
L'Eufor accrochée par des rebelles (AFP. 28/10/08)
Une patrouille de l'Eufor, force européenne déployée au Tchad et au nord de la Centrafrique, a été accrochée près de Moudeïna (est du Tchad) par des rebelles qui ont été bombardés par l'aviation tchadienne, a-t-on appris de sources concordantes.
"Nous avons tiré sur une patrouille de quatre véhicules légers et un véhicule blindé. Voyant qu'il s'agissait d'une force neutre, nous les avons laissés repartir", a affirmé Hissène Ahamat Al-Hadj, porte-parole par intérim et commissaire financier de l'Union des forces pour le changement et la démocratie (UFCD), joint par téléphone satellitaire depuis Libreville.
"Une équipe de reconnaissance de l'Eufor a effectivement essuyé des tirs dans cette zone de la part d'une trentaine d'hommes non identifiés. L'équipe de reconnaissance n'a pas cherché à entrer au contact et s'est dégagée sans qu'il y ait de blessés ou de problèmes", a confirmé le lieutenant-colonel Cyrille Zimmer, porte-parole de l'Eufor.
La zone, située à l'est à la frontière soudanaise, au sud d'Adré et où la rébellion affirme avoir des "postes avancés", a été bombardée par l'aviation tchadienne. Deux avions de type Sukhoï achetés récemment par le Tchad ont lâché "trois obus sur nos positions sans faire de victimes", a affirmé M. Ahamat Al-Hadj.
Après les offensives rebelles de février et juin, le régime tchadien s'est renforcé militairement en achetant notamment plusieurs hélicoptères et deux avions Sukhoï, a-t-on appris auprès d'une source militaire française désirant conserver l'anonymat. L'armée tchadienne disposerait désormais de 11 hélicoptères de combat et de deux Sukhoï, a-t-on indiqué de même source.
Les leaders rebelles tchadiens en conclave à Khartoum (APANEWS. 18/10/08)
Les principaux chefs de la rébellion tchadienne sont en conclave à Khartoum pour mettre sur pied une direction politique commune, afin de relancer leur marche sur N'Djamena, la capitale tchadienne, a appris APA des sources rebelles.
L'échec du raid lancé sur la capitale tchadien en février dernier aurait été dû notamment à une querelle de leadership entre le général Mahamat Nouri de l'UFDD (aujourd'hui chef de l'Alliance nationale) et Timane Erdimi du RFC. Ancien ministre de la Défense, actuellement à la tête de l'Alliance nationale, coalition de plusieurs mouvements rebelles, le général Nouri est aujourd'hui considéré comme le leader de la rébellion tchadienne.
Son Alliance Nationale compte au moins 10.000 combattants et un impressionnant arsenal de guerre fourni par les pays arabes et asiatiques alors que le RFC de Timane Erdimi, neveu du président Idriss Déby Itno aligne à peine un millier d'hommes, selon les observateurs.
M. Erdimi, qui a de réelles ambitions présidentielles, a toujours contesté le leadership du général Nouri qu'il trouve inféodé aux Soudanais. Même si Erdimi a des handicaps sérieux à cause du faible effectif de sa troupe, il dispose cependant de nombreux complices et partisans dans l'entourage de son oncle, le Président Déby Itno, ce qui lui donne souvent quelques longueurs d'avance sur les autres rebelles dans le domaine du renseignement.
Le colonel Adouma Hassaballah, Président de l'UFCD, conteste aussi le leadership de Nouri mais a gardé de bons rapports avec le président de l'Alliance nationale dont il fut l'un des chefs d'État major.
Abdelwahid Aboud Mackaye, Président de l'UFDD/Fondamentale et dissident de l'UFDD du général Nouri, participe aussi au conclave de Khartoum.
Devant la supériorité militaire indéniable du général Nouri et la pression de leurs soutiens, les différents chefs rebelles ont accepté de s'asseoir pour désigner une direction politique commune.
Joint à Khartoum par APA, un des leaders de la rébellion a déclaré, sous couvert d'anonymat que « les choses vont très bien. Nous trouverons un accord politique dans les prochaines heures. Dès l'obtention de cet accord, rien ne nous empêche de marcher sur la capitale », a indiqué la source.
Selon des sources proches du conclave des rebelles, les différents leaders conviennent d'accepter le leadership du général Nouri et la terminologie Alliance nationale pour désigner l'ensemble des mouvements ou regroupements des mouvements rebelles parties prenantes à cet accord.