Soudan. Union africaine: l'angoisse suscitée par le référendum au Sud-Soudan

Publié le par Un monde formidable

L'angoisse suscitée par le référendum au Sud-Soudan (Source : MFI.02/02/2010)

Le 14e sommet de l'Union africaine s'est achevé, à Addis-Abeba, le 2 février 2010. Les chefs d'Etat et de gouvernement des 53 Etats membres de l'UA ont affiché une position unanime sur la crise à Madagascar et adopté deux textes sur la justice internationale. En désignant à leur tête le président du Malawi, Bingu wa Mutharika, ils ont fermé la parenthèse Kadhafi. Le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping, lui, est à la moitié de son mandat. Et craint les conséquences du référendum de janvier 2011 au Sud-Soudan.

 (…)  Mais Jean Ping redoute que les deux dernières années de son mandat soient beaucoup plus compliquées. Le Sud-Soudan en serait la cause. Pour le président de la Commission, il fait peu de doute que les Sudistes vont voter pour l'indépendance lors du référendum de janvier 2011, or les frontières Nord/Sud ne sont pas délimitées et, en conséquence, les ressources pétrolières pas réparties.  Il craint également que cette indépendance ne donne des idées aux Darfouris, voire à d'autres peuples au Nigeria, en Angola ou ailleurs. Le président de la Commission aurait certainement préféré que l'on ne touche pas au dogme de l'OUA : l'intangibilité des frontières issues de la colonisation. Pour Jean Ping et beaucoup d'autres à Addis-Abeba, l'indépendance du Sud-Soudan, c'est le grand saut dans l'inconnu et le vent de l'histoire donne des frissons.

De fait, l'« intégrité territoriale » a été beaucoup débattue. Les partisans du statu quo en la matière ont reçu l'appui surprise de la Serbie. « Khartoum et Belgrade : même combat ! , avait dit en substance le jeune ministre serbe des Affaires étrangères, le 28 janvier 2010 à la tribune des conseils des ministres de l'Union africaine. « Au Kosovo une minorité ethnique tente de faire sécession, a lancé Vuk Jeremic, imaginez combien de vos pays seraient touchés si cette tentation de séparation était validée. Il n'y aurait plus d'Etat multiethnique. » Et le chef de la diplomatie serbe de remercier les Etats africains, qui dans leur majorité, ont soutenu il y a quinze mois la décision de Belgrade, de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ).

 Evidemment, dans la salle, les Soudanais buvaient du petit lait : Khartoum voit d'un très mauvais oil la perspective, de plus en plus probable, que les Sud-Soudanais votent pour l'indépendance lors du référendum de l'année prochaine. Mais d'autres délégués ont applaudi également le ministre serbe. A commencer par les Angolais qui doivent compter à nouveau, depuis la Coupe d'Afrique des nations, avec les indépendantistes cabindais. Même les pays d'Afrique du Nord soutiennent la Serbie chrétienne contre le Kosovo musulman. C'est le ministre libyen des Affaires étrangère, Moussa Koussa en sa qualité de président de séance qui a invité son homologue serbe à Addis-Abeba. L'Egypte et l'Algérie sont sur la même ligne. Bref, à l'Union africaine, l'intégrité territoriale, c'est sacrée !

Sommet de l'Union africaine: les responsables africains inquiets pour la paix au Soudan par Emmanuel Goujon (AFP.01/02/2010)

Les dirigeants africains ont évoqué lundi les "défis d'une ampleur sans précédent" que pose le maintien de la fragile paix au Soudan, à trois mois d'élections générales et à un an d'un referendum d'indépendance au sud, lors du sommet de l'Union Africaine (UA) à Addis Abeba.

 Au Soudan, "des progrès remarquables ont été accomplis dans l'application de l'accord de paix global (signé en 2005), mais des défis d'une ampleur sans précédent requièrent une attention soutenue", a prévenu Jean Ping, le président de la Commission de l'UA.  Le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, a souligné la nécessité de "travailler avec tous les responsables soudanais pour promouvoir la paix dans ce pays". "Nous faisons cela tout en respectant pleinement la volonté des peuples soudanais, mais nous devons en tous les cas rendre l'unité attrayante", a-t-il ajouté, reprenant l'expression utilisée samedi par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon.

Une réunion uniquement consacrée au Soudan s'est tenue dimanche en marge du sommet, à l'initiative de MM. Ban et Ping, avec le président soudanais Omar el Béchir, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, et les présidents d'Afrique du sud, du Nigeria, du Tchad et de l'Algérie.  Mais pour un membre de la délégation soudanaise au sommet, Akwei Bona Malwal, "c'est trop tard". "Nous avons demandé depuis longtemps à la communauté internationale de se mobiliser, mais maintenant les gens se sont fait leur opinion au Sud-Soudan", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ils sont en faveur de l'indépendance, donc nous manquons de temps. La communauté internationale peut toujours s'impliquer pour aider les deux parties à faire face à l'après référendum de manière pacifique", a-t-il ajouté, assurant que "le gouvernement de Khartoum n'ira jamais à l'encontre de la décision des peuples du Sud-Soudan".  Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi estimait dimanche que "le Sud avait le droit de se dissocier du Nord par référendum, mais (qu') il y avait des dangers pour le Sud. Le risque de guerre est plutôt entre les gens du Sud que entre le Nord et le Sud. Ils ont des différends sur la terre, les points d'eau, et cela entraîne déjà des combats. S'ils venaient à l'indépendance ce serait un micro-Etat qui susciterait la convoitise de ses voisins", avait-il déclaré.

Le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, ont mis fin en janvier 2005 à 21 ans de guerre civile. L'accord de paix global (CPA) a permis la création d'un gouvernement semi-autonome au Sud-Soudan et prévoit en avril des premières élections - présidentielle, législatives et régionales - depuis 1986 au Soudan et un référendum en janvier 2011 sur l'indépendance du Sud. (…)

 

L'Égypte contre la sécession du Sud-Soudan (Source AFP. 09/05/2010)

Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, a plaidé dimanche pour l'unité du Soudan, à huit mois du référendum d'indépendance du Sud qui pourrait remettre en cause le partage contesté des eaux du Nil.

Pays voisin, l'Egypte "est favorable à l'unité du Soudan en tant que partie de l'Afrique et membre de l'Union africaine. Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir afin de sauver l'unité du Soudan, en harmonie entre le nord et le sud", a déclaré le ministre égyptien à l'issue d'une rencontre à Khartoum avec le président soudanais Omar el-Béchir. Ahmed Aboul Gheit, accompagné d'Omar Souleimane, le chef des services de renseignement, devait ensuite rejoindre Juba, la capitale du Sud-Soudan, où les deux responsables égyptiens doivent rencontrer Salva Kiir, président de cette région semi-autonome qui doit tenir en janvier un référendum d'indépendance.

Une victoire de l'option sécessionniste pourrait notamment avoir un impact sur le partage contesté des eaux du Nil, alors qu'un accord conclu en 1959 entre Le Caire et Khartoum réserve 55,5 milliards de mètres cube (m3) par an à l'Egypte et 18,5 mds de m3 au Soudan, soit au total 87% du débit du fleuve. L'Ethiopie, la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya, et la République démocratique du Congo contestent aujourd'hui ces anciens traités et réclament un partage plus équitable.  "Bien que des responsables égyptiens tentent de minimiser leurs préoccupations concernant les eaux du Nil, certains craignent qu'un Sud-Soudan indépendant se joigne au groupe des pays s'opposant au partage actuel", a souligné dans un récent rapport l'International Crisis Group (ICG).

L'Egypte avait rejeté en avril tout nouveau plan de partage des eaux du Nil, faisant valoir ses "droits historiques" sur le fleuve, et Le Caire considère le Soudan comme un allié sur le sujet. "Le Soudan et l'Egypte sont complètement d'accord sur la question des eaux du Nil. Nous sommes prêts à continuer les discussions avec d'autres pays et à coopérer avec eux afin de bâtir un pont (entre nous) et ainsi en arriver à un accord final qui satisfasse tous les pays de l'initiative du bassin du Nil", a noté le ministre égyptien des Affaires étrangères

Publié dans Afrique de l'Est

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