Regain de philanthropie de Sarkosy ou alliance contre nature

Publié le par Un monde formidable

A Nice, une alliance contre nature par Lassané (Le Pays. Ouagadougou. 02/06/10)

Nicolas Sarkozy a profité du sommet de Nice, les 31 mai et 1er juin, pour appeler le Conseil de sécurité de l'ONU à "faire une place à l'Afrique". Pour le quotidien burkinabé Le Pays, le continent aurait intérêt à trouver meilleur avocat, car en tant qu'ex-puissance coloniale, la France n'apporte pas un soutien très crédible.

Que l'on se batte pour obtenir au continent africain d'être représenté au Conseil de sécurité de l'ONU n'est que justice. Il est aberrant que cette région du monde, qui regroupe 27 % des Etats membres de l'ONU, ne dispose que de trois sièges de membres non permanents au dit Conseil. Cela, personne ne le contestera sérieusement. Mais là où le bât blesse, c'est lorsqu'il s'agit pour le continent noir de devoir passer par le truchement de la France pour obtenir que l'on examine pareille requête. C'est simplement inconvenant, incongru et cousu de fil blanc.

Le continent africain possède son Union africaine qui doit, en pareille circonstance, être l'instance habilitée à se commettre à une tâche pareille. Un seul pays, fût-il européen - la France, en l'occurrence -, ne peut prétendre réaliser une telle prouesse en lieu et place de cet organe qui, de par sa nature même, a vocation et légitimité pour le faire. Et puis, très sérieusement, en quoi la France peut-elle bousculer l'un ou l'autre des quatre autres grands qui, comme elle, disposent chacun du droit de veto, au point de leur arracher une quelconque bénédiction en faveur d'une représentativité africaine au Conseil de sécurité ? Pas grand-chose, à la vérité.

Et cela, Nicolas Sarkozy le sait. Le savent aussi les têtes couronnées africaines qui, religieusement, l'écoutent et l'applaudissent à tout rompre, à chacune de ses phrases décisives. Car, en dépit de toutes les apparences, tous ensemble, ils sont persuadés que les Etats africains ne pourront vraiment un jour s'émanciper que s'ils décident courageusement de couper le cordon ombilical qui les lie toujours à la mère métropole, alors qu'ils ont, pour certains d'entre eux, cinquante ans d'âge. Ce truisme, Sarko et ses pairs africains le savent à perfection. Mais lui ne veut pas en voir l'application et eux n'osent pas en entreprendre la concrétisation. En tout état de cause, la chose explique le regain subit de philanthropie dévoilée par le chef d'Etat français. Mais elle ne trompe pas grand monde, puisque personne n'est dupe.

Mais, il faut le reconnaître, quelque part, l'opération de charme de Nicolas Sarkozy se révèle payante. Réunir à soi seul la presque totalité des dirigeants africains, réussir à se faire écouter et applaudir régulièrement et certaines fois, à tout rompre, cela n'est pas donné à n'importe quel quidam. Sarko peut s'en retourner à son palais élyséen. Rien ne garantit qu'il tiendra at home les propos lénifiants proférés dans la salle de conférence de l'Acropolis niçois concernant ses amis africains, mais peu importe que les discours soient de circonstance. L'essentiel demeure ce que l'on en tire.

Et après tout, peut-on jeter la pierre au président français parce qu'il protège ses intérêts ? Sérieusement, non. C'est aux dirigeants africains qu'il revient plutôt de découvrir où se trouve ce remède miracle à même de guérir les multiples maux dont souffrent les pays dont ils ont la charge. Et il est plus que temps qu'à cette tâche, ils décident enfin de se commettre. Cinquante années, ça commence à faire pente descendante. Mais cela suppose que l'on cherche dans la bonne direction. Ou que l'on mise sur le bon cheval. Et là, l'ancienne métropole n'est sans doute pas la panacée que l'on croit.

 

Publié dans Françafrique

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