RDC : la guerre la plus mortelle depuis 1945

Publié le par unmondeformidable

publique Démocratique du Congo : la guerre la plus mortelle depuis 1945 par Irene Panozzo - (Source il manifesto - 2006)



En six années, 3,9 millions de morts et, en l’espace d’un an et demi, environ six cent mille décès de plus que ceux prévus par les taux de mortalité de base de la région : la guerre dans la République Démocratique du Congo (RDC), l’ex-Zaïre, est le conflit qui a causé le plus de morts depuis la Deuxième guerre mondiale.

Voici la conclusion à laquelle aboutit une recherche de l’ONG étasunienne International Rescue Committe (Irc), publiée hier (6 janvier 2006, ndt) par la revue médicale The Lancet. Chiffres de très loin plus importants que ceux enregistrés dans des conflits récents et plus « fameux », comme la guerre au Kosovo (douze mille), le génocide du Rwanda (huit cent mille) ou celui du Darfour (soixante dix mille). Un compte qui peut paraître cynique, mais qui restitue à la « première guerre mondiale africaine » - ainsi nommée à cause de l’implication de cinq pays limitrophes avec la très riche et immense nation africaine- les dimensions réelles d’une tragédie qui, du point de vue médiatique, a été parmi les moins « couvertes » de ces dernières années.



En l’espace de trois mois, entre avril et juin 2004, les chercheurs de l’IRC ont rendu visite et interviewé presque vingt mille familles, dont plus de treize mille dans l’Est du pays, la région où la guerre ne s’est jamais terminée, et six mille à l’Ouest, en interrogeant les gens sur les décès advenus dans les dix-huit mois précédents.

Un total d’environ cent vingt mille personnes entendues, ce qui a permis à l’Irc d’élaborer des statistiques représentatives de la situation dans tout le pays. Et les chiffres sont impressionnants.

« Les conséquences de la guerre sur la santé des personnes  », écrit Lancet « ont été semblables par leur nature mais beaucoup plus grandes en quantité que celles des autres conflits qui ont eu lieu dans les deux dernières décennies ». Pour donner une idée concrète, en chiffres, voici déjà une première donnée : le taux national de mortalité enregistré pendant les mois de l’enquête est de 2,1 morts pour mille personnes par mois, c’est-à-dire environ 40% de plus par rapport au taux moyen pour l’Afrique sub-saharienne (mais le pourcentage grimpe à 60% si on ne considère que la région Est). Ce qui correspond à environ 38 mille morts de plus par mois, par rapport aux niveaux des pays voisins et à ceux de la RDC elle-même avant le début du conflit. Décès dus, plus qu’à la violence en soi, à ses effets dévastants sur les structures sociales et sanitaires, au point de rendre mortelles des maladies comme la diarrhée, la rougeole ou la malaria, qui, dans d’autres conditions, peuvent être prévenues ou, tout au moins, soignées facilement.

Publié dans Afrique centrale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article