Maurice. Une île durable à l'horizon.

Publié le par unmondeformidable

Maurice : une île durable à l'horizon. Par Nasseem Ackbarally (Syfia Info -  23-01-2009)

Les Mauriciens ont décidé de faire de leur pays une île durable grâce aux nombreux atouts qu’ils ont à leur disposition : canne à sucre, soleil, eau, vent, vagues, déchets, etc. Objectifs : assurer leur avenir énergétique et environnemental, mais aussi servir d’exemple aux autres petits États insulaires.

Faire de Maurice une île verte et un laboratoire des énergies alternatives : telle est la principale ambition du projet "Maurice : île durable" (MID) lancé par le gouvernement, il y a quelques mois, avec le soutien du scientifique français, Joël de Rosnay. Né à l'île Maurice, le professeur de Rosnay est devenu conseiller spécial du Premier ministre pour ce projet. Un budget de 1,3 milliard de roupies (environ 33,5 millions d’€) est consacré à ce dernier dans la loi de finances en cours. Le MID concerne aussi l’environnement, au sens le plus large, de l’île : gestion et tri des déchets, pollution de l’air et de l’eau, nuisances sonores… L'objectif numéro un est de produire de l’électricité à partir de sources renouvelables pour être autonome et réduire la facture pétrolière qui s'élève à 2,2 milliards de dollars chaque année, pour un Produit intérieur de 7,7 milliards de dollars. "Le Mauricien travaille, donc, un jour et demi par semaine pour payer son énergie", lâche M. de Rosnay. Selon ses calculs, Maurice devrait pouvoir être autonome en énergie à 65 % en 2028 grâce au MID, en développant les énergies renouvelables à partir du soleil, du vent, de la biomasse et éventuellement l’hydro-électricité, la géothermie et la force des vagues. L'utilisation de produits pétroliers cause en outre un tort immense à l'environnement de cette île dont la qualité des côtes et des eaux est un atout touristique à préserver.

Plusieurs actions concrètes ont déjà été lancées comme la production d’électricité à partir des déchets de la canne à sucre dans des centrales thermiques ou, sur une base individuelle, par les particuliers équipés de panneaux solaires ou photovoltaïques, grâce auxquels ils devraient bientôt pouvoir revendre le surplus au réseau national. Un million d’ampoules à basse consommation ont été vendues à un prix promotionnel pour encourager les foyers à s’équiper. De nouvelles normes de haute qualité environnementale ont été adoptées pour les constructions hôtelières et autres bâtiments : utilisation de l’énergie solaire pour chauffer l’eau, récupération de l’eau de pluie pour irriguer les jardins, recyclage des eaux usées, etc. L'heure d’été a été adoptée à titre expérimental depuis fin octobre dernier, afin de mesurer les économies (électricité, carburant, etc.) qui en résulteraient. Un Observatoire de l’Énergie a été créé, qui fournira des informations sur l’efficience énergétique dans le commerce, le tourisme, l’industrie et les ménages.

Pour encourager les foyers mauriciens à s'équiper, l’État subventionne à hauteur de 10 000 roupies (environ 250 €) l'achat d'un chauffe-eau solaire et a supprimé les droits de douane sur ces appareils qui peuvent être achetés à crédit à faible taux d’intérêt bancaire. "Environ 2 500 foyers ont déjà été équipés ces six derniers mois et les demandes pleuvent par milliers", précise le directeur-général de la Banque de développement, Beny Chooramun, responsable de l’octroi de ces subventions. "Nous sommes conscients des problèmes concernant le pétrole cher, la production d’électricité, les transports. Tout est lié. C’est la raison pour laquelle nous participons à ce grand projet qui va soutenir le développement durable de notre île. C’est aussi notre manière de participer à l’effort mondial de la préservation de la planète", déclare Prakash Bhunsee, conseiller de village et de district dans l’est de l’île. Dans les collectivités locales, les ampoules à incandescence qui éclairent certaines routes sont peu à peu remplacées par des ampoules à économie d'énergie et des panneaux solaires éclairent notamment les jardins publics.

Le réflexe d'économiser l'énergie se développe aussi peu à peu dans la population. Les Mauriciens sont nombreux désormais à veiller à ce que le courant ne soit pas gaspillé au bureau et chez eux. Un petit livret de conseils a été offert à tous les abonnés à l’électricité.

La vague verte touche également les principaux secteurs de l'économie mauricienne. Des usines de textile et des hôtels touristiques se mettent au solaire et à l'éolien. L’usine Richfield Tang Knits Ltd, à quelques kilomètres de la capitale, a mis en place une stratégie pour réduire ses coûts de production. "Nous voulons être les plus efficients dans l’utilisation de ressources renouvelables, dans le recyclage et l’utilisation de matériaux recyclés. Nous voulons utiliser le moins d’eau possible pour atteindre l’émission la plus basse en carbone par vêtement produit", affirme Patrick Koo, un responsable de cette usine. De près de 75 000 m², cette dernière a réduit sa consommation de fioul et utilise au maximum la lumière naturelle et l’eau de pluie. Sur les toits, plus de 150 panneaux solaires fournissent le courant qui fait tourner les machines. Le vent sert à la ventilation des locaux et à évacuer la poussière. L'hôtellerie, qui a un rôle moteur à Maurice, sort aussi ses atouts verts : eau chaude fournie par des panneaux solaires, climatisation économe en énergie, etc. Concilier tourisme de masse et respect de l'environnement : si l'île réussit son pari, elle servira de modèle à d'autres petits États insulaires confrontés aux mêmes 

Publié dans Océan Indien

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