Israël. Haro sur les couples mixtes

Publié le par Un monde formidable

Israël : Haro sur les couples mixtes Par Akiva Eldar (Ha’Aretz. 27/08/09)

Des groupes d’extrême droite réclament une loi contre les mariages mixtes, voire contre tout rapport physique entre femmes juives et hommes arabes. Certains n’hésitent pas à recourir à la violence pour imposer leurs vues.

Alors que le gouvernement israélien affirme avoir accepté de geler les constructions dans les colonies juives jusqu’à début 2010, le mouvement israélien La Paix maintenant laisse entendre que plus de 1 000 logements sont actuellement en cours de réalisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Selon le Yediot Aharonot, 35 % des constructions se font même à l’est du mur de séparation érigé par les Israéliens. Pour l’organisation Ir Amim, la municipalité de Jérusalem a approuvé la mise en chantier de 104 nouveaux logements pour les Israéliens à Ras Al-Amoud, en plein quartier arabe de la Ville sainte.

Le fait que les couples impliqués dans l’assassinat d’Arieh Karp sur la plage de Tel-Baruch [le 14 août]* soient composés de jeunes hommes arabes et de jeunes femmes juives a déchaîné les passions sur Internet et dans les médias. “Voilà ce qui arrive quand des filles se promènent avec des Arabes.” Telle est en substance la nature des messages publiés. Pour un peu, certains remettraient bien à l’ordre du jour la loi jadis proposée par Meir Kahane [rabbin et homme politique israélien d’extrême droite assassiné à Manhattan en 1990] et frappant d’une peine de prison ferme les mariages mixtes et les rapports sexuels entre Juifs et non-Juifs. 



Le fer de lance de la lutte contre les mariages mixtes est l’organisation Yad L’Ahim [Secours fraternel], dont le président, le rabbin Shalom Dov Lipschitz, a récemment adressé un courrier au Premier ministre Benyamin Nétanyahou et au ministre de l’Education Gideon Saar pour dénoncer “l’échec patent du réseau éducatif laïc dans la transmission des valeurs juives”. Au nom de son ministre, le directeur du ministère de l’Education, Shimshon Shoshani, a abondé dans ce sens. Si la réponse de Shoshani n’est publiée qu’en hébreu sur le site Internet de Yad L’Ahim, c’est en anglais que l’on peut lire que les relations “entre des Arabes et des jeunes Juives débouchent la plupart du temps sur des mariages qui sombrent dans la violence. Un des problèmes les plus aigus causés par de telles relations est l’identité des enfants. Ce sont des Juifs, mais ils sont élevés comme des Arabes.” Le site de cette ONG reconnue par l’Etat et qui bénéficiededonsdéductiblesdes impôts évoque 1 000 cas par an. 



Il y a quelques semaines, le quotidien local Zman Maaleh, édité dans la grosse implantation de peuplement de Maaleh Adoumim [colonie juive en Cisjordanie], a publié un reportage sur certains de ses citoyens qui se sont organisés pour aller “expliquer” aux couples mixtes qu’ils ne doivent chercher l’amour que dans leurs communautés respectives. Cette association “civique” est dirigée par Shaï Haïm, un jeune homme énergique récemment revenu à la religion. L’ennui avec les mariages mixtes, c’est qu’ils concernent des Arabes d’Israël à qui, contrairement aux Palestiniens des Territoires [Cisjordanie et Gaza], il est pratiquement et légalement impossible d’interdire d’entrer dans une ville juive. Mais Shaï Haïm a trouvé une solution originale. Après avoir expliqué “par tous les moyens possibles” (c’est lui qui souligne) que les rapports entre Arabes et Juives ne sont “pas sains”, il cherche à vérifier, à partir du numéro de leur plaque d’immatriculation, s’ils ont un casier judiciaire et inflige des contraventions. “Je suis un homme de loi en uniforme”, plaisante Shaï Haïm. L’ennui, c’est qu’il travaille pour l’inspection des parkings à l’administration municipale de Jérusalem et que la police d’Israël s’est plus d’une fois plainte de la trop forte ressemblance entre les uniformes des inspecteurs communaux et ceux de la police nationale. 



Depuis le drame de Tel-Aviv, il ne se tient plus. “Cela me fait mal que des jeunes Arabes touchent des jeunes Juives, des jeunes soldates en plus. Qu’est-ce qu’ils ont à venir chez nous ? Il faudrait une loi contre ça. Il faudrait mettre sur pied des groupes de jeunes vigiles, et je me verrais bien à leur tête”, affirme-t-il. Il y a une semaine, n’a-t-il pas décidé avec ses copains de régler leur compte à des Arabes vus avec des Juives ? Le soir même, son groupe a fait une descente dans un café du coin et a passé à tabac plusieurs Arabes. En juillet, accompagné de deux rabbins, Haïm s’est rendu chez le commissaire de police de ­Maaleh Adoumim, pour discuter “des risques d’assimilation des jeunes Juives”. Le commissaire leur a expliqué qu’il n’était pas question de s’en prendre à des détenteurs de la carte bleue [carte d’identité israélienne que possèdent aussi les Arabes d’Israël] présents dans la ville en toute légalité. 



A Pisgat Zeev [une colonie de Jérusalem-Est], c’est une bande baptisée Shlom Ha-Noar [Protection de la jeunesse] qui traque les couples mixtes. Moshe Ben Zikri, un jeune également revenu à la religion, explique que depuis deux mois une vingtaine de volontaires “descendent sur le terrain” tous les soirs. “C’est pour des raisons religieuses qu’il faut empêcher les jeunes Juives de sortir avec des Arabes”, explique Ben Zikri, lequel affirme bénéficier du concours de certains policiers. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la police de Jérusalem, Shmuel Ben Rubi, affirme ne pas avoir connaissance de tels faits. allusion aux années d'Al Capone-- que la radio publique a ouvert ses bulletins d'informations pour lancer un débat de société sur l'importance de l'éducation dans la lutte contre la violence.

Les meurtres en "Israël" représentent une menace stratégique (Source Al-Manar-TV.Beyrouth.  20/08/09)  
 
 


Une succession de faits divers sème un vent de panique sur « Israël ». Au point que le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a parlé de «terrorisme intérieur» et l’homme de la rue dénonce l’incompétence des forces de l’ordre.
 
 A l’origine de cette poussée de fièvre : le lynchage, vendredi soir, d’un père de famille en plein Tel-Aviv. Alors qu’il prenait le frais avec sa femme et sa fille, Aryeh Karp a été agressé par une bande de jeunes, composée d’Arabes israéliens mais aussi de deux Juives, dont une soldate de Tsahal. Après l’avoir battu à mort, les agresseurs se sont débarrassés de son corps en le jetant à la mer, toute proche. La police est arrivée trop tard pour lui porter secours. Ses agresseurs ont tous été appréhendés et écroués.
 


Ce meurtre vient gonfler une série d’une dizaine de faits divers sanglants survenus ces deux dernières semaines. Quelques heures avant le lynchage d’Aryeh Karp, le corps démembré d’une femme avait été retrouvé dans un canal au nord de Tel-Aviv. La veille, le cadavre d’un homme avait été repéré au même endroit. Au début de la semaine, le tronc calciné d’une femme gisait à l’intérieur d’une voiture garée dans une paisible rue d’une banlieue chic de la ville côtière. Sans oublier l’attaque à l’arme automatique d’une association homosexuelle qui a fait deux morts au début du mois et dont l’auteur n’a toujours pas été identifié.


«Ce sont des affaires avec des circonstances et des contextes très différents, tempère Doudi Cohen, le commandant en chef de la police de Tel-Aviv. Nos officiers et nos agents sont dans les rues jour et nuit et nos meilleures unités sont mobilisées. Les Israéliens de tout le pays peuvent se sentir en sécurité.» 
 


Bref,  cette série d’atrocités a suscité un émoi sans précédent. Responsables politiques comme simples citoyens exigent des mesures radicales. Un ancien responsable du Chabak, les redoutables services de sécurité intérieure, préconise la création de polices municipales, inexistantes en « Israël ». D’autres dénoncent le manque de moyens alloués aux forces de l’ordre et leur mobilisation excessive pour le contrôle des Palestiniens, au détriment d’une présence massive sur la voie publique.


Or et selon les observateurs, si les Israéliens sont aussi effrayés par cette vague de violence - un phénomène au demeurant traditionnel durant l’été - c’est parce que la société tout entière est devenue plus brutale. Ces crimes ne sont que la face émergée de l’iceberg. 
Les chiffres montrent que les comportements violents sont d’abord le fait des populations à la marge de la société israélienne : les Arabes, mais aussi les immigrés originaires de Russie et ou d’Ethiopie ou d’ailleurs.
 
Bref, une société qui est raciste et discriminatoire envers  les siens parce qu’ils sont différents de couleur ou d’origines différentes, a peu de chances pour perdurer.

Publié dans Palestine - Israël

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