Islande. Le nuage du volcan Eyjafjöll plus radioactif que Tchernobyl

Publié le par Un monde formidable

Le nuage du volcan Eyjafjöll plus radioactif que Tchernobyl par Hervé Nifenecker est Président d'honneur du collectif  Sauvons le Climat (Source L’Expansion. mercredi 26 mai 2010)

Le volcan islandais Eyjafjöll a rejeté dans l’atmosphère 600 tonnes d’uranium et 1800 tonnes de thorium, selon le calcul d’un scientifique, Hervé Nifenecker. Plus grave : inhaler des cendres volcaniques serait presque trois fois plus toxique que de respirer de l’air chargé de césium 137 soviétique !

La fin du mois d'avril a été marquée à la fois par le 24ème anniversaire de Tchernobyl et le survol de l'Europe par le nuage de cendres du volcan Eyjafjöll. Je me suis demandé combien d'uranium et de thorium était inclus dans les rejets du volcan, et comment ils peuvent être comparés aux retombées de césium (Cs137) consécutives à la catastrophe de la centrale ukrainienne.  L'éruption du volcan islandais a projeté dans l'atmosphère des centaines de millions de tonnes de poussières. Sur le site de l'Institut de volcanologie Islandais, on trouve que 80 millions de m3 de cendres correspondant à 200 millions de tonnes ont été dispersées dans l'atmosphère pendant les 72 premières heures de l'éruption. La concentration moyenne d'uranium dans la croûte terrestre est de 3 grammes par tonne. La concentration en thorium est environ 3 fois plus grande. En utilisant cette concentration, on trouve qu'environ 600 tonnes d'uranium et 1800 tonnes de thorium se sont retrouvés dans l'atmosphère.  Avant de continuer, quelques précisions : pour l'uranium (et ses descendants) le nombre de désintégrations est de l'ordre de 130 millions de milliards par seconde soit 130 Téta-Becquerels. Les effets sanitaires des radiations sont évalués en Sieverts grâce à des facteurs de dose calculés par la Commission Internationale de Protection contre les Radiations (CIPR). Il faut généralement distinguer la radiotoxicité par inhalation du radioélément de celle due à l'ingestion, la durée de séjour du radioélément dans l'organisme dépendant fortement de son mode d'incorporation.

En utilisant les facteurs de dose de la CIPR on calcule le tableau suivant pour les facteurs de risques sanitaires

                                  Ingestion adulte        Ingestion 1 an     Inhalation

Cs137 (Tchernobyl)        7.8×108                 5.76×108       2.76×108

Uranium (Islande)           5.9×106                 1.0 ×107        3.8 ×108

Thorium (Islande)           6.1×106                 1.2 ×107           4.0 ×108

Total (Islande)                1.2×107                 2.2 ×107        7.8 ×108

La radiotoxicité par inhalation des cendres de l'éruption serait donc supérieure à celle due aux retombées de Cs137 du nuage de Tchernobyl mais 20 à 50 fois moins radiotoxiques à l'ingestion.

Pour calculer les risques locaux il faut évidemment connaître la répartition spatiale des retombées. Il est probable que la part principale des retombées aura lieu à faible distance du volcan, en Islande. De même, l'essentiel des retombées du nuage de Tchernobyl a eu lieu en Ukraine et en Biélorussie. Selon les mesures faites par les vulcanologues islandais environ 20% de la masse totale des émissions correspondent à de particules de dimension inférieure à 10 microns.  Il est étonnant que l'ASN n'ait pas jugé opportun de communiquer sur ce sujet alors qu'elle a demandé à l'association « Robin des Bois » d'étudier la « Radioactivité Naturelle Technologiquement Renforcée », soit les cendres de charbon et les phosphogypses.

Que pèsent les 40 kg d'uranium rejetés dans le Rhône lors de l'incident de la SOCATRI devant les 600 tonnes dispersés dans l'atmosphère par le volcan islandais? Le bruit médiatique fait autour de ces rejets est plus qu'inversement proportionnel à leur dangerosité...  En réalité, on ne peut mesurer que très difficilement les effets radioactifs de ce nuage volcanique. Les vents de sable provenant du Sahara transportent aussi des quantités significatives d'uranium et de thorium, et il est donc difficile de faire la part du naturel habituel et du rejet volcanique. En revanche, dans le cas du nuage de Tchernobyl, le Cs137 n'est pas présent ailleurs dans la nature et il a une "signature" radioactive claire sous forme d'un rayonnement gamma spécifique.

Il ne s'agit pas ici d'affoler les populations. Depuis qu'elle existe, l'humanité a été soumise à des aérosols radioactifs sans en être particulièrement affectée. Mais il serait temps de traiter de manière homogène radioactivité naturelle et radioactivité d'origine anthropique, c'est-à-dire liée à l'activité humaine.  Pourquoi s'est-on inquiété de la radioactivité résiduelle due aux retombées du césium de Tchernobyl, sans avoir entendu un mot concernant les retombées du nuage de l'Eyjafjöll ?

Radioactivité du volcan islandais : la note rassurante de l’IRSN par Léa-Sarah Goldstein (Source L’Expansion. mercredi 16 juin 2010)

L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire le confirme : oui, le nuage du volcan Eyjafjöll est bien passé au-dessus la France. Mais, pas d'inquiétude : il était bien trop haut pour que ses cendres radioactives n'affectent significativement le territoire.

Le nuage du volcan Eyjafjöll n’a pas eu de retombées radioactives dangereuses sur le sol français. C’est en tout cas ce qu’il ressort de la note de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), parue le 10 juin 2010. Dans le cadre de sa mission de surveillance journalière de la radioactivité de l’atmosphère, l’institut "a  porté une attention particulière au suivi du panache volcanique au-dessus du territoire français" dont les conclusions sont aujourd’hui rendues publiques.

Selon cette étude, ce sont les conditions météorologiques -peu de précipitations et peu de vent- qui auraient épargné le sol français de retombées de poussières. '"En raison de la dilution des masses d’air, de l’altitude de transport des cendres et de leurs relativement faibles teneurs en uranium et en thorium à l’origine, et de l’absence de précipitations pluvieuses qui auraient pu rabattre les poussières pendant cette période, les résultats de mesures s’inscrivent dans les plages de variations habituellement constatées en France". Ainsi, l’étude montre que le "panache s’est maintenu relativement en altitude (entre 1000 et 2000m) entre le 15 et les 21 avril", distance à laquelle le signal de rétrodiffusion caractéristique de particules volcaniques se perd. L’IRSN accorde cependant que selon les calculs de l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), la première intrusion du nuage au-dessus de la France "aurait pû entraîner ponctuellement un excédent d’empoussièrement de l’ordre d’une dizaine de Hg/m3 et ce, essentiellement sur une portion du territoire allant des côtes normandes à la Forêt Noire".

C’est à Rouen, dans la nuit  du 18 au 19 avril, que  l’empoussièrement  aurait été le plus élevé, "d’environ 10 % 4, soit tout au plus une dizaine de Hg/m3 d’air". Selon l’INERIS, les niveaux d’uranium- 238 et de thorium-232 relevés dans les cendres (2 ppm), et leur "activité volumique portée (…) dans le compartiment atmosphérique au niveau du sol" a représenté environ 1 HBq/m3 pour l’uranium-238 et 0,8 HBq/m3 pour le thorium-232. Soit des niveaux de un à dix millions de fois moins élevés que le niveau en césium-137 le plus élevé mesuré en France lors du passage du nuage de Tchernobyl en avril-mai 1986. 

Publié dans Environnement

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