Hillary, l’inlassable apôtre des droits des femmes

Publié le par Un monde formidable

Hillary, l’inlassable apôtre des droits des femmes par Mary Beth Sheridan (The Washington Post. 27/08/09)

Plus qu’aucun autre secrétaire d’Etat avant elle, Mme Clinton a décidé de faire de la cause féminine une priorité de la diplomatie américaine. 

Au Kenya, elle a parlé de poulets avec des paysannes. Dans l’est du Congo, déchiré par la guerre, elle a écouté les histoires terribles de victimes de viols. Et, en Afrique du Sud, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a visité un ensemble de logements construits par des femmes pauvres et dansé avec une chorale qui scandait : “Heel-a-ree ! Heel-a-ree !” Lors de sa récente tournée de onze jours en Afrique [du 4 au 14 août], Hillary Clinton a clairement montré qu’elle comptait faire des droits des femmes son cheval de bataille et mettre cette cause au cœur de la diplomatie américaine. Elle a l’intention de faire pression sur les gouvernements en matière de violations des droits des femmes et de donner aux femmes une place centrale dans les programmes d’aide américains. Mais ses efforts, qui se déploient bien au-delà des palais gouvernementaux, montrent qu’elle est en train de redéfinir son rôle de secrétaire d’Etat. A l’étranger, elle enchaîne les réunions publiques, les visites de projets de microcrédit et les dîners entre femmes. “Ce n’est rien de plus qu’un effort constant pour donner de la reconnaissance à des personnes qui, chez elles, ne sont parfois même pas connues de leurs dirigeants”, expliquait-elle récemment. “Ma venue leur offre une tribune, ce qui nous permet ensuite d’essayer de changer les priorités des gouvernements.” 



Cette ambition doit néanmoins faire face à de nombreux obstacles. Le système d’aides américain n’est qu’un inefficace fatras de programmes, et certains détracteurs pourraient se demander pourquoi elle se con­centre sur les droits des femmes plutôt que sur le terrorisme ou sur la prolifération nucléaire. Par ailleurs, l’amélioration du sort des femmes dans des pays comme le Congo est compliquée par des problèmes sociaux aux racines profondes. Malgré les efforts de la secrétaire d’Etat pour mettre l’accent sur les problèmes des femmes, c’est sa réponse furieuse à ce qu’elle a considéré comme une question ­sexiste lors d’une réunion publique au Congo que la télévision américaine a retenue de son voyage en Afrique. Un étudiant lui avait demandé l’avis de l’ancien président Bill Clinton à propos d’une question politique locale, s’attirant une réplique cinglante : “Mon mari n’est pas secrétaire d’Etat. Moi, si.” Hillary ­Clinton est la première femme à occuper le poste de secrétaire d’Etat qui a, à l’étranger, cette image d’icône fé­ministe. Elle a ren­contré des femmes pratique­ment lors de chacun de ses déplacements à l’étranger – des étu­diantes ­sud-coréennes, des veuves de guerre irakiennes ou des militantes des droits civiques chinoises. Au cours des cinq premiers mois de son mandat, elle a mentionné le mot “ femme” à au moins 450 reprises lors de ses interventions publiques – deux fois plus souvent que Condoleezza Rice, qui l’avait précédée au poste de secrétaire d’Etat. 



Les actions d’Hillary appuyées par le congrès 



Petit à petit, elle construit un réseau de militantes, de femmes politiques et d’entrepreneuses, notamment à travers l’ONG Vital Voices, qu’elle a contribué à fonder et qui a formé plus de 7 000 di­rigeantes à travers le monde. Elle s’est créé, parmi les femmes des classes moyennes, un grand nombre de fidèles qui ont dévoré son autobiographie. “Elle n’a peut-être pas les mêmes difficultés que nous, mais elle en a aussi ; et elle continue d’avancer. C’est un symbole pour nous”, estime Tara Fela-Durotoye, une femme d’affaires d’Abuja, au Nigeria. L’empreinte de la secrétaire d’Etat est évidente dans des endroits tels que le lotissement Victoria Mxenge, dans les faubourgs du Cap, en Afrique du Sud. Elle avait parrainé, en tant que première dame des Etats-Unis, ce quartier poussiéreux composé de petites maisons aux tons pastel. Lorsque, durant sa récente tournée, son bus a pénétré sur le site de ce projet mené à bien par des femmes, elle a été saluée par une explosion de joie. Une foule de femmes, serrées sur les trottoirs, agitaient frénétiquement les mains. Et une chorale l’attendait devant un centre communautaire décoré de photos de sa précédente visite du lotissement, qui compte désormais 50 000 maisons.

Hillary Clinton a récemment ­promis de placer les femmes au centre des programmes d’aide américains. Une idée saluée par les experts en développement, qui savent que, pour les familles du tiers-monde, les investissements dans l’éducation des jeunes filles, la santé maternelle et la micro­finance destinée aux femmes ont des effets bénéfiques importants. Selon Ritu Sharma, présidente du groupe antipauvreté Women Thrive Worldwide, les résultats de ces efforts sont déjà perceptibles. Les actions d’Hillary Clinton sont appuyées par l’existence du nouveau conseil sur les femmes à la Maison-Blanche, ainsi que par le renforcement du poids des femmes au Congrès. Ainsi, l’aide consacrée aux Afghanes a triplé en 2009, atteignant les 250 millions de dollars [175 millions d’euros], grâce à des élues comme la sénatrice démocrate Barbara Boxer, récemment nommée à la tête de la première sous-commission sénatoriale pour les questions féminines dans le monde, ou la représentante démocrate Nita M. Lowey, présidente de la sous-commission des crédits de la Chambre des représentants pour les opérations extérieures. Lors de ses voyages, la secrétaire d’Etat consacre beaucoup de temps aux manifestations féminines. En Afrique du Sud, une Hillary Clinton manifestement ravie a passé quatre-vingt-dix minutes sur le site du nouveau lotissement, soit deux fois plus de temps qu’avec le président du pays. “Cela nourrit mon cœur, souligne-t-elle. C’est très important pour moi, car la majeure partie de mon travail de secrétaire d’Etat est très formelle. Ici, je rencontre un autre genre de dirigeants."

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