Gaza. Opération "Plomb durci"
Bilan (Source : Guerre et paix. 01/2009)
C’est le bilan des victimes palestiniennes de l’offensive israélienne contre Gaza sans doute le plus complet disponible pour l’instant. Il ne couvre que les cinq premiers jours de l’attaque, du 27 décembre au 31 décembre, soit bien avant le début de l’offensive terrestre qui a débuté samedi soir 3 janvier. Ce bilan recense la quasi totalité des raids aériens menés pendant cette période, avec des précision sur l’objectif et le résultat matériel ou humain.
Dressé par le Palestinian Center for Human Rights, une organisation indépendante, il établissait le nombre de morts à 334, dont 121 civils et 165 policiers, qui peuvent entrer également dans la catégorie des civils selon les experts du droit international, qu’il s’agisse de Human Rights watch ou de B’tselem. Selon ce bilan, le nombre de victimes civils dépasserait donc très nettement celui des victimes militaires. A noter que ces policiers ont été délibérément ciblés dès le début de l’offensive. On peut même se demander si la remise de diplômes, en plein air, n’était pas un moment attendu pour lancer l’offensive. Ce ne sont donc pas “des victimes colatérales”. A côté de la destruction des infrastructures civiles (comissariats, ministères), cela rentre donc clairement dans la catégorie crime de guerre.
Rappel : Sont ainsi considérées comme crimes de guerre les autres « violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux » dans le cadre établi du droit international, l’article 8 cite notamment :
« I) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement part aux hostilités ;
« II) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil, c’est-à-dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires ;
« IV) Le fait de diriger intentionnellement une attaque en sachant qu’elle causera incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil ou des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu ;
« V) Le fait d’attaquer ou de bombarder, par quelque moyen que ce soit, des villes, villages, habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus et qui ne sont pas des objectifs militaires. »
Bilan (Source Le Monde - AFP – Reuters. 04/01/09)
(…) Après huit jours de bombardements par air et par mer, l'offensive terrestre a commencé samedi soir avec la pénétration de chars et soldats dans le nord du minuscule territoire surpeuplé - 1,5 million d'habitants pour 362 km2 -, où ils ont essuyé des tirs de mortier du Hamas. Ils ont aussi bombardé un dépôt de fuel à Beit Lahiya, provoquant un important incendie. Des explosions et échanges de tirs étaient entendus dans plusieurs secteurs, alors que les troupes appuyées par des hélicoptères Apache avançaient. Les combattants palestiniens ont fait exploser des bombes placées au bord de la route à leur passage. Un porte-parole militaire israélien a également fait état d'une forte baisse des tirs de roquettes contre Israël. "Huit roquettes à courte portée et sept obus de mortiers ont été tirés depuis la déclenchement de l'opération terrestre", sans faire de victime, a-t-il indiqué.
Dans un premier bilan officiel israélien, un porte-parole militaire a déclaré que 30 soldats israéliens avaient été blessés dans l'offensive terrestre, dont deux grièvement. Il a catégoriquement nié que des militaires soient morts, démentant un communiqué du Hamas qui affirmait que neuf soldats israéliens avaient été tués. L'armée affirme aussi avoir "tué ou blessé plusieurs dizaines" de combattants palestiniens, alors que le Hamas ne précise pas ses pertes. De nombreux combattants palestiniens ont été blessés, selon des sources médicales palestiniennes, mais les affrontements ont empêché les ambulances d'arriver jusqu'à eux. Un enfant palestinien a été tué et 11 blessés par un tir d'obus de char dans la ville de Gaza, le premier décès recensé de l'offensive terrestre, selon des sources médicales.
"Votre entrée à Gaza ne sera pas une promenade de santé et Gaza sera votre cimetière avec l'aide de Dieu", a affirmé un porte-parole du Hamas, Ismaïl Radwane. Selon la télévision du Hamas, la "résistance a préparé des centaines d'hommes et de femmes pour mener des opérations de martyr [des attentats suicide]". L'armée israélienne a annoncé de son côté que l'offensive terrestre durerait de "nombreux jours", la présidence du Conseil expliquant qu'elle visait à "prendre le contrôle" des secteurs de Gaza d'où sont tirées les roquettes contre Israël. Un "nombre important de forces" participent selon l'armée à l'offensive terrestre, alors que le ministre de la défense Ehoud Barak a signé "un ordre de mobilisation urgente de milliers de réservistes".
Sur un front diplomatique, le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni d'urgence à la demande de la Libye, s'est quitté, dans la nuit de samedi à dimanche, sans être parvenu à se mettre d'accord sur un texte appelant au cessez-le-feu. Depuis le début, le 27 décembre, de l'opération "Plomb durci" destinée à mettre un terme aux tirs de roquettes palestiniennes, au moins 466 Palestiniens dont 77 enfants et 23 femmes ont été tués et 2 360 blessés, selon un bilan de sources médicales palestiniennes. Durant la même période, quelque 500 roquettes palestiniennes tirées de Gaza ont fait quatre morts en Israël et une quinzaine de blessés. Préparant l'offensive terrestre, l'aviation israélienne avait mené des dizaines de raids samedi, tuant au moins 25 Palestiniens, dont 16 dans une mosquée et deux chefs locaux du Hamas, selon les secours palestiniens.
Les appels au cessez-le-feu se sont multipliés dans le monde (Le Monde – AFP. 04/01/09)
Les appels au cessez-le-feu se sont multipliés, dimanche 4 janvier, après le lancement samedi soir d'une offensive terrestre par Israël, condamnée par la France ou la Turquie. La condamnation la plus ferme dans le monde occidental est venue de Paris. Alors que Nicolas Sarkozy se rend lundi et mardi en tournée au Proche-Orient pour tenter de débloquer la situation, la France a "condamné l'offensive terrestre israélienne contre Gaza, comme elle condamne la poursuite des tirs de roquettes".
Alliés indéfectibles d'Israël, les Etats-Unis, qui ont empêché l'adoption d'un texte au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à la fin des combats, se sont simplement prononcés pour "un cessez-le-feu durable", "le plus vite possible", mais qui ne permette pas un retour au statu quo. La présidence tchèque de l'Union européenne a estimé pour sa part que "même le droit indéniable d'un Etat à se défendre lui-même n'autorise pas des actions qui affectent massivement les civils" et appelé à un cessez-le-feu.
La présidence tchèque de l'UE a ainsi rectifié le tir dans la nuit, en revenant sur les premières déclarations du premier ministre Mirek Topolanek, qui avait jugé que l'opération était "défensive et non offensive". Le ministre tchèque des affaires étrangères Karel Schwarzenberg devait se rendre dimanche en tournée au Proche-Orient à la tête d'une mission européenne.