France. Retaites, à quoi sont-ils prêts à renoncer pour donner l'exemple ?

Publié le par Un monde formidable

Retaites par Nathalie Funès (Le Nouvel Observateur. 17-23/06/10)

A l'automne sera discutée au Parlement la réforme d'un système très avantageux pour les parlementaires. A quoi sont-ils prêts à renoncer pour donner l'exemple ?

On ne peut pas demander un effort aux Français sans demander un effort aux parlementaires. » C'est Eric Woerth, ministre du Travail, en personne, qui l'a dit sur les ondes de RTL. En matière de retraite, députés et sénateurs vont devoir se serrer la ceinture. La question est juste de savoir quel « effort » ils seront prêts à accepter. Le paradoxe est en effet cocasse. Les parlementaires, qui éplucheront, à l'automne, le projet de loi gouvernemental sur les retraites, échappent, eux, au régime du commun des mortels. L'âge de départ ? Le nombre d'années de cotisations ? Tout cela se décide entre eux, au sein des bureaux respectifs des deux chambres. C'est un règlement interne qui, depuis 1905, fixe le système des pensions à l'Assemblée et au Sénat.


Et, comme chacun sait, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. «Leurs retraites sont la Rolls-Royce des régimes spéciaux, s'insurge Marie-Laure Dufrêche, déléguée générale de l'association Sauvegarde Retraites. Elles sont bien plus avantageuses que pour les fonctionnaires, les militaires, les pompiers et tous les prétendus favorisés. » Qu'on en juge : pour 1 euro de cotisation, un député touchera, ses vieux jours venus, 6,1 euros de retraite, et un sénateur, 7,4 euros. Presque sept fois plus que beaucoup de salariés du privé (qui perçoivent de 0,87 à 1,51 euro en moyenne) et trois fois plus que nombre de fonctionnaires (de 1,75 à 2,4 euros). L'association Sauvegarde Retraites a fait ses calculs. Si la France devait appliquer, à tous, le régime des parlementaires, ce n'est pas 100 millions d'euros de déficit qu'il faudrait envisager en 2050, mais... 1 000 milliards, dès maintenant.


La recette de pareil rendement tient en une formule magique : la double cotisation. Pendant les quinze premières années de leur mandat, les députés peuvent cotiser deux fois, et encore 50% de plus, les cinq années suivantes. Même principe pour les sénateurs. Au bout de 22,5 petites années, le nombre d'annuités nécessaires pour une retraite à taux plein est atteint. Tous n'arrivent pas à enquiller quatre mandats. Mais un député touche en moyenne 2 400 euros net par mois pour seulement sept années sur les bancs de l'Assemblée. Et son collègue du Sénat, 4 442 euros pour dix ans. Faire une croix sur pareil avantage ? Pas question. « On devient parlementaire à un âge souvent avancé, en renonçant à sa carrière professionnelle et en risquant de se retrouver sur le carreau aux élections suivantes, justifie René Dosière, le Monsieur Propre de l'Assemblée. C'est un CDD et notre système de retraites s'est adapté à ces mandats courts et aléatoires. »


Quel « effort », alors ? Il semble acquis que les élus s'aligneront sur « tout ce qui aura été acté pour l'ensemble des Français», précise Richard Mallié, député UMP, premier questeur à l'Assemblée. Mais guère davantage. Le bureau de l'Assemblée devrait se pencher sur la question en octobre, et celui du Sénat en décembre. Gérard Larcher, président de la Haute Assemblée, souhaite qu'un autre menu avantage soit examiné : celui de « la pension de réversion au conjoint survivant, de 66%, contre 60% pour la moyenne des Français ». En 2003, comme en 2007, lors des précédentes réformes, les parlementaires avaient déjà renoncé à certains privilèges (liquidation de la retraite fixée à 60 ans et non plus 55 ans...). Cette fois, ils sont encore plus sous les feux des projecteurs comme en témoignent les polémiques sur la retraite de Christine Boutin. D'autant, que parmi les représentants du peuple, ce sont eux les mieux lotis. Les conseillers généraux, régionaux, et les maires touchent entre 80 euros et 450 euros par mandat. Les ministres n'ont pas un centime. Et les présidents de la République perçoivent une indemnité fixe de 5 250 euros En cumulant avec d'autres pensions, cela fait un joli magot (voir encadré). Mais ce ne sont pas eux qui plombent les caisses de l'Etat. Ils ne sont que deux...

Les retraites des présidents: 

Jacques Chirac : 18 780 euros: Président de la République : 5 250 euros
Député : 5 030 euros
Magistrat à la Cour des Comptes : 3 500 euros
Conseiller général et maire de Paris : 5 000 euros



Valéry Giscard d'Estaing : 17 030 euros: Président de la République : 5 250 euros
Député : 5 880 euros
Inspection générale : 3 900 euros
Conseiller général et régional : 2 000 euros

Source : Sauvegarde Retraites

 

 

Publié dans Europe de l'Ouest

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