France. Prendre en photo un fonctionnaire de police

Publié le par unmondeformidable

Jean-Philippe Ksiazek, photographe à l'Agence France-Presse (AFP), a été entendu, mardi 23 décembre à Lyon, par l'inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d'une enquête déclenchée par Jacques Gérault, préfet du Rhône, à la suite d'incidents survenus place Bellecour, en marge d'une manifestation de lycéens. Richard Schittly ( Le Monde - 24.12.08)

Le photographe a expliqué en détail comment, mardi 16 décembre en fin d'après-midi, il avait d'abord fait l'objet d'un contrôle d'identité et comment, un peu plus tard, alors qu'il avait montré son brassard et sa carte de presse, deux policiers chargés du maintien de l'ordre l'avaient entraîné fermement à l'écart, alors qu'il prenait des clichés du rassemblement étudiant. Un fonctionnaire lui a arraché son appareil photo et a effacé sa carte mémoire qui contenait une cinquantaine d'images.

Ce geste a provoqué un tollé dans les milieux professionnels. L'intersyndicale et la société des journalistes de l'AFP ont dénoncé une atteinte grave au droit à l'information. "Quand je suis arrivé sur les lieux, je me suis entendu dire : "Aujourd'hui vous ne faites pas de photo !"J'ai eu l'impression d'une consigne", confie M. Ksiazek. Une hypothèse démentie par la direction départementale de la sécurité publique du Rhône. Dès le lendemain de l'incident, une note de service, diffusée dans les rangs policiers, rappelait que les journalistes devaient pouvoir travailler librement.

L'affaire a permis de remettre en mémoire la législation en la matière. La Ligue des droits de l'homme (LDH) a diffusé des textes de loi relatifs à la protection de l'identité et au droit à l'information. En particulier un arrêt de la cour d'appel de Paris du 16 juin 2000 qui indique qu'il est autorisé de prendre en photo un fonctionnaire de police "mêlé de façon impersonnelle" à un événement d'actualité.

Deux jours après cet incident, les photographes de presse ont pu constater un retour à la normale lors d'une nouvelle manifestation de lycéens. "On a travaillé sur un tapis rouge : sur les ondes, on entendait qu'il fallait laisser passer les journalistes", sourit Jean-Philippe Ksiazek. Rompu aux situations tendues, il remarque que la place des reporters se complique en France, "entre les jeunes qui nous traitent de flics et les policiers qui nous regardent de travers".

 

Publié dans Médias

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