France. Extraits de l’intervention de François Fillon au CRIF
Extraits de l’intervention de François Fillon au dîner annuel du Conseil Représentatif de Institutions Juives de France. (Source : Site de France Diplomatie. 3/02/10)
(…) Nous avons décidé d'accroître la spécialisation des magistrats : ceux qui composent les pôles anti-discrimination traitent désormais, en plus des affaires de discrimination, des infractions dont l'antisémitisme est une circonstance aggravante. Cela va permettre d'augmenter l'efficacité de nos magistrats en matière de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Et cela va améliorer la communication entre les juridictions et les représentants des communautés culturelles et religieuses.
Vous avez évoqué, Monsieur Prasquier, le procès des bourreaux de Ilan Halimi. Cette affaire fut un coup de tonnerre : en 2006, un Juif était mort en France parce qu'il était juif. Il n'a pas été victime d'un criminel isolé : pendant plusieurs semaines, de nombreux complices ont été au courant de sa séquestration, y ont participé, l'ont vu maltraité, torturé. Et aucun n'a montré de compassion. Cette indifférence effrayante nous a tous profondément bouleversés.
J'ajoute que, lors du procès, un aspect de la procédure a beaucoup choqué : le fait qu'il ait eu lieu à huis clos, en raison de la présence d'accusés mineurs au moment des faits. Nous avons pris en compte ces réactions légitimes. Ce matin même, la commission des lois de l'Assemblée nationale a adopté une disposition qui modifie la procédure du huis-clos devant la Cour d'Assises des mineurs, en rendant désormais publics les débats, dans le respect de la protection des droits des victimes et des mineurs.
(…) Nous devons rester lucides sur l'incroyable facilité avec laquelle se développent et s'expriment les amalgames les plus odieux. Je pense ainsi à ces scandaleux mouvements de boycott de produits cashers ou israéliens. Je m'étonne du silence, voire de la connivence de certains responsables politiques vis-à-vis de ces démarches révoltantes.
(…) Eduquer, sensibiliser, transmettre, tel est le sens de la proposition, formulée devant vous il y a deux ans par le président de la République, sur l'enseignement de la Shoah en classe de CM2. Une instruction reprenant les orientations du rapport Waysbord a été diffusée et de nouvelles ressources ont été élaborées.
Une base de données sur 11.400 enfants juifs déportés, accessibles aux enseignants, a été développée par le Mémorial de la Shoah. Ces nouvelles ressources ont permis de relancer et renouveler l'enseignement de la Shoah à l'école et d'en rappeler la dimension universelle.
(…) Vous avez, Monsieur le Président, souligné les difficultés de certains de nos concitoyens pour obtenir la délivrance ou le renouvellement d'une carte nationale d'identité. Je comprends pleinement l'émotion des citoyens français concernés. Ces situations sont profondément blessantes. Et pour tout dire, elles sont inadmissibles. L'administration n'est pas là pour créer des contraintes de ce genre. Brice Hortefeux a mis en œuvre les moyens nécessaires pour prévenir ces difficultés. Je tiens à ce qu'elles ne se reproduisent plus.
(…) La France est fière de compter parmi les meilleurs amis d'Israël. C'est de la volonté de renforcer les liens entre toutes les composantes des sociétés française et israélienne, qu'est née la fondation France-Israël. Engagée dans le renouveau de cette fondation, sa présidente Nicole Guedj travaille actuellement au lancement d'une initiative Europe-Israël très prometteuse qui, je l'espère, débouchera sur des initiatives concrètes au cours des prochains mois.
(…) Monsieur le Président, vous avez évoqué Durban II. La lutte contre l'antisémitisme doit être une priorité des Nations unies.
A la Conférence d'examen de Durban en mai 2009, comme je m'y étais engagé devant vous l'an dernier, la France a refusé l'intolérable. A la suite des propos inacceptables du président iranien, les ambassadeurs de l'Union européenne présents ont quitté la salle. Et nous avons obtenu à Genève un document final qui ne stigmatise aucun Etat, et qui consacre en particulier la mémoire de l'Holocauste.
(…) Sur le rapport Goldstone, je sais l'intensité du débat en Israël. La France continue de demander aux parties d'engager un processus d'enquête indépendante sur les allégations de violation du droit international humanitaire durant la crise de Gaza. J'ai pleinement confiance dans la capacité de la grande démocratie qu'est Israël à prendre toute sa part dans l'établissement de la vérité.
En dépit du blocage persistant du Processus de paix, nous ne devons pas renoncer. Des signaux positifs existent, dont nous devons tirer profit :
- la pleine mobilisation des acteurs régionaux et internationaux, et notamment des Etats-Unis,
- le moratoire sur les colonisations annoncé par Benyamin Netanyahou en novembre, même s'il est partiel,
- la présence confirmée de Mahmoud Abbas à la tête de l'Autorité palestinienne et l'engagement de son Premier ministre Fayyad, que je recevais la semaine dernière, à réformer l'Etat palestinien.
Ces éléments ne sont pas suffisants mais ils doivent pouvoir contribuer à la reprise urgente des négociations.
(…) Pour moi, la sécurité d'Israël ne passe pas par un autre chemin que celui de la paix. Notre vision est simple, claire, fondée sur le droit international : un Etat palestinien viable, indépendant et démocratique, vivant en paix aux côtés d'Israël dans des frontières sûres et reconnues, sur la base des frontières de 1967 et conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et à l'Initiative arabe de paix.
Cet Etat palestinien viable est dans l'intérêt des Palestiniens bien sûr, mais aussi d'Israël, de la région et de la paix mondiale. C'est pourquoi la France a pris l'initiative d'organiser la Conférence internationale des donateurs pour l'Etat palestinien à Paris fin 2007, dont un étroit suivi permet de s'assurer de la bonne utilisation des fonds, et de lancer le projet de zone industrielle franco-palestinienne de Bethléem.