France. Droits de l'Homme : la fin d'un alibi médiatique

Publié le par Un monde formidable

Droits de l'Homme : la fin d'un alibi médiatique  Par Valérie Auribault (Source NouvelObs.com | 25.06.09 )

La suppression du secrétariat d'Etat occupé jusqu'alors par Rama Yade ne bouleverse pas les associations de défense des libertés qui jugent que "c'est le devoir d'un gouvernement, d'un Etat tout entier de s'occuper de la question des droits de l'Homme".

Avec le remaniement en profondeur du gouvernement qui a été annoncé, mardi 23 juin, Rama Yade rejoint le ministère des Sports et le secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme est purement et simplement supprimé. Pour la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), c'est "la fin d'un alibi médiatique". "Nous avons toujours contesté l'existence même de ce secrétariat aux droits de l'Homme", rappelle Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH. "Un tel secrétariat était une exception dans le monde puisqu'aucun autre pays démocratique n'a fait de même. C'est davantage le cas des dictatures".

Stéphane Oberreit, directeur d'Amnesty International France, souligne que "c'est le devoir d'un gouvernement, d'un Etat tout entier de s'occuper de la question des droits de l'Homme" et non d'un secrétariat seul et s'interroge sur ses marges de manœuvres. "La France doit rester le porte-voix des droits de l'Homme en Europe et dans le monde", insiste Sihem Habchi, présidente de l'association Ni putes, ni soumises, avec ou sans Secrétariat particulier.

Patrick Baudouin estime que ce secrétariat était "un paravent" pour cacher "la politique répressive" du gouvernement actuel qui cite la législation anti-terroriste qui ouvre la porte à tous les "désastres judiciaires comme le fiasco annoncé de l'affaire Coupat" ou encore "le procès Colonna dont la procédure a été conduite en dépit du bon sens et qui ne peut satisfaire personne". Plus grave encore selon lui, la proposition de Christian Estrosi concernant le délit de réunion des bandes. "C'est extrêmement dangereux", s'inquiète Patrick Baudouin. "Il s'agit de condamner des actes qui pourraient éventuellement être commis mais qui ne sont pas avérés".

Stéphane Oberreit affirme qu'en France, comme à l'étranger, le Secrétariat conduit par Rama Yade n'a rien apporté de particulier. "Nous dénonçons régulièrement, à travers des rapports, les violences policières, les abus et les violations des droits de l'Homme et les bavures graves. Les possibilités de recours pour les victimes sont infimes. Nous dénonçons également la traite des êtres humains et attendons que le gouvernement agisse".

Patrick Baudouin juge qu'en France "la situation est alarmante. Il y a une multiplication des mesures restrictives et répressives des libertés". Il estime que c'est le rôle des partis de l'opposition et notamment du PS de dénoncer cette politique. "Le PS devrait s'activer davantage en faisant œuvre de pédagogie. Mais aussi les associations et la presse. Les médias ne s'intéressent pas suffisamment à ces questions. Il faudrait un véritable sursaut de l'opinion publique", déclare le président d'honneur de la FIDH. "Le gouvernement a choisi la solution de la facilité avec une politique sécuritaire pour flatter l'opinion publique mais il fait l'impasse sur les mesures préventives et choisit de ne pas les aborder", ajoute-t-il faisant référence aux inégalités sociales face à l'éducation et au logement. Des inégalités dont les femmes sont souvent "les premières victimes" comme le rappelle la présidente de Ni putes, ni soumises. "La particularité de la laïcité à la française permet aux femmes d'avoir les mêmes droits que les hommes comparés aux mesures qui accentuent le communautarisme et les différences comme en Grande-Bretagne", explique Sihem Habchi. Le bilan de Rama Yade à la tête du Secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme est "limité", poursuit-t-il. La jeune femme a "avalé toutes les couleuvres", dit-il faisant référence aux voyages présidentiels en Tunisie, en Chine et à la venue en grandes pompes à Paris de Kadhafi en décembre 2007. (...)

Publié dans Europe de l'Ouest

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