France. Chroniques marseillaises (7): bébés cambrioleurs, bracages et plan anti hold-up

Marseille : des bébés cambrioleurs surpris en "flag" Par Romain Luongo (La Provence.18/11/10)

Une quarantaine de garages visités le soir de la fête d'Halloween. Et une dizaine d'autres encore fracturés lundi. Rares sont les semaines sans cambriolage dans les souterrains de la résidence des "Hauts de Mazargues", à La Cayolle (9e ) à Marseille. 

Sur place, les habitants sont à cran. Lundi soir, deux d'entre eux ont réussi à surprendre des voleurs qui tentaient de quitter les lieux avec deux sacs remplis d'une cinquantaine de bouteilles de vin, dérobées dans l'un des box.

"Un voisin venait de me dire qu'il avait vu deux jeunes gens suspects, indiquait l'un de ceux qui sont intervenus. Je suis tout de suite descendu dans le garage et je suis tombé nez à nez avec eux. Ils avaient la marchandise avec eux. J'ai prévenu le propriétaire." Les deux voleurs ont à peine 14 ans. Les deux voisins transformés en agents interpellateurs les maintiennent sur place jusqu'à l'arrivée de la police et sa Brigade de surveillance territoriale dont ils possèdent le numéro de téléphone portable. 

"Nous avons mis ce système en place dans le quartier et cela fonctionne très bien, se félicitait hier un responsable policier. On gagne vraiment en réactivité." Une qualité essentielle, notamment dans cette résidence, où la sérénité n'est plus vraiment de mise. Les vols s'y multiplient de façon sensible. Chaque habitant, comme Alex, le vérifie: "C'est devenu un fléau. Il y a aussi des cambriolages dans les immeubles. Ma moto a disparu dans le week-end. Une voisine a été visitée chez elle à deux reprises cette année. Le soir où je suis allé déposer plainte, le commissariat était plein de gens qui venaient pour la même raison que moi." 

La configuration des lieux favorise ce type de délinquance. La résidence compte plusieurs centaines de box sur deux niveaux, où les passages sont fréquents. Parmi les propriétaires, certains n'hésiteraient pas à employer les grands moyens pour traquer les voleurs. Christophe, l'un des habitants qui part très tôt pour entamer sa journée de travail, peut en témoigner: "Un voisin passe la nuit dans sa voiture garée dans son garage pour trouver un voleur en action. Il y a passé quelques jours." 

Pour l'instant, sa "planque" n'aurait rien donné. Mais ce genre de comportement pourrait conduire à des confrontations explosives, voire à des drames. "Quand je descends, j'ai souvent un couteau sur moi, témoigne un autre voisin. J'ai peur qu'un jour, un coup de fusil résonne dans le souterrain. Cela pourrait arriver plus vite qu'on ne le croit."

Aubagne : spectaculaire braquage au tractopelle (La Provence.10/11/10)

Ce matin, une dizaine d'hommes ont attaqué une société de fabrication de métaux précieux à Aubagne. L'attaque a été lancée à 10h. Les braqueurs, équipés d'un tractopelle, ont détruit une vitre blindée pour accéder aux locaux et faire main basse sur un butin dont le montant n'a pas encore été révélé.

Nouveau braquage à moto dans la galerie de Grand Littoral (La Provence.13/11/10)

Plus qu'inquiétant, le phénomène est carrément effrayant. En moins de quinze jours, deux bijouteries, situées à l'intérieur de la galerie marchande du Grand Littoral, à Saint-Antoine (16e), ont été la cible de braqueurs venus jusqu'à elles… en moto. Mercredi soir, vers 19 h, alors que la galerie était encore noire de monde, quatre individus, cagoulés, casqués et munis d'armes d'épaule, type Kalachnikov, ont déboulé à toute allure sur un gros scooter et une moto de marque Honda. Ils ont roulé jusqu'à la bijouterie "Histoire d'Or", située au premier niveau. Là, alors qu'un malfaiteur tenait le personnel en respect avec son arme, un autre brisait les vitrines à coups de masse. Une fois les bijoux en poche, ils se sont également payé le luxe de braquer une des caissières de Carrefour, ce qui a provoqué des scènes de panique et d'importantes bousculades. Ils sont repartis après avoir abandonné la Honda devant le magasin Leroy Merlin.  La brigade de répression du banditisme (BRB) de la PJ de Marseille ne manquera pas de faire un rapprochement avec un vol à main armée similaire, commis au même endroit, le 28 octobre dernier, au préjudice cette fois de "L'Univers d'Or". Les braqueurs étaient également arrivés à bord de deux motos. Ils étaient repartis avec un butin très important.

Marseille : le plan anti hold-up trébuche sur un braquage à La Valentine  Par Laetitia Sariroglou (La Provence.19/11/10)

"Un plan anti hold-up ? Lancé aujourd'hui ? C'est une blague ?" Une bijoutière de la galerie marchande du Géant Casino de La Valentine aurait pouffé de rire si, quelques minutes plus tôt, à l'ouverture de la galerie vers 9h45, elle n'avait pas vécu la peur de sa vie. 

Trois malfaiteurs armés et casqués sont passés en trombe devant son kiosque et se sont rués dans la bijouterie de la grande surface, située juste à côté des caisses. "J'ai fermé mes rideaux et je suis allée me réfugier chez Micromania", raconte-t-elle. Après avoir brisé les vitrines à coups de masse et s'être emparés des bijoux, les braqueurs ont tenté le coup double. "Ils se sont arrêtés devant chez moi mais l'un d'eux a crié qu'ils n'avaient pas le temps... " A deux pas, la boutique "Histoire d'Or", aussi, a eu chaud. "Heureusement, on avait déjà tiré les rideaux, raconte une employée. Mais le préfet, il est là pour quoi faire ?" Ben oui, au fait ?

"Pour lancer le dispositif policier renforcé, environ 200 CRS dans et aux abords des grandes surfaces, et répondre ainsi à un certain nombre de faits pas tolérables", explique, combatif, deux heures après les faits, Philippe Klayman au directeur du Géant Casino, encore sous le choc de l'attaque, au beau milieu des vitrines du stand de bijoux éclatées par les braqueurs.

Mais qu'on ne se trompe pas. Il ne s'agit pas du "plan Danton", la fameuse arme anti holp-up lancée à l'occasion des fêtes de fin d'année et mise en place le 5 décembre. Non, là, c'est de "l'anticipation". "Parce que les braqueurs ont débuté plus tôt, cette année", observe le préfet. Perspicaces, les malfaiteurs commencent à le connaître, Danton, alors eux aussi, ils anticipent... "Mais si le dispositif était lancé aujourd'hui, ils étaient où les policiers ? " s'étonne une commerçante. En fait, les CRS arrivent à 10h30. "Car on privilégie la surveillance de la fermeture, moment où se déroulent 90% des braquages", confie un policier. Pas de chance.

Et doublement, car les autres fonctionnaires, ceux qui sont là "tout le temps" patrouillent entre le Printemps et le Géant Casino. Et, au moment du braquage, ils étaient... au Printemps ! Profitant de ce --fâcheux-- concours de circonstances, les malfaiteurs ont raflé un beau butin et traumatisé les employées, prises en charge immédiatement par une cellule psychologique. "Mais les braquages ont chuté de 10% cette année, rassure le préfet, en s'adressant cette fois à un bijoutier de la galerie marchande de Bonneveine, où il avait officialisé, un peu plus tôt, le lancement du dispositif, aux côtés de Pascal Lalle, patron de la sécurité publique. Mais, c'est vrai, ils sont plus violents et plus spectaculaires".

Ceux qui ont assisté aux deux hold-up à moto commis récemment à Grand Littoral et à Saint-Antoine, sont encore terrorisés. Mais hier, ils n'ont pas eu droit à "la visite de courtoisie" du préfet. "Bien sûr, j'irai, a promis Philippe Klayman. La semaine prochaine".