France. Chroniques marseillaises (6): gunfight city (suite)

Publié le par Un monde formidable

Un enfant de 11 ans cible de tueurs à Marseille (Reuters. 20/11/10)

Un enfant de 11 ans a été pris pour cible vendredi soir à Marseille dans une fusilladeliée au trafic de drogue, dans laquelle un adolescent de 16 ansa été tué.Le garçon de 11 ans est dans un état grave. Il a été touché par trois balles, au cou, dans une main et dans le dos. "L'enfant était bel et bien visé par les tueurs", a déclaré le procureur de la République Jacques Dallest, cité par LaProvence. "Même si l'enfant de 11 ans faisait le guetteur pour le compte d'un vendeur, c'est incroyable à cet âge-là d'être la cible d'un règlement de comptes", a-t-il noté.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la fusillade s'est produite peu après 22 heures dans la cité Le Clos de la Rose, dans les quartiers du nord de la ville. L'adolescent décédé était connu des services de police. A bord de deux véhicules, plusieurs individus munis d'armes lourdes ont ouvert le feu sur les jeunes de la cité. "Les victimes de règlement de comptes sont de plus en plus jeunes. On peut présumer que les tueurs sont aussi de plus en plus jeunes", a dit à Reuters le délégué à Marseille du syndicat Alliance police nationale, David-Olivier Reverdy.  Les policiers pensent ce nouveau règlement de compte est lié au trafic de stupéfiants dans les cités marseillaises, où les armes de guerre circulent en nombre. L'adolescent tué vendredi soir est la 18e victime de règlements de comptes depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône, et le rythme s'accélère.

Samedi dernier, un homme de 30 ans a été blessé par balles sur la commune des Pennes-Mirabeau, à l'ouest de Marseille. Quarante-huit heures plus tôt, un homme de 22 ans avait été abattu au fusil kalachnikov tout près du lieu de la fusillade de la nuit dernière. L'utilisation de plus en plus fréquente d'armes inquiète les policiers, impuissants à enrayer leur prolifération. "Le fort taux de pénétration de ces armes dans les cités fait qùon s'y promène avec une kalachnikov", dit le représentant syndical, selon qui les armes arrivent de pays d'Europe de l'Est par voies maritime et terrestre et sont disponibles à un prix très bas.

 

Règlement de comptes à la kalachnikov dans le village des Pennes (La Provence.15/11/10)

Une nouvelle tentative de règlement de compte a eu lieu samedi soir aux Pennes-Mirabeau, vers 22h30. Un homme d'une trentaine d'années a été pris pour cible à la kalachnikov, sur la place Victorin du village. La victime a reçu deux balles dans le dos avant de prendre la fuite. Il a été hospitalisé et ses jours ne seraient pas en danger. Cet homme serait connu des services de police.

Selon les premiers élements de l'enquête, cette tentative de règlement de comptes n'aurait pas de rapport avec celle de jeudi dernier à Marseille et s'inscrit probablement dans une affaire de trafic de stupéfiants.

La fusillade s'est déroulée à une dizaine de mètres à peine de l'ancien commissariat des Pennes-Mirabeau , un bâtiment imposant, transformé depuis plusieurs années déjà en simple unité de police. "Concrètement, cela signifie qu'on a deux fonctionnaires derrière un bureau, qui ne sortent que pour mettre des PV de stationnement...", se désole un habitant de cette commune de 20000 âmes, gagnée peu à peu par l'insécurité et les trafics en tous genres. 

"Jusqu'à présent, nous subissions essentiellement une délinquance importée des quartiers Nord de Marseille; désormais, nous sommes aussi confrontés à une délinquance locale", commentait hier Michel Amiel, le maire de la commune. Lui aussi déplore le manque d'effectifs policiers, d'autant qu'un nouveau projet de regroupement police-gendarmerie sur Vitrolles devrait réduire encore la présence policière sur les Pennes, Cabriès et Septèmes.

Marseille : un jeune homme exécuté à la kalachnikov devant ses amis (La Provence.12/11/10)

Une exécution. Un assassinat de sang froid, comme dans un documentaire sur les guerres des gangs à San Salvador ou Bogota. La scène s'est pourtant déroulée hier soir, à 22h, dans le quartier de la Rose, à Marseille. Le garçon, 22 ans, se trouvait au milieu d'un groupe d'une dizaine d'amis, sur le trottoir de l'allée des Chardonnerets, dans un secteur plutôt pavillonnaire, lorsqu'il a été surpris par les tueurs. Il ne se doutait manifestement de rien. Aucune arme n'a été trouvée sur lui.

Ceux qui l'ont assassiné ne lui ont laissé aucune chance d'en réchapper. Lorsque la Volkswagen Golf s'est immobilisée devant les jeunes gens, un homme est presque paisiblement descendu, le visage masqué par une cagoule. Avec son fusil-mitrailleur, de type kalachnikov, il a fait signe à tous ceux qui se trouvaient autour de sa cible de s'écarter. Sans prononcer un mot, il a alors lâché une rafale d'une dizaine de cartouches de calibre 7.65 sur la victime, presque à bout portant, qui s'est écroulée sur le trottoir, mortellement atteinte.  Le bourreau a aussitôt regagné le véhicule, qui a engagé une marche arrière pour sortir de cette voie sans issue. Dans la manoeuvre, le conducteur a percuté l'un des membres du groupe, âgé de 16 ans, qui aurait été traîné sur quelques mètres. Transporté à l'hôpital par les marins pompiers, son état n'inspirait pas d'inquiétudes à l'heure où nous mettions sous presse.

Les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire, ainsi que le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest, se sont retrouvés sur les lieux, pour procéder aux premières constatations. Selon le magistrat, l'hypothèse d'un différend lié à un trafic de stupéfiants serait la plus plausible: "La victime était connue pour de menus délits. Il y a sans doute un contexte de trafic de drogue. Cet endroit semblait connu pour abriter un 'plan' de résine de cannabis. Nous allons essayer de reconstituer ses fréquentations. C'est une affaire tristement banale à Marseille."  Après une flambée du nombre de règlements de comptes, durant tout l'été, notamment dans le milieu du banditisme de cité, les armes s'étaient tues, jusqu'à ce nouvel assassinat. Les nombreux témoins de la scène devraient pouvoir apporter des éléments importants pour élucider ce meurtre, aux frontières de la barbarie. 

Publié dans Afrique de l'Ouest

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