France. Chroniques marseillaises (2): des différentes manières de faire de la politique: grandes gueules, pagnolades et féodalité
Alexandre Guérini et Renaud Muselier à deux doigts d'en venir aux mains par Denis Trossero (La Provence. 28/03/2010)
C'est l'histoire d'une altercation entre Alexandre Guérini et le député des Bouches-du-Rhône Renaud Muselier, qui a failli faire oublier la "visite privée et technique" du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand à Marseille autour de "Marseille-Provence, capitale européenne 2013".
Hier, 12h30, sur la terrasse du Cercle des Nageurs de Marseille, aux Catalans. Alexandre Guérini, chef d'entreprise et frère du président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, croise le député UMP Renaud Muselier. Très vite, le premier prend à partie le second. Provocation, noms d'oiseaux, injures et menaces fusent. Plusieurs témoins sont présents. "C'est toi qui as fait la lettre !", lance Alexandre Guérini au député, qu'il accuse d'être à l'origine du courrier anonyme qui a saisi les autorités judiciaires dans l'affaire de l'information ouverte contre X sur des entorses présumées aux marchés publics. Renaud Muselier s'en défend. Nul ne sait d'ailleurs qui est le véritable rédacteur de ces missives. Les deux hommes n'en viendront pas aux mains, mais on n'en est pas passé loin. Alexandre Guérini, qui a fait l'objet de plusieurs perquisitions, a sans doute négligé que Renaud Muselier est ceinture noire de karaté !
Pour l'heure, le député UMP n'a pas déposé plainte, mais l'information est remontée au plus haut niveau. Le procureur de Marseille, le préfet de police et même le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux ont été avisés. "C'est la première fois que je suis menacé en direct", déplore Renaud Muselier. Quant à Alexandre Guérini, nous n'avons pu le joindre, son téléphone portable sonnant immuablement occupé. En grand sportif, il avait enchaîné quelques longueurs de bassin.
Mariani : " Moi, j'ai dit Sarkozy m'a pris pour un con ?" (Source : La Provence. 26/03/2010)
Après l'annonce par Nicolas Sarkozy d'un remaniement a minima où Thierry Mariani n'avait pas sa place, la tête de liste UMP pour les régionales en Paca s'en est pris au président de la République selon Libération et le Canard enchaîné. Le premier rapportant un : "On a l'impression que plus on lui crache à la figure, plus il aime ça !". Le second un : "Plus tu lui craches à la gueule, plus il t’aime ! Je m’aperçois que, comme beaucoup d’autres, Sarkozy m’a pris pour un con." Des déclarations que le député du Vaucluse ne dément que très partiellement !
L'étonnante présidence de Jean-Noël Guérini (Source : Objectif Méditerranée n°108)
L’information a surpris. Mieux même, elle est révélatrice d’une guerre de positionnement au sein de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône dont la dénégation officielle encourage un peu plus au décryptage.
Ainsi donc, à l’unanimité, les membres du conseil fédéral ont-ils désigné Jean-Noël Guérini au poste de président de la fédération départementale. Certes, Monsieur Guérini n’est pas n’importe qui, il est même la figure de proue socialiste dans le département. Mais c’est le titre de président qui surprend. « A ma connaissance, c’est le seul président de fédération que je connaisse au PS », assure un observateur bien avisé.
Pourquoi Jean-Noël Guérini se réinvestit-il de manière aussi spectaculaire ? Le travail mené par Eugène Caselli, premier secrétaire fédéral et président de Marseille Provence Métropole, qui conserve son poste, le déçoit-il ? Officiellement, non. Dans les discours, on parle de « talent » de l’un et de « l’amitié » pour l’autre. Mais une telle installation présidentielle n’est pas anodine. Ces derniers temps, face aux difficultés judiciaires rencontrées par le président du CG13, la perspective d’une mise en quarantaine forcée de Jean-Noël Guérini a actionné la machine classique en politique des scénarii de substitution.
Ici ou là, certains ont perçu Eugène Caselli comme une solution à la Vigouroux pour 2014, un certain panache en plus du côté d’un Caselli effectuant un sans-faute à la tête de MPM. L’activisme de Patrick Mennucci, son talent oratoire, sa connaissance de plus en plus fine des dossiers, sa capacité à fédérer l’opinion publique dans son rôle essentiel de maire du premier secteur de Marseille, a conforté l’idée qu’il n’était pas qu’une simple doublure et qu’il avait la carrure, tôt ou tard, pour briguer le poste de maire de tous les arrondissements marseillais.
Oui, mais voilà, il y a Jean-Noël Guérini. Ce dernier est et restera une énigme. Peu à l’aise dans le rapport aux journalistes, moins présent dans les médias, il avait à l’évidence besoin de réaffirmer sa primauté. En se taillant un poste symbolique à la mesure de son influence, en faisant voter à l’unanimité le conseil fédéral, en relançant une Marie-Arlette Carlotti avec laquelle il était en froid depuis les municipales de 2008, en fédérant autour de lui les caciques du PS, il passe un message subliminal : rien ne se fera sans lui et si certains ont eu la légèreté de penser le contraire, ils doivent déchanter.
Sylvie Andrieux va bientôt pouvoir s'expliquer (Source: L'Observateur méditerranéen. 26/03/10)
Le juge Franck Landou aura au moins eu la délicatesse d’attendre la fin des élections régionales pour ne pas influer indirectement sur l’issue du scrutin. Mais la lettre de demande de la levée de l'immunité parlementaire de Sylvie Andrieux, députée socialiste des Bouches-du-Rhône, était visiblement rédigée depuis quelques jours. Elle aurait été adressée en début de semaine au parquet, qui l'a transmise au parquet général d'Aix-en-Provence. La Chancellerie l’expédiera ensuite au bureau de l’Assemblée nationale pour qu'elle soit soumise au vote des députés.
Cette demande de levée d’immunité parlementaire de la députée est faite « en vue de son audition sous le régime de la garde à vue et d'un éventuel placement sous contrôle judiciaire ». Un tel contrôle judiciaire entraînerait une mise en examen. Peu avant l'été 2009, Sylvie Andrieux avait souhaité être reçue par le juge, qui n’avait pas donné suite. La députée avait été mise en cause dès l’été 2008 lorsque l’organisme Tracfin, qui traque les délinquants financiers, avait identifié des circulations de subventions douteuses au conseil régional, dont le montant serait de 700 000 €. Cet argent aurait atterri sur les comptes d’associations décrites comme des « coquilles vides » et aurait servi à arroser des familles influentes des quartiers nord afin d’assurer l’élection de Sylvie Andrieux. Cette dernière avait alors assuré qu’elle n’avait rien à voir avec cette histoire et que l’attribution des dites subventions relevait de responsables administratifs.
En juillet 2009, deux anciens cadres du conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, Franck Dumontel, ex-directeur de cabinet de Michel Vauzelle, et Jules Nyssen, ex-directeur général des services, ont été mis en examen par le juge Franck Landou pour « complicité de détournement de fonds publics ». Ils avaient été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec pour seule obligation de ne pas rencontrer les autres mis en cause dans le dossier. Fin 2008, la Région s'est portée partie civile dans cette affaire, Michel Vauzelle assurant avoir alerté le procureur dès qu’il avait eu connaissance de ces subventions suspectes.
Une chose est certaine : le juge Landou a décidé d’accélérer le pas sur ce dossier et les éclaircissements tant attendus ne devraient pas tarder à être révélés au grand jour.