France. Burqa, machisme et désir sexuel

Publié le par Un monde formidable

Burqa, machisme et désir sexuel propos recueillis par Jean-Marcel Bouguereau (Le Nouvel Observateur)

Comme Elisabeth Badinter, Chantal Crabèreinterpelle les femmes portant la burqa et pose la question de sa dimension sexuelle : «Vous nous parlez de pudeur, mais redoutez-vous à ce point le désir sexuel des hommes, et craignez-vous que la vue d'un cheveu qui dépasse les transforme en prédateurs ? Non, les musulmans sont pour la plupart des hommes très respectables. Donc ça n'est pas cela. Faites-vous un concours, cherchez-vous à être distinguée comme la meilleure musulmane de France, celle qui en fait le plus, surtout dans l'accoutrement ? Mais un proverbe français dit très justement : «L'habit ne fait pas le moine», car votre pudeur a bon dos, vous cherchez surtout à vous faire remarquer et c'est tout le contraire de la pudeur.»

 

Et Jean Bérard poursuit : «Pour quoi, diable, sont-ce les femmes, et uniquement les femmes, qui doivent cacher sous ce linceul leur chevelure, leur visage et leur corps ? Pourquoi les hommes, eux, peuvent-ils librement se pavaner en T-shirt, jeans ou bermuda, sans couvre-chef la barbe et les cheveux au vent ?... La réponse est dans le machisme absolu des premières sociétés, soutenu et structuré ensuite par les religions, qui ont fait de la femme (Eve !...) un être inférieur, issu «en seconde main» du Premier Homme, un être incarnant la tentation, la séduction, la voie vers le Péché et le Mal. Les fondateurs des religions semblent avoir eu (et leurs successeurs ont encore !) des problèmes gigantesques avec le corps des femmes et la sexualité (non au mariage des prêtres, pas de femmes dans la hiérarchie cléricale, non au plaisir, oui à la seule reproduction). Souvenons-nous aussi que le corps et la chevelure des soeurs étaient naguère entièrement recouverts par les robes et les cornettes. A l'évidence, ces moralistes d'antan auraient dû bénéficier - si ces traitements avaient alors existé - d'un suivi psychologique, voire d'une cure psychanalytique complète : les relations hommes-femmes, et la condition féminine, en auraient été, depuis des siècles, grandement améliorées.»

 

Pour Christian Vezon, «dans les pays où tout est interdit, le désir sexuel est exacerbé, j'y ai vécu toute ma jeunesse, la «jalousie sexuelle» est omniprésente dans tous les gestes et regards. Un homme qui «possède» une femme ne tolère même pas qu'un autre homme, en la regardant, puisse avoir une appréciation sexuelle sur elle. Comme nous, Occidentaux, quand nous voyons une belle femme et, en notre for intérieur, nous avons quelque pensée égrillarde et rabelaisienne sur ses appas visibles et cachés. Nous avons admis que l'intention ne vaut pas action. Pour certains, ce genre de pensées impures ne peut être déclenché que par la femme elle-même, donc il faut la cacher, on lui met une burqa quand elle sort car, souvent, elle est cloîtrée derrière de hauts murs, des volets fermés (ce n'est pas nous qui avons inventé le moucharabieh). (...) Mais je suis optimiste quand je vois des pays comme l'Iran, cité comme le pays référence, le pays des ayatollahs. La télévision nous montre ces jeunes femmes manifestant leur désir d'égalité, souvent très belles, un carré de tissu élégant posé négligemment sur leurs cheveux au vent. Ceci est, pour moi, la vision sereine d'un islam justement compris, tolérant.»    

Publié dans Religions

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