France. A la prison d'Aix, le Nutella le plus cher de France
A la prison d'Aix, le Nutella le plus cher de France Par Anthony Jammot (La Provence. 02/08/2010)
On savait que les détenus n'étaient pas tous logés à la même enseigne en matière de locaux selon l'établissement pénitentiaire dans lequel ils purgent leur peine. On savait peut-être moins que le prix d'un petit plaisir, simple comme l'achat d'un pot de Nutella, pouvait varier du simple au double selon que la gestion du centre de détention en question est assurée par l'État ou déléguée à une entreprise privée. Selon un rapport que la Cour des comptes vient de rendre public [1], des disparités de prix importantes subsistent depuis la dernière enquête datant de 2006, entre les produits vendus dans les cantines des prisons.
Parmi les aliments choisis pour établir les comparaisons, la plus célèbre des pâtes à tartiner. À la prison en gestion privée de Luynes, près d'Aix-en-Provence, les 400g de Nutella reviennent à 4,16€, contre 2,63€ pour l'établissement public des Baumettes, à Marseille. Pour base, le prix commun dans le commerce se chiffre à 2,34€. Mais là où le bât blesse le plus, c'est quand on se penche sur les autres produits de confort vendus dans ces cantines : pour le même prix, un détenu à Marseille pourra acheter 10 rasoirs, quand il n'en aurait que 7 à Luynes. Même chose pour la bouteille d'eau minérale, vendue 30% plus chère dans l'établissement privé... et 50% plus cher que dans le commerce. La Cour des comptes dénonce des "marges anormalement élevées" et préconise l'instauration de "contraintes" pour harmoniser les prix avec le service public lors du renouvellement des marchés de délégation aux sociétés privées.
Du côté de la société Idex, qui gère la prison de Luynes, on se refuse à tout commentaire sur cette question. En revanche, dans sa réponse adressée à la Cour, la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, promet d'"harmoniser les prix des produits et services commercialisés" auprès des détenus des prisons privées françaises, mais également d'"assurer un niveau général des prix équivalent à celui constaté dans le commerce". À l'appel du ministère de la Justice, les administrations pénitentiaires sont invitées à constituer un catalogue national des produits et des prix proposés en cantine afin d'appliquer ces nouvelles règles à partir du 1er trimestre 2012. Dommage qu'il ait fallu en passer par une mise à l'index par la Cour des comptes pour arriver à ce qui n'est que logique...