Église catholique - Si les autorités vaticanes me demandaient conseil
Église catholique - Si les autorités vaticanes me demandaient conseil Par Marie M. Fortune - Théologienne, révérende et fondatrice du Faith Trust Institute de Seattle, l'auteure a signé plusieurs ouvrages sur la violence domestique, sexuelle et ecclésiale, dont Sexual Abuse in the Catholic Church et Is Nothing Sacred?.
Si les autorités vaticanes me demandaient conseil pour résoudre la situation actuelle — ce qu'elles ne feront pas —, je leur proposerais les dix étapes suivantes vers la justice et la guérison:
- Les mots sont importants, mais c'est à ses actions qu'on jugera l'Église. Toute personne qui était au courant de la situation et n'a rien fait — ou qui était au courant et a dissimulé les faits — ne devrait plus occuper de position d'autorité ecclésiale. Une reddition de comptes de chaque évêque et administrateur en cause serait parlante.
- Cessez de vous attendre à quelque sympathie de vos ouailles; vous n'en méritez aucune.
- Abandonnez votre attitude défensive et cessez de vous plaindre que la couverture médiatique constitue un «prétexte pour s'en prendre à l'Église». C'est vous qui avez créé ce problème en ne réagissant pas aux témoignages sur les agressions subies et en tentant de les dissimuler au lieu d'en prendre acte.
- Arrêtez d'exprimer de la sympathie pour les évêques qui ont dissimulé des agressions commises contre des enfants dans le but de protéger la réputation de l'Église. Ces hommes ont sacrifié des milliers de jeunes et déclenché un échec de l'institution qui menace aujourd'hui l'avenir de l'Église.
- Avouez vos torts, reconnaissez les défaillances du système et dites-nous ce que vous faites pour le réparer. Rappelez-vous que le repentir, selon Ézéchiel, signifie «se faire un coeur nouveau et un esprit nouveau».
- N'utilisez jamais en référence à quelque aspect de la situation actuelle le passage de l'Évangile sur une femme accusée d'adultère dont Jésus a dit: Que celui qui n'a jamais péché lui lance la première pierre. Voyez plutôt les paroles de Luc 17,1-2: «Il est impossible qu'il n'arrive des scandales, mais malheur à celui par qui ils arrivent. Il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mît au cou une meule de moulin, et qu'on le jetât dans la mer, que s'il scandalisait un de ces petits.» Jésus prenait au sérieux le principe de reddition de comptes; vous devriez faire de même.
- Si vous êtes sérieux, mettez sur pied une commission pour enquêter réellement sur ce problème et recommander des changements d'ordre structurel, car ce problème est d'ordre structurel. Assurez-vous d'y inclure des non-évêques et des non-catholiques ayant une expertise réelle de ces enjeux.
- Arrêtez de prétendre «protéger» l'institution ecclésiale en esquivant les victimes et les survivantes et survivants de ces agressions. Votre tout premier mandat est pastoral, et ce sont là vos ouailles. Tout ce que ces personnes exigent est la justice et la guérison, et elles sont en droit de s'attendre à l'une et l'autre de leur Église. En fait, ce sont vos réactions défensives dictées par des avocats qui ont profondément ébranlé l'institution ecclésiale. Vous avez compromis l'intégrité de l'Église et amené plusieurs personnes à remettre en question leur foi.
- Rappelez-vous que ces personnes n'attendent pas de nous la perfection, mais la fidélité à nos principes.
«Relevez donc vos mains languissantes et dirigez vos pas dans la voie droite, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse.» (Hébreux 12,12.) Alors donnez-moi donc un coup de fil, Benoît XVI, pour parler de tout cela.