Côte d'Ivoire. Disparition de Guy André Kieffer: quand Gbagbo se braque
Quand Gbagbo se braque. (Source: L'Observateur. Ouagadougou. 13/12/ 2009)
(...) La Côte d’Ivoire officielle peine à retrouver les traces de l’indésirable qui, en vie, aurait jeté en pâture les artisans de ces malversations mafieuses qui peuplent en ce siècle nouveau le pays d’Houphouët.
Souffrez donc de savoir que les enquêtes des juges français Patrick Ramaël et Nicolas Blot incitent et mettent le premier Ivoirien en transe, toutes les fois qu’apparaissent au nombre des suspects sérieux les noms de ... Simone Gbagbo, la première dame ; Paul Bouhoun Bouabré, ministre du Plan ; Bertin Kadet, ancien ministre de la Défense ; Jean Tony Oulai ; Michel Legré ; Seka Yapo Anselme ; Patrice Baï, l’ancien patron de la sécurité présidentielle, et nous en oublions.
Laurent Gbabgo a beau, et depuis les cinq années que ça dure, crié à la politisation de cette affaire, tous les chemins semblent mener à son palais et aux escadrons de la mort, nous instruisant que dans les secrets d’Etat, chacun peut avoir un cadavre dans le placard. En tous les cas, sa boutade sur France 24, le 2 décembre dernier, peut être comprise comme un aveu pour qui veut bien comprendre. “La Côte d’Ivoire fait son possible pour le retrouver, mais la justice française veut utiliser l’affaire comme un instrument politique. Alors, là, je dis non et je me braque”.
Et pourtant, Patrick Ramaël et Nicolas Blot refusent de s’avouer vaincus, eux qui viennent d’introduire une requête d’entraide judiciaire à la Cour pénale internationale (CPI) sur la disparition de Guy André Kieffer. Requête qui viserait à savoir si la CPI dispose d’éléments impliquant les illustres dignitaires ivoiriens ci-dessus cités dans cette affaire.
Mais, en attendant, le “fouineur” franco-canadien aura vécu, laissant le goût amer d’avoir été sacrifié sur l’autel des intérêts franco-ivoiriens, comme peut en témoigner l’effacement de cette faramineuse dette qui commençait à freiner la progression de la locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest. Et c’est de bonne guerre, si le locataire du palais de Cocody voue aujourd’hui aux gémonies son ancien homologue français, Jacques Chirac, et son ministre des Affaires étrangères, Dominique De Vilepin, “qui en faisaient trop”. Evangile selon Saint Gbagbo.