Cartes pour un monde plus équitable
Carte pour une terre solidaire. (Fondation Lilian Thuram) http://www.thuram.org/site/mediatheque/multimedia/
Les cartes que nous utilisons généralement placent l’Europe en haut et au centre du monde. Elle paraît plus étendue que l’Amérique latine alors qu’en réalité elle est presque deux fois plus petite : l’Europe s’étend sur 9,7 millions de kilomètres carrés et l’Amérique latine sur 17,8 millions de kilomètres carrés.
Cette carte questionne nos représentations. En effet, le géographe australien Stuart McArthur, en1978, aplacé son pays non plus en bas et excentré, mais en haut et au centre.
Cette carte résulte aussi des travaux de l’Allemand Arno Peters, en 1974, qui a choisi de respecter les surfaces réelles de chaque continent. Il montre, par exemple, que l’Afrique, avec ses 30 millions de kilomètres carrés, est deux fois plus grande quela Russiequi compte 17,1 millions de kilomètres carrés. Pourtant, sur les cartes traditionnelles, c’est le contraire…
Placer l’Europe en haut est une astuce psychologique inventée par ceux qui croient être en haut, pour qu’à leur tour les autres pensent être en bas. C’est comme l’histoire de Christophe Colomb qui « découvre » l’Amérique, ou encore la classification des « races » au xixe siècle qui plaçait l’homme blanc en haut de l’échelle et les autres en bas. Sur les cartes traditionnelles, deux tiers de la surface sont consacrés au « Nord », un tiers au « Sud ». Pourtant, dans l’espace, il n’existe ni Sud ni Nord. Mettre le Nord en haut est une norme arbitraire, on pourrait tout aussi bien choisir l’inverse. Rien n’est neutre en termes de représentation. Lorsque le Sud finira de se voir en bas, ce sera la fin des idées reçues. Tout n’est qu’une question d’habitude.
Pour se procurer la carte Peters-Mac Arthur, adressez-vous au CCFD-Terre Solidaire, 4 rue Jean Lantier, 75001 Paris, 01 44 82 80 00 ou à nos délégations en région (adresse sur le site web http://ccfd-terresolidaire.orgonglet « Dans votre région
La projection Gall-Peters, pour un monde plus équitable
La projection de Peters est une projection cartographique, qui contrairement à la projection de Mercator, tente de prendre en compte la taille réelle des continents. La projection de Mercator, du fait qu'elle est perspective, a tendance à faire apparaître plus grands les pays et continents des zones tempérées aux pôles. Ainsi, dans la projection de Mercator, le Groenland apparait plus grand que le continent africain, alors qu'il est de 14 à 15 fois plus petit.
La projection de Peters est une projection qui maintient la proportion entre les surfaces sur la carte et les surfaces réelles. Ainsi, les rapports entre les surfaces des pays sur la carte correspondent au rapport de leurs surfaces réelles (l'Afrique apparaît bien 14 à 15 fois plus grande que le Groenland) (...)
(...) En 1973, le cartographe allemand Arno Peters critiqua la projection de Mercator, en la stigmatisant pour surreprésenter les surfaces des pays riches au détriment des pays pauvres. Il propose alors une nouvelle projection en décalant les longitudes de 45 degrés vers le sud, tout en gardant les latitudes en place. Il obtint donc une projection qui maintient la proportion entre les surfaces sur la carte et les surfaces réelles.
Ce n'est pas une illusion, le continent africain est immense, et l'Amérique du Sud (17 840 000 km²) regagne l'importance que la carte Mercator lui fait perdre par rapport à l'Amérique du Nord (22 080 000 km²).
Cette carte devint un outil très apprécié des tiers-mondistes (devenus les altermondialistes) cherchant le rééquilibrage des inégalités entre les pays du monde. Elle offre une nouvelle lecture en démontrant que les pays du Sud ont un poids beaucoup plus important qu'on peut le penser sur notre planète. Au contraire de la projection Mercator, nous voici devant un exemple concret d’utilisation intentionnelle d’un type de représentation cartographique du monde à des fins politiques, et dans le sens d’un monde plus équitable.(...)
Par ailleurs cette carte n’est finalement pas plus juste, au sens de l’analyse cartographique, que la projection Mercator. Elle a l’inconvénient d’écraser les distances et les directions, de même que les surfaces perçues des pays en direction des pôles. En somme le monde n’a pas cette forme là, il ne faut donc retenir que son message principal et donc la comparaison des surfaces réelles des continents.
Projection de Fuller
La projection de Fuller de la Terre est la projection cartographiqued’une carte sur la surface d’un polyèdre. Elle a été créée par Richard Buckminster Fuller, en 1946 pour une projection sur un cuboctaèdre et sur un icosaèdre en 1954. Les 20 triangles peuvent être positionnés différemment, cette carte n’ayant ni haut ni bas.
En anglais, elle est nommée Dymaxion map. Dymaxion est l’acronyme de « dynamic maximum tension » utilisé par Richard Buckminster Fuller pour plusieurs de ses inventions.
Selon Fuller, sa projection présente de nombreux avantages par rapport à d’autres projections. Elle présente moins de déformations notamment par rapport aux projection de Mercator et Projection de Peters. Elle ne présente pas de biais culturel, le Nord n’est pas en haut, ni le Sud en bas. C’est la représentation d’une île unique dans un océan unique
La vraie taille de l'Afrique
l'Afrique est plus grande que l'Europe, les Etats Unis et la Chine, le Japon et l'Inde ! Cette carte de Kai Krause remet les idées en place et la taille du continent africain où elle doit être. Petit bémol sur cette représentation pas complétement exacte puisqu'il manque les 1,7 M de Km2 de l'Alaska (c'est pas rien!) inclus dans le territoire étatsunien.
Kai Krause remarque qu' «En plus des problèmes sociaux bien connus de l'analphabétisme et l'illettrisme, il y aura également un concept comme" immappancy ", ce qui signifie manque de connaissances géographiques"
Immappancy de map = carte, pourrait peut être être traduit par dyscartographie (un néo-néologisme) , comme une sorte de "maladie" qui consiste à croire que l'endroit où l'on vit est plus grand ou plus peuplé qu'ailleurs... Une des plus grande victime de cette vision éminemment dominante est bien sur le continent africain, l'Amérique du Sud n'est pas en reste.