Canada. Métis, communauté franco-indienne du Manitoba et du Saskatchewan.
Métis/ Communauté franco-indienne du Manitoba et du Saskatchewan. Par François Hameau (Source: Larousse. 24/05/2009)
Les Métis du Canada, issus de mariages entre des marchands de fourrures français et des femmes crees ou chippewas, avaient développé une civilisation originale. En 1885, au Saskatchewan, conduits par Louis Riel, ils prennent les armes afin de préserver leurs terres et leur culture menacées par l’afflux des colons anglais. Le nom de "Métis", avec une majuscule, est réservé aux communautés franco-indiennes du sud du Manitoba et du Saskatchewan, tandis que le mot "métis", avec une minuscule, désigne toutes les personnes d’origine ethnique mélangée.
UNE CIVILISATION ORIGINALE
Dès le XVIIè siècle, le commerce de la fourrure avait pris une très grande importance dans l’économie, la vie sociale et culturelle des nations indiennes du Canada. Ce commerce était dans les mains des Français qui, sur leurs canoës, visitaient les villages indiens où ils recueillaient les fourrures, en particulier des peaux de castor, qu’ils échangeaient contre des marchandises européennes, fusils, étoffes, outils, ustensiles ménagers, perles, alcool. Certains de ces marchands s’établissaient chez les Indiens où ils prenaient femme. Les descendants de ces unions ont formé ces communautés de Métis fortes de plusieurs milliers de personnes, dont les principales étaient établies au début du XIXè siècle le long de la Red River dans le sud de la province du Manitoba. Les Métis avaient développé un mode de vie original, prospère et bien équilibré, ayant réussi à faire une heureuse synthèse des cultures blanches et indiennes dont ils étaient issus. Ils cultivaient et élevaient du bétail, mais néanmoins pêchaient, chassaient et piégeaient. Ils vivaient dans des cabanes de rondins, mais passaient une partie de l’été sous des tipis. Ils parlaient français mais connaissaient la langue des Crees, ils étaient catholiques mais pratiquaient des rituels indiens. Depuis la fin du XVIIIè siècle, les Métis avaient pris l’habitude de se rendre aux Etats-Unis afin de porter leurs fourrures jusqu’au marché de Saint Paul, au Minnesota. En 1849, des Métis avaient été arrêtés par les autorités anglaises et accusés de contrebande. Les Métis avaient manifesté violemment à Winnipeg pour le maintien de la liberté du commerce avec les Etats-Unis.
LOUIS DAVID RIEL
En 1867, la Confédération canadienne est créée et Ottawa en devient la capitale. La poussée des colons protestants de langue anglaise s’accentue en direction des terres de l’Ouest. Sans égards pour les droits des Métis, le gouvernement d’Ottawa accorde aux colons des lots de terres le long de la Red River. Les Métis, avec Louis David Riel qui se révélera bientôt le leader charismatique de la communauté métisse, chassent les envahisseurs. Une force armée fédérale est envoyée sur la Red River et une milice protestante est constituée. Les Métis s’emparent alors pacifiquement de Fort Gary, près de Winnipeg. La première révolte des Métis, dont Louis Riel est le héros, vient de commencer. En juillet 1870, le gouvernement canadien accepte de reconnaître les droits des Métis sur leurs terres de la Red River dans la province du Manitoba qui vient d’être créée. Mais le gouvernement ne fait rien pour empêcher l’invasion massive et inéluctable des terres métisses par les colons britanniques. Les Métis décident de rechercher plus à l’ouest une terre où ils pourront vivre libres. Ils s’installent le long de la rivière Saskatchewan où ils entrent en relations suivies avec les tribus crees qui vivent encore de la chasse sur les terres de l’Ouest. La tranquillité des Métis et des Crees sera de courte durée. Dans les années 1880, l’avancée du "Canadian Pacific Railway", le chemin de fer qui doit relier la côte atlantique à la côte pacifique, amène de nombreux colons dans la vallée de la Saskatchewan et les terres des Crees. Louis Riel qui s’était retiré aux Etats-Unis, revient au Canada pour organiser la résistance des Métis.
LA FIN D'UN REVE
C’est ainsi que débute, au printemps 1885, la seconde révolte des Métis. Les Crees, conduits par les chefs Poundmaker et Big Bear, mènent de leur côté une campagne très active, assiégeant les villages des colons et réussissant à en prendre plusieurs. Les Métis remportent aussi plusieurs victoires mais, accablés par des forces très supérieures en nombre et en armement, ils doivent faire leur reddition près de Batoche, après quatre jours de combats acharnés. Louis David Riel est condamné à mort et pendu le 16 novembre 1885. L’emprise britannique s’installait sur le Saskatchewan comme elle l’avait fait sur le Manitoba. Les Métis ont continué à vivre au Saskatchewan et dans l’extrême nord du Montana. C’est là qu’à la fin du XIXè siècle, ils se mêlent à une bande des Chippewas qui prendra le nom de Little Shells. Tout espoir était abandonné de constituer la nation métisse dont rêvait Louis Riel, dont les terres seraient protégées et les caractéristiques culturelles reconnues et respectées.