Cambodge. L'hebdomadaire Cambodge Soir Hebdo cesse son activité
L’hebdomadaire francophone publiera son dernier numéro jeudi 30 septembre, trois ans après son lancement en 2007 par CSH (Cambodge Soir. 27/09/10)
Faute de financement, la société éditrice de Cambodge Soir Hebdo cesse son activité, a indiqué le directeur de la rédaction Jérôme Morinière aux salariés, lundi 27 septembre.
« Les administrateurs de l’entreprise se sont retirés de cette aventure francophone, qui, à l’heure de la crise économique, était devenue trop coûteuse », a-t-il annoncé, après avoir échoué à trouver un nouvel investisseur. La direction du journal a entamé un dialogue avec les membres du conseil d’administration pour décider des conditions de licenciement pour la trentaine de salariés (journalistes, maquettistes, commerciaux, personnel administratif et coursiers) de l’entreprise.
Cambodge Soir Hebdo avait publié son premier numéro le 4 octobre 2007, après plusieurs mois de crise interne au sein de la rédaction du journal, lancé en 1995 sur une base trihebdomadaire. Devenu quotidien en 1997, le journal avait fermé en juillet 2007 après la démission collective des journalistes. La nouvelle formule, hebdomadaire, avait été lancée grâce à l’appui financier de Béatrix Latham et de l’Organisation internationale de la francophonie.
En 2009, une de ses journalistes, Ung Chansophea, avait remporté le Prix francophone de la liberté de la presse décerné par l’Organisation internationale de la francophonie, Reporters sans frontières et Radio France Internationale pour un article sur les femmes battues, devenant la première Asiatique à recevoir cette récompense.
Les articles, rédigés par une équipe franco-cambodgienne, étaient régulièrement repris dans Courrier International. Cambodge Soir Hebdo, qui prépare son dernier numéro, remercie ses lecteurs, annonceurs et amis qui l’ont soutenu pendant ces trois dernières années.
La fin d’une époque par Jérôme Morinière (Cambodge Soir. 30/09/10)
C’est toujours triste, la fin d’un journal. Ce jeudi 30 septembre paraît le 152e et dernier numéro de Cambodge Soir Hebdo (CSH). Notre hebdomadaire tire sa révérence, victime d’un contexte économique défavorable. Avec la fermeture de CSH se clôt une formidable aventure francophone débutée voici dix-sept ans avec la création du mensuel Le Mékong. Depuis 1993, le Cambodge abrite une presse francophone fiable et de qualité. L’épopée fut épique, et a connu de nombreux soubresauts. Une constante néanmoins : les équipes qui se sont succédé au Mékong, à Cambodge Soir, puis à Cambodge Soir Hebdo ont donné le meilleur d’elles-mêmes pour témoigner, analyser et rendre compte du Cambodge contemporain. Que tous les journalistes français et cambodgiens soient ici remerciés pour le sérieux et le professionnalisme dont ils ont fait preuve. Merci aussi aux personnels administratifs, commerciaux et coursiers qui ont participé à cette odyssée. Leur travail est moins visible aux yeux du grand public, mais ô combien essentiel au fonctionnement d’un organe de presse.
Ces différents journaux n’auraient jamais vu le jour, si, à la base, leurs administrateurs ne les avaient pas financés sur leurs fonds propres. Cet effort financier, porté par une certaine idée de la presse, a duré dix-sept ans. Cet engagement fort mérite d’être chaleureusement salué. Dans le cas de Cambodge Soir Hebdo, Beatrix Latham était la seule à financer le journal, au sein du Conseil d’administration. Madame Latham a toujours défendu l’indépendance de la rédaction envers et contre tout. C’est la mort dans l’âme qu’elle a dû renoncer à son aide, touchée elle aussi par la crise économique.
L’Organisation internationale de la francophonie a versé des subventions annuelles à Cambodge Soir, puis Cambodge Soir Hebdo depuis 1997. L’ambassade de France au Cambodge a aussi soutenu le journal, notamment en finançant, cette année, un projet de formation en journalisme de Cambodgiens francophones. Que ces deux institutions reçoivent ici l’expression de notre gratitude.
Toutes ces aides n’auront pas suffi à sauver le soldat Cambodge Soir Hebdo. Créer et maintenir une presse francophone de qualité au Cambodge est une très belle initiative, plombée malheureusement par un marché publicitaire, et un lectorat trop restreints. Le choix d’une ligne éditoriale indépendante de toute pression n’a sans doute pas facilité notre développement commercial, tant justement cette indépendance a été mal perçue par certains acteurs économiques français. Nous les laissons sans regret. En revanche, toute l’équipe de Cambodge Soir Hebdo remercie une dernière fois chaleureusement ses lecteurs, annonceurs et amis qui l’ont soutenu pendant ses trois années d’existence.