Burkina Faso. Vraie Burkinbila dans le désert malien

Publié le par Un monde formidable

Vraie Burkinbila (1) dans le désert malien par Hyacinthe Sanou (L’observateur. Ouagadougou. 11/03/10)

Avant elle, le Français Pierre Camatte avait été élargi à l’issue de forces tractations qui ont nécessité le déplacement de Nicolas Sarkozy à Bamako. Ainsi, petit à petit, l’étau des fous d’Allah semble se desserrer. Devait également en bénéficier, notre compatriote Philomène Kaboré qui, en compagnie de son mari italien, Sergio Cicala, avait, elle aussi, été kidnappée le 18 décembre dans le désert mauritanien. Mais, aux dernières nouvelles, elle y aurait renoncé, décidant courageusement de partager jusqu’au bout la captivité de son cher époux. Jusques à quand ? On ne sait trop. Rien n’étant prévisible avec ces combattants alqaïdistes. En attendant, que voir d’autre dans ce geste sublime de Philomène, sinon une des grandes preuves d’amour qui soient. Par ailleurs, pouvait-il y avoir meilleure preuve d’être Burkinabè, si tant est que le « burkinlim », en langue nationale mooré, est l’expression la plus achevée de l’intégrité au sens plein du terme.

Que donc espérer d’autre, sinon que la diplomatie souterraine poursuive inlassablement son œuvre et que bientôt le couple italo-burkinabè puisse refouler la terre des hommes intègres. C’est donc le lieu de se féliciter de l’implication active et fructueuse de notre pays dans ce drame. « C’est grâce aux efforts du Burkina Faso qu’on a pu obtenir ce résultat », a justement déclaré à l’AFP, une source diplomatique dans la capitale malienne. C’est dire que le Burkina, sollicité directement par le gouvernement espagnol, a été l’artisan de la libération d’Alicia Gomez qui a d’abord été évacuée vers Ouagadougou puis rapatriée en Espagne. C’est la preuve, une fois de plus, que notre pays est passé maître dans l’art de négocier et que notre diplomatie bien que discrète, est efficace, quand bien même le silence autour de leurs actions faisait dire à d’aucuns que nos diplomates ne travaillent pas.

Force est de reconnaître alors qu’il n’y a pas que dans la résolution des contentieux politiques en l’occurrence ceux pré ou post électoraux (Côte d’Ivoire, Guinée, Togo) que l’on excelle. « Petit pays, grande diplomatie » serait-on tenté de dire pour paraphraser le chanteur camerounais, Adolphe Claude Alexandre Moundi dit « Petit pays » qui ne manquait pas de dire à qui veut l’entendre : « Petit pays, grand musicien ».

L’on se rappelle également que le Président du Faso, Blaise Compaoré, était déjà intervenu dans la libération, en avril de l’année dernière, des Canadiens Robert Fowler et Louis Guay enlevés en décembre 2008 au Niger, puis transférés au Mali. Après le facilitateur et le médiateur ès crises, voici donc Blaise le négociateur. Et actuellement, des émissaires du chef de l’Etat burkinabè discuteraient directement avec les différentes branches d’AQMI dans le désert pour tempérer la situation et pour obtenir la libération d’autres otages. Il faut souligner, cependant, que le commando Compaoré est un habitué des sables mouvants du Sahara. Depuis 1990, il a été amené à s’impliquer dans la résolution des crises touaregs nigérienne et malienne. Cette fois-ci, les acteurs ont changé et sont nettement plus insaisissables, affiliés qu’ils sont à la nébuleuse terroriste Al Qaïda. Médiateur, facilitateur, négociateur. Voilà autant de terrains sur lesquels on est heureux de voir exceller notre pays au point d’effacer à jamais, cette image de trouble-fêtes qu’on lui colla par le passé.

(1) Dérivé qualificatif de Burkina


Publié dans Afrique de l'Ouest

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