Bolloré à l'assaut des ports africains

Publié le par Un monde formidable

Bénin: Bolloré nouveau concessionnaire du Port de Cotonou (Source PANA. 10-08-09)

Le gouvernement béninois a confié la concession du terminal sud à conteneurs du Port autonome de Cotonou au groupe français "Bolloré et SMTC", indique un communiqué rendu public lundi dans la métropole béninoise.  Selon le communiqué, la décision, prise en Conseil des ministres, fait suite aux résultats d'une consultation lancée en mai pour la mise en concession du terminal sur la base d'une liste restreinte de trois sociétés candidates pré- qualifiées, à savoir "ICTSI", "APMT" et "Groupement Bolloré et SMTC".

Cette mise en concession participe d'un programme de réformes visant à améliorer les performances du Port de Cotonou, précise le communiqué, qui ajoute que son attribution à un opérateur privé est une option faite dans la convention signée avec le Millénium Challenge Corporation (MCC) afin d'en garantir l'efficacité.  Ces réformes visent, en particulier, à faire du Port de Cotonou un ouvrage de référence et un vecteur de développement et permettront également d'accroître les capacités de traitement du trafic, de répondre à la demande croissante des pays de l'hinterland et de moderniser et d'améliorer la qualité des opérations de manutention, conclut le communiqué

 

Sénégal: Bolloré se rappelle au bon souvenir de Dubaï Port World par L. Cissokho (Source African Manager. 11-08-09)

Le groupe français de manutention et d’armement Bolloré est décidé à déterrer la hache de guerre dans la lutte sans merci qui l’oppose à Dubaï Port World (DPW) pour le contrôle des juteuses activités portuaires au Port Autonome de Dakar (PAD). On s’en souvient, il y a à peine trois ans, le groupe émirati avait pris le dessus sur son concurrent de l’hexagone en s’adjugeant le droit du contrôle du terminal à conteneurs du PAD. C’était au terme d’une lutte farouche au travers d’un appel d’offres international dont l’épilogue était sujet à polémique.

Si pour les Français, la compétition ne s’était pas faite dans les règles de l’art, par contre, les autorités portuaires du PAD tout autant naturellement que le groupe de Dubaï incriminé, avaient dégagé en touche. C’est à peine si ces derniers n’avaient pas qualifié les dirigeants de Bolloré de mauvais perdants.
Pour ces derniers, les règles du jeu avaient été biaisées. Ils mettront à contribution leurs travailleurs dont les responsables syndicaux s’étaient épanchés dans la presse pour fustiger ce qu’ils avaient considéré à l’époque comme un parti pris manifeste des autorités chargées d’attribuer ce marché si convoité à leur rival. Des actions syndicales d’envergure de ces travailleurs n’avaient pas réussi à infléchir l’attitude des dirigeants du port de Dakar qui sommèrent Bolloré de plier bagages. Un moment, on craint même un froid des relations diplomatiques entre la France et le Sénégal ? Si officiellement Paris n’avait pipé mot sur cette affaire, il se sussurait officieusement que l’ami de Bolloré, le très médiatique président français Nicolas Sarkozy n’avait pas apprécié le sort  réservé à son ami. Après des décennies de règne sur le PAD, cette chasse gardée filait sous les doigts des dirigeants de Bolloré.

A ce qu’il semble cependant, Bolloré ne s’était pas avoué vaincu. A  postèriori, il avait reculé pour mieux sauter. C’est ce qui ressort des récentes déclarations de ses administrateurs. Le remplacement de  M. Jean Francis par  M. Jean Delahaye a donné lieu à une réaffirmation de la volonté de Bolloré de reconquérir la place perdue.  En attestent ces propos du directeur pour l’Afrique de Bolloré M. Dominique Lafont.: "Nos ambitions pour le Sénégal sont fortes parce que c'est un pays important pour l'Afrique. Et puis, nous sommes là depuis 80 ans. Donc, il ne serait pas naturel ni légitime qu'on accepte de se retirer du Pad parce que nous avons raté un appel d'offre il y a trois ans. Ce n'est pas raisonnable. Nous avons beaucoup de responsabilités dans ce pays, beaucoup d'histoires, beaucoup d'amis et puis je dirais même des intérêts réels. Nous avons beaucoup investi. Donc aujourd'hui, nos ambitions au Sénégal, c'est de développer tous nos métiers de manutention, de transit, de désenclavement logistique du Mali, de gestion logistique de projets.  Nous sommes disponibles à l'égard des autorités sénégalaises. Si elles ont besoin de développer de nouveaux partenariats public-privé, nous sommes l'opérateur privé qui a le plus développé d'expérience de partenariat public-privé en Afrique puisque nous avons développé 15 concessions à travers l'Afrique dans une dizaine de pays, dans plusieurs activités différentes que sont le ferroviaire, le portuaire et le fluvial. C'est pourquoi, il est important que nous conservions une responsabilité importante dans le port autonome de Dakar car si nous n'avions plus d'activités portuaires, cela voudrait dire quelque part qu'un maillon de la chaîne manquerait.  Ce qui ne serait d'ailleurs pas bon pour le Sénégal. Car je vous le dis tout de suite, la logistique, c'est l'avant-poste du développement. Et un pays a intérêt à avoir autant d'opérateurs logistiques solides et fiables qu'il peut en avoir. Ce serait de la folie de la part du Sénégal d'essayer de brimer un opérateur qui a fait ses preuves comme Bolloré. Donc, il est clair que nous avons des ambitions fortes. Nous sommes le premier opérateur logistique en Afrique. Il est donc normal que l'on veuille prospérer au Sénégal". 

 

 

 

Publié dans Françafrique

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