Angola. Expulsions massives des Congolais
Expulsions massives des Congolais vivant en Angola (Xinhuanet. Chine. 07/01/2011)
Plusieurs centaines des ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) vivant en République d'Angola expulsés massivement de ce pays ces derniers jours sont arrivés la semaine dernière et cette semaine dans la province du Bas-Congo en transitant par Congo/Brazzaville, a-t-on constaté sur place.
Les derniers en date sont arrivés le mardi 4 janvier dans plusieurs villages du territoire de Tshela, chef-lieu du district du Bas-Fleuve, à quelque 200 Km de Matadi, chef-lieu de la province. Parmi eux se trouve 28 présumés ex-soldats des Forces armées zaïroises (FAZ) de l'ancien chef de l'Etat congolais Mobutu Sese Seko, qui ont été immédiatement arrêtés par la police. Arrivés par le village Kivava, dans le territoire de Mbata-Siala, en provenance de la République du Congo Brazzaville, ces ex-Faz seraient actuellement sous interrogatoire à Tshela avant leur acheminement à Matadi.
Le chef d'état-major des FARDC, le général Didier Etumba, s'est rendu depuis mardi à Matadi, où il a eu des entretiens avec des responsables de la 2ème région militaire sur la présence de ces ex- Faz. Il s'est rendu le lendemain mercredi à Tshela où il a réuni les membres du conseil de sécurité du district du Bas-Fleuve et de l'état-major des Forces armées de la RDC (FARDC) dans la cité de Tshela, avant de s'entretenir avec les membres de la société civile de cette cité. Il devait regagner Kinshasa jeudi. D'autres expulsés, plus d'une centaine pour la plupart des jeunes dont l'âge varie entre 20 et 30 ans, expulsés de la province angolaise de Cabinda, sont cantonnés dans plusieurs villages du secteur de Maduda, en territoire de Tshela, à 200 kilomètres à l'ouest de Matadi, dans la province du Bas-Congo. La plupart des refoulés disent avoir été expulsés par la frontière de Masabi en Angola, puis ont transité à Nkayi, au Congo- Brazzaville; avant d'atteindre les villages de Maduda dans le Bas- Congo.
Mais le plus grand lot des expulsés d'Angola a été enregistré dans la localité de Kamako, dans le territoire de Tshikapa, dans la province du Kasaï Occidental où leur nombre s'élevait, entre le 27 et 30 décembre 2010, à plus de 1.000 personnes, a affirmé dimanche le chef de poste principal de l'ONG Protection de l'enfance et de la jeunesse, Kande Mutonda.
Selon ce dernier, le mobile des expulsions des Congolais serait l'organisation prochaine d'élections générales en Angola. Il a cependant regretté les conditions inhumaines dans lesquels ces expulsions se font. Dans un communiqué publié à Kinshasa, capitale de la RDC le 30 décembre dernier, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indiquait qu'environ 1350 Congolais expulsés d'Angola ont été dénombrés en l'espace de deux semaines. Dans ce document, Ocha soulignait qu'à la veille de la Saint Sylvestre, les expulsions des Congolais du territoire angolais progressaient à un rythme accéléré, preuve, selon lui, qu'il n'y avait pas de coordination entre les deux gouvernements (congolais et angolais) dans ces mouvements de rapatriement forcé.
"Les humanitaires font un plaidoyer au niveau des responsables des deux pays, pour que les accords qui ont été signés en novembre 2009 soient respectés. Au terme de ces accords, les deux parties s'étaient convenues qu'elles puissent se concerter avant d'opérer l'expulsion de leurs citoyens respectifs", indiquait le communiqué d'OCHA du 30 décembre, avant de constater qu'il y a "un manque de concertation entre Kinshasa et Luanda". Pour les humanitaires, poursuit-il, ces accords doivent être appliqués et la protection et "la dignité des gens qui doivent être expulsés ne doivent faire l'objet d'aucune négociation". Selon Médard Lobota, OCHA constate malheureusement des abus que les humanitaires ont pu répertorier. Le gouvernement congolais a réagi aux propos de OCHA par son porte-parole et ministre congolais de la Communication et Médias, Lambert Mende qui, tout en reconnaissant qu'il y a eu plus de mille expulsés, a réfuté le manque de concertation. "Nous sommes un peu étonnés que c'est Ocha qui gère maintenant le problème des Congolais expulsés d'Angola. Il y a le ministère de l'Intérieur, il y a les différents services de la Direction générale des migrations (DGM) qui s'en occupent", a dit le ministre Mende, affirmant que "Kinshasa a été préalablement informée par Luanda".