Allemagne. Pina Bausch rejoint les étoiles
Pina Bausch, mort d’une pythie de la danse (Source Le Temps. Ch. 01/07/09)
Artiste blessée par l’histoire, la chorégraphe allemande avait fait de ses douleurs la matière de spectacles étrangement joyeux. Ses pièces, inoubliables, embuaient et allégeaient parfois. Elle s’est éteinte à 68 an. (…)
Un ange vient de passer. Et la tristesse est sans fond. La chorégraphe allemande Pina Bausch, 68 ans, s’est éteinte, coup de ciseau et silence inqualifiable. Un cancer foudroyant, annonce le porte-parole du Tanztheater de Wuppertal, son théâtre, sa vie. (…)
Marco Berrettini, danseur et chorégraphe, évoque le talent de la chorégraphe décédée hier : «Comme Picasso en peinture, Pina Bausch est la seule chorégraphe de renommée internationale qui a inventé trois ou quatre styles différents.» Marco Berrettini a étudié à l’école de Folkwang d’Essen sous la direction de Pina Bausch. «Pendant les cours, elle était assise, sereine, avec ses trois paquets de cigarettes à côté d’elle. Elle fumait, chaussée de grandes bottes. Pas pratique. Et pourtant, quand elle montrait un mouvement, c’était magique. Pina avait un corps modelé pour la danse. De grandes mains qui allongeaient ses bras, une ouverture de hanche impressionnante et un dos droit, pas trop cambré, qui lui permettait de tout faire. Sa danse? Un miracle qui nous scotchait.» (..)
Pina Bausch rejoint les étoiles (Source 24 heurs. 01/07/09)
(…) Pina, de son vrai nom Philippina Bausch, était née le 27 juillet 1940 à Solingen, dans cette Ruhr industrielle où elle est apparue en public pour la dernière fois il y a quelques jours sur la scène de l’Opéra de Wuppertal. Elle est morte mardi matin, foudroyée par un cancer dépisté seulement cinq jours avant son décès.
D’aspect austère, maigre et pâle créature comme surgie d’un fantasme d’Allemagne lessivée par la guerre, Pina Bausch impressionnait. Malgré son âge – après tout, elle n’avait que 68 ans – la grande artiste était nimbée d’une aura digne de celle d’un Béjart octogénaire ou d’un Cunningham nonagénaire.
Le chorégraphe romand Gilles Jobin souligne ainsi qu’«elle était aussi importante que Béjart», tandis que Foofwa d'Immobilité, chorégraphe genevois, salue «l’effervescence qu’elle avait apportée dans les années 1970 et 1980».
La chorégraphe américaine Carolyn Carlson résume la tristesse générale: «Elle laisse un grand vide dans l’univers.» (…)