Algérie. où il est question du retour des prédateurs et de la chasse à l'outarde
Le retour des prédateurs Par Tayeb Belghiche (El Watan Algérie 27/01/10)
Le bateau Algérie prend eau de toutes parts. Le pays est très mal géré. La corruption est devenue un cancer qui a métastasé et qui a beaucoup touché des sphères dirigeantes dans l’impunité la plus totale. Ajouter à cela, des étrangers viennent chez nous, depuis un certain temps, violer les lois de notre pays. En effet, des dirigeants du Golfe arabe se conduisent en « maîtres » chez nous. Notre confrère Liberté a annoncé qu’une centaine de véhicules saoudiens, dirigés par un prince de la famille royale, sont actuellement dans le Sud algérien qu’ils sillonnent d’est en ouest sur une distance de 2500 km pour chasser l’outarde, un oiseau dont les Proche-Orientaux sont friands pour ses pseudo-vertus aphrodisiaques. Pourtant, l’espèce, en voie de disparition, est protégée par les règlements internationaux, auxquels l’Algérie a adhéré, et qu’une ordonnance du 15 juillet 2006 a renforcés.
Cette protection touche également d’autres animaux comme la gazelle. Et c’est le ministère de l’Agriculture qui a pour mission de faire respecter la loi. Or, contre toute logique, c’est lui qui délivre les autorisations de chasser aux émirs braconniers. Plus grave encore, nos policiers et notre Gendarmerie nationale, censés faire respecter la loi, protègent ces prédateurs durant leur sale besogne. Non pas qu’ils soient complices car incontestablement, ils exécutent des ordres venus d’en haut, à l’instar des responsables des wilayas qui sont obligés de fermer les yeux contre leur gré et certainement avec colère aussi.
Nos correspondants à l’intérieur du pays évoquent d’ailleurs cette colère chez les populations des régions concernées dès que les chasseurs proche-orientaux se manifestent. Elles considèrent à juste titre qu’un crime se commet contre notre faune avec la complicité des responsables du pays. Il est sûr qu’aucun wali ou ministre ne prendraient à eux seuls l’initiative d’autoriser les massacres de gazelles et d’outardes. Il faut chercher ailleurs. Une chose est sûre : l’Algérie est orpheline. Elle n’a plus de dirigeants capables de défendre sa dignité et ses intérêts fondamentaux. Même le fleuron de notre économie nationale n’a pas échappé à la destruction de l’Algérie.
La chasse à l’outarde et à la gazelle : Les braconniers du Golfe continuent leur « massacre » Par Hacen Ouali (El Watan Algérie 25/11/09)
Une liste de 73 espèces protégée a été arrêtée par le ministère de l’Agriculture, dont figurent, bien évidement, la gazelle et l’outarde.
Les émirs du Golfe sont de retour dans la région de Labyodh Sidi Cheikh où ils s’apprêtent à entamer la campagne de chasse à l’outarde et à la gazelle, ou ce que les habitants d’El Bayadh qualifient de campagne d’extermination de ces espèces en voie de disparition. Selon une source locale, les princes du Qatar sillonnent tout le territoire de la région, à bord de pas moins de 100 véhicules, traquant ainsi ce qui reste des outardes offertes par les autorités algériennes aux braconniers jouissifs. Les chasseurs du Golfe « se sentent en terrain conquis. Ils se livrent à leur sport favori sous l’œil protecteur de la Gendarmerie nationale », a indiqué Larbi Tahar, président du bureau d’El Bayadh de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme.
Les princes d’Arabie qui mettent en danger la faune dans la région des Hauts-Plateaux chassent les outardes et les gazelles avec l’autorisation des autorités algériennes. Ils s’installent dans les vastes zones steppiques du sud-ouest du pays avec armes et bagages, orientés par des guides locaux. Ces chasseurs bien particuliers sont dotés d’une extraordinaire logistique, témoignent les habitants de la région. Il faut rappeler que le ministère de l’Agriculture leur délivre des permis de « massacrer » des espèces, contrecarrant ainsi la loi algérienne qui interdit de chasser l’outarde, décret n°509/83 du 20 août 1983, relatif à la protection des espèces animales non domestiques. Le texte en question précise que ces espèces jouent un rôle dans l’équilibre naturel. Elles revêtent aussi un intérêt scientifique particulier. Aujourd’hui elles sont menacées de disparition.
Une liste de 73 espèces a été arrêtée, dont figurent, bien évidement, la gazelle et l’outarde. Mais cela n’a pas empêché l’Etat algérien d’accorder des dérogations aux riches princes-braconniers. Il y a lieu de souligner que cette « autorisation » concerne seulement les chasseurs étrangers, notamment ceux du Golfe, Qatar, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis. Les Algériens sont exclus de cette mesure « exceptionnelle ». Plusieurs chasseurs locaux surpris en train de capturer les gazelles, « sont punis et condamnés à des peines de prison », a indiqué le responsable de la Ligue d’El Bayadh.
Cependant, les autorités algériennes et après plusieurs mises en garde lancées par des associations qui militent pour la protection de la faune et de nombreux experts en matière de préservation des espèces animalières en voie de disparition, ont trouvé une échappatoire. Elles avaient autorisé, en 2004, les investisseurs des Emirats arabes unis d’établir une réserve qui s’étend sur 400 ha dans la région de Labyodh Sidi Cheikh afin « d’en préserver les outardes et d’assurer la reproduction ». Mais selon des sources locales, c’est le contraire qui s’est produit depuis. « Les outardes sont en voie de disparition et rien n’est fait pour stopper ce massacre. » Par ailleurs, le responsable local de la LADDH pose un autre problème, celui lié au traitement « dégradant » dont sont victimes les employés algériens qui travaillent pour le compte des Emiratis, ainsi que les habitants de la région de Labyodh Sidi Cheikh. Il dénonce, dans un communiqué rendu public hier « les conditions inhumaines dans lesquelles travaillent des Algériens. Ils sont traités comme des esclaves ».
En plus des conditions extrêmement difficiles, « les travailleurs algériens sont sous-payés par rapport à leurs collègues étrangers. Ils touchent entre 10 000 à 18 000 DA mois pour un volume horaire de 12 heures par jour », a indiqué Larbi Tahar. Ce dernier lance un appel aux autorités algériennes afin de « rendre à ces Algériens leur dignité ». Il a également joint sa voix à celles de beaucoup d’associations locales, demandant simplement l’interdiction de la chasse aux outardes et de gazelles, car « cela porterait gravement atteinte à l’environnement et menace dangereusement la faune dans le sud du pays », a-t-il averti.