Soudan. L'indépendance du Sud est « inévitable »
Soudan : l’indépendance du Sud « inévitable » selon la secrétaire d’Etat Hillary Clinton (Source La Voix de l’Amérique. 08/09/ 2010)
Selon le porte-parole du département d’Etat, P.J. Crowley, Hillary Clinton a téléphoné au premier vice-président soudanais, Salva Kiir Mayardit, leader du Sud-Soudan, ainsi qu’au vice-président Ali Othman Taha pour les exhorter à veiller à l’application complète de l’Accord de paix Nord-Sud de 2005.
La secrétaire d’Etat américaine affirme que la victoire du « Oui « est « inévitable » lors du référendum d’autodétermination de janvier au Sud-Soudan. Pour Mme Hillary Clinton, ni le gouvernement de Khartoum, ni celui du Sud-Soudan n’est préparé à un vote en faveur de l’indépendance du Sud. Par conséquent, le succès du référendum demandera des efforts diplomatiques tous azimuts des deux côtés, tout comme de l’Union africaine, des Etats-Unis et d’autres parties, a expliqué la secrétaire d’Etat américaine, dans un discours au Conseil sur les affaires étrangères, ici à Washington. « La réalité est que ce sera une décision difficile à accepter pour les nordistes. Ainsi donc, nous devons trouver les moyens de leur faire accepter pacifiquement un Sud indépendant, et d’amener les sudistes à reconnaître qu’à moins de vouloir d’autres années de guerre et rater ainsi la chance de bâtir leur nouvel Etat, ils devront composer avec le Nord », a déclaré la secrétaire américaine.
Selon le porte-parole du département d’Etat, P.J. Crowley, Hillary Clinton a téléphoné au premier vice-président soudanais, Salva Kiir Mayardit, leader du Sud-Soudan, ainsi qu’au vice-président Ali Othman Taha pour les exhorter à veiller à l’application complète de l’Accord de paix Nord-Sud de 2005. L’émissaire américain Scott Gration se mettra en route aujourd’hui (jeudi) pour le Soudan en vue de poursuivre ces discussions, a annoncé Crowley.
Les préoccupations de la secrétaire d’Etat sur une violente séparation du Soudan ne signifient pas que les Etats-Unis s’attendent à un retour de la guerre, a-t-il assuré. « Nous ne nous préparons pas à la guerre. En fait, l’Accord de paix global de 2005 à mis fin à un conflit, et créé une opportunité pour la stabilité au Darfour et une paix juste entre le Nord et le Sud. Nous sommes conscients que si pour une raison quelconque, l’Accord de paix n’était pas complètement appliqué, si le référendum n’est pas perçu comme crédible, il y aura certainement un risque d’un autre conflit », a déclaré le porte-parole du département d’Etat.
La secrétaire d’Etat Clinton est d’avis que la situation entre le Nord et le Sud-Soudan est « une bombe à retardement » pouvant avoir d’énormes conséquences et l’organisation du référendum sera difficile. Toutefois, les vrais problèmes émergeront après que « l’inévitable se sera produit », à savoir le vote des sudistes pour l’indépendance, a prédit la secrétaire d’Etat américaine.
L'ONU laissera les Sud-soudanais choisir (Source AFP.03/02/2010)
Les Nations Unies, qui militent pour l'unité du Soudan, laisseront tout de même la population du Sud-Soudan voter ou non pour son indépendance.
L'Onu a souligné mardi 2 février que ce serait à la population du Sud-Soudan de voter ou non pour son indépendance, lors du référendum prévu dans un an, et qu'elle s'efforcerait d'éviter le retour à la guerre en cas de victoire du oui. Dans un communiqué, l'Onu a souhaité clarifier les propos tenus samedi par son secrétaire général, Ban Ki-moon, dans une interview à Addis Abeba, dans laquelle il avait dit que son Organisation "travaillerait à l'unité nationale" du Soudan.
Son porte-parole, Martin Nesirky, affirme que M. Ban "a dit clairement que les Nations unies soutiendraient les parties dans leurs efforts pour "rendre attrayante l'unité" (du Soudan), mais soutiendraient aussi l'exercice par la population du Sud-Soudan de son droit à l'autodétermination dans un référendum". "Dans ce contexte, il a dit clairement que les Nations unies s'efforceraient d'éviter d'éventuelles conséquences négatives à la suite du référendum de l'an prochain", ajoute le communiqué. "Toute suggestion selon laquelle les Nations unies auraient pris une position qui pourrait préjuger du résultat d'un tel référendum est incorrecte", conclut le texte.
Un référendum sur l'avenir du Sud-Soudan doit se tenir en janvier 2011 et M. Ban a affirmé, dans l'interview, l'importance pour l'ONU et pour l'Union africaine (UA) d'y être préparées, quel qu'en soit le résultat. "Quel que soit le résultat du référendum, les Nations unies ont une très importante obligation, une responsabilité, avec l'Union africaine, de faire en sorte qu'il y ait une paix à maintenir," a-t-il dit. "La position des Nations unies c'est de travailler pour l'unité nationale, en fait, mais cela dépend de ce que les populations du Sud-Soudan vont décider lors de ce référendum", a-t-il expliqué. Sa référence à l'unité nationale, dans l'interview, visait à signaler le soutien de l'Onu à une clause de l'Accord de paix global (CPA) signé en janvier 2005 entre le Nord du Soudan, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, et qui a mis fin à 21 ans de guerre civile. "Nous devons assurer que ce référendum se déroule en conformité avec le CPA", a dit M. Ban. L'accord stipulait qu'"une bonne mise en oeuvre du CPA fournirait un modèle de bonne gouvernance au Soudan qui favoriserait la création d'une base solide pour maintenir la paix et rendre l'unité attrayante."
Le CPA a permis la création d'un gouvernement semi-autonome au Sud-Soudan et prévoit la tenue en avril des premières élections - présidentielle, législatives et régionales - multipartites depuis 1986 au Soudan et un référendum en janvier 2011 sur l'indépendance du Sud. Le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a affirmé cette semaine que Khartoum serait le premier à reconnaître l'indépendance du Sud-Soudan.
Le nord et le sud du Soudan doivent délimiter cette année le tracé de la frontière de 2.100 km entre les deux régions, un sujet sensible puisque d'importants gisements pétroliers sont situés dans cette zone. "Les élections doivent se dérouler de manière transparente et crédible", a dit M. Ban dans l'interview. "Il y a beaucoup de questions fondamentalement importantes: la démarcation des frontières, le partage des richesses, la citoyenneté. Toutes ces questions doivent être résolues pour que le référendum se déroule et pour que nous puissions nous assurer que la situation demeure pacifique", a-t-il ajouté..