RDC. FDLR : Les Etats-Unis appellent à une solution définitive

Publié le par Un monde formidable

FDLR : Les Etats-Unis appellent à une solution définitive (Source :  Le Potentiel 17/02/10)

Après le passage de Hillary Clinton, secrétaire d'Etat américaine qui n'a pas su contenir sa colère devant l'horreur qu'elle a vécue à Goma et préconisait une sanction devant un tribunal international, un autre démocrate américain vient de séjourner au Kivu. Il s'agit du numéro 2 de la majorité démocrate au Sénat, Richard Dubin. Il insiste pour une solution définitive portant sur les FDLR et invite la Communauté internationale à s'impliquer concrètement. Comme pour dire que l'administration Obama en a marre que l'on continue à tourner autour du pot, tirant les choses en longueur alors que les populations congolaises endurent des souffrances infrahumaines. Donc, pas d'enlisement de la situation. Ni d'un état de ni paix ni guerre.

" Les élections ont été organisées en RDC en 2006. Mais depuis lors, rien n'a changé dans l'Est de ce pays, surtout ici au Kivu ". C'est en ces termes que Richard Dubin, numéro 2 de la majorité démocrate au Sénat américain, a tenu à faire son premier constat en séjour à Goma. Et de poursuivre sur un ton sévère : " La question des rebelles hutu rwandais devrait être résolue par les gouvernements congolais, rwandais et la Communauté internationale. Le Rwanda doit publier les noms de combattants FDLR accusés de violation des droits de l'homme pour permettre à ceux qui ne sont pas concernés de regagner leur pays ".  

Le message de ce sénateur américain, et pas de n' importe qui, le numéro 2 du groupe parlementaire démocrate au Sénat et élu de l'Etat de l'Illinois, est clair. Il découle de l'agacement ressenti par l'administration Barack Obama d'en finir avec les conflits armés plutôt que de voir cette situation des FDLR collée à la peau de tout le monde. En interprétant bien la pensée du sénateur américain, il ne peut concevoir qu'un pays où des élections ont été organisées depuis 2006, que ses institutions devraient fonctionner normalement pour prendre en compte les préoccupations de ses populations, que celles-ci soient toujours prises en otage par la question des FDLR. Il rejoint en d'autres termes, le constat amer fait par le Conseil de sécurité des Nations Unies sur le mandat mal défini de la MONUC qui a de la peine à protéger les populations civiles congolaises.  Donc, il ne peut toujours pas comprendre que là où des opérations militaires conjointes ont été organisées, avec le soutien de la MONUC, que les choses ne changent pas. Alors, il situe la part de responsabilités pour régler définitivement cette question.

La part des Congolais. Il revient à dire que le Gouvernement doit s'investir totalement et ne négliger aucun aspect du problème. De l'efficacité des forces armées et de la police dans leurs interventions au soutien logistique et autres obligations matérielles, financières - cas de la paie de la solde de façon régulière et à temps - pour des résultats performants. Partant, éviter d'entretenir une situation de " ni paix ni guerre " pour des intérêts égoïstes.

La part des Rwandais. Le pouvoir de Kigali ne devrait plus se contenter de la solution militaire. C'est-à-dire, continuer à revenir en RDC à travers des opérations militaires conjointes, mais songer également à des initiatives politiques pour une vraie paix et une véritable réconciliation nationale au Rwanda. En effet, si le dialogue national a permis au Burundi et à la RDC d'effectuer des avancées significatives vers une cohabitation pacifique, une véritable convivialité entre les différentes ethnies, pourquoi le Rwanda ne s'inspirerait-il pas de cet exemple ? Quitte à laisser à la justice libre et juste de s'occuper des génocidaires formellement identifiés ( ?) A l'image des Congolais, les Rwandais doivent éviter également d'entretenir cette situation de " ni paix ni guerre".

La part de la Communauté internationale. Aujourd'hui, plus que jamais, tous les partenaires extérieurs de la région des Grands Lacs sont appelés à parler un même langage. A quoi sert-il de multiplier des " Envoyés spéciaux " dans la région des Grands Lacs pendant que l'on passe à côté de la planque ? Tenez.  Combien les européens ont-ils besoin des " envoyés spéciaux " dans cette région ? Il y a d'abord un Envoyé spécial de l'Union européenne en la personne de Roland Van De Geer qui a pris la relève de l'italien Aldo Ajello. Mais la France, la Norvège, la Suède, la Grande Bretagne, disposent également d’"Envoyés spéciaux " pour l'Afrique des Grands Lacs. Dernièrement, ils ont tenu un " Mini Conseil de sécurité " avec la participation de Alan Doss, Représentant spécial du secrétaire général de l'ONU et responsable de la MONUC.   Quelle est cette politique homogène peut-on disposer en des circonstances pareilles ? Serait-ce dicté par des intérêts divergents observés souvent au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, poussant à des comportements dubitatives lors de l'adoption des résolutions du Conseil de sécurité ?

Le sénateur américain Richard Dubin incarne le pragmatisme de l'administration Obama. Pas d'enlisement de la situation. Plus de " guerres idiotes " qui ne servent pas la cause de l'humanité, mais aliènent de plus en plus les Etats pauvres, surtout ceux de l'Afrique. Voilà pourquoi, alors sénateur, Barack Obama avait déclaré que " soient tenus pour responsables tous les gouvernements qui cherchent à déstabiliser la République démocratique du Congo ". Après Hillary Clinton, Howard Holpe, conseiller spécial du président américain pur les Grands Lacs, et maintenant le sénateur Richard Dubin, Washington est en train de passer à la vitesse supérieure pour trouver une solution définitive à la question des "forces négatives" des Grands Lacs. Particulièrement les FDLR.

LES MINERAIS DE SANG

Cette solution définitive des FDLR passe incontestablement par le démantèlement de la filière des minerais de sang qui, exploités illégalement, entretiennent des économies de guerre. Si le Rwanda s'est précipité à mettre en place dernièrement la "Bourse des matières premières", alors qu'il n'en produit pas, c'est que les conflits armés sous-tendus par le commerce illicite des minerais de sang lui ont donné des idées.

Pas plus tard qu'il y a de cela 48 heures, Global Witness qui intervenait à Barcelone, en Espagne, dans le cadre du congrès mondial de la téléphonie, a établi le lien qui existe entre les minerais qui interviennent dans la fabrication des ordinateurs, des téléphones mobiles et autres appareils électroniques, et les confits armés. Précisément ceux qui se déroulent dans l'Est de la RDC. " Il est grand que les entreprises du secteur de l'électronique démontrent qu' elles prennent au sérieux l' élimination des minerais du conflit de leurs chaînes d'approvisionnement ", a déclaré Daniel Balint-Kurt, chargé de campagne à Global Witness. Ces principaux minerais sont l'étain, la tantale, ou le coltan. Global Witness a exigé qu'il y ait la traçabilité de l'origine de ces métaux.

La communauté internationale devrait commencer par intervenir et frapper à ce niveau de ces entreprises qui bénéficient du soutien financier des multinationales. Les rapports des experts des Nations Unies ont fait des révélations accablantes sur ces entreprises et quelques Etats. Si ces entreprises tiennent à exercer leur commerce dans la légalité, en reconnaissant les lois de la République démocratique du Congo, elles auront sauvé la vie à des millions de Congolais et autres peuples de l'Afrique des Grands Lacs. 

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