Mexique. L'île fantôme qui vaut de l'or

L'île fantôme qui vaut de l'or  par Cathy Macherel (Le Matin.Ch- 24 juin 2009)

Etrangement, l'îlot Bermeja a disparu. Or il pèse des milliards de dollars en pétrole.

L'île Bermeja, indiquée à 22,3 degrés de latitude nord et 91,2 degrés de longitude ouest sur les cartes, est introuvable. C'est la conclusion à laquelle est arrivée mardi une expédition scientifique menée par l'Université nationale autonome du Mexique, après avoir survolé la mer de long en large et inspecté les fonds à coups d'ultrasons. Une catastrophe pour le gouvernement mexicain qui avait mandaté l'expédition et espérait bien lever le voile sur une affaire qui relève d'un film d'espionnage.

Car, à une époque, ce confetti de 80 km² partageait les eaux territoriales du Mexique et des Etats-Unis. Et, surtout, sa généreuse localisation attribuait au Mexique une zone riche de 22 milliards de barils de pétrole. Or, en juin 2000, un accord entre le président mexicain d'alors, Ernesto Zedillo, et Bill Clinton «oubliait» cet îlot et redistribuait les cartes au profit des Etats-Unis. Ce tour de passe-passe passe fut possible car, cinq mois avant la signature, on s'aperçut que l'île avait tout simplement disparu! Les conjectures les plus folles ont dès lors circulé: la mer a certes pu engloutir l'îlot, mais d'aucuns ont supputé aussi que la CIA avait fait exploser le caillou pour servir d'énormes intérêts économiques. Les forages sous bannière américaine n'avaient d'ailleurs pas tardé.

Au Mexique, les suspicions d'une vaste affaire de corruption avaient ensuite pesé sur l'ex-président Zedillo, qui passe aujourd'hui une retraite dorée aux Etats-Unis. Loin d'éclaircir le mystère, l'expédition scientifique, qui a rendu ses conclusions mardi, a encore contribué à l'épaissir. Car les sondages effectués dans les fonds marins, aux coordonnées qui situaient autrefois l'île sur la carte, n'ont trouvé aucune trace, aucun vestige d'une quelconque terre immergée, a révélé le journal «El Universal».

Les recherches vont se poursuivre. Mais, pour le gouvernement mexicain, la perspective de récupérer son pétrole semble bien définitivement engloutie.ui vaut de l'or