Lybie. Et maintenant on fait quoi ? (2)
La France envisage de demander la suspension provisoire des accords européens de libre circulation, dits "accords de Schengen", pour faire face à l'afflux de migrants clandestins en provenance de Libye et de Tunisie. La présidence française estime que la gouvernance de Schengen est aujourd'hui "déficiente", dit une source à l'Elysée. "Ce qu'il nous semble, c'est qu'il faut réfléchir à un mécanisme qui permette, lorsqu'il y a une défaillance systémique à une frontière extérieure de l'UE, d'intervenir en prévoyant une suspension provisoire, le temps que la défaillance soit réglée", a déclaré cette même source.
Le chef d'état-major américain sceptique sur l'issue de l'opération en Libye (Le Monde avec Reuters | 22.04.11)Les bouleversements en Afrique du Nord, principalement en Tunisie et en Libye, ont entraîné l'arrivée en Italie de nombreux migrants clandestins de ces pays qui, une fois entrés dans l'espace Schengen, peuvent se rendre dans les vingt-quatre autres pays européens qui en sont membres. A l'Elysée, on souligne que Nicolas Sarkozy évoquera ce sujet lors de sa rencontre, mardi à Rome, avec le président du conseil italien, Silvio Berlusconi.
La guerre en Libye se dirige vers une impasse même si les frappes aériennes de la coalition internationale ont réduit de 30 à 40% le gros des forces terrestres de Mouammar Kadhafi, a estimé, vendredi 22 avril, le chef d'état-major interarmes américain, l'amiral Mike Mullen. "Nous nous dirigeons certainement vers une impasse", a déclaré à Bagdad l'amiral Mullen lors d'une visite aux troupes américaines en Irak.
L'UE veut encadrer militairement une opération humanitaire (Le Monde avec AFP | 22.04.11)
L’Union européenne poursuit la planification d'une opération militaro-humanitaire pour la ville libyenne de Misrata, forteresse rebelle assiégée par les fidèles de Mouammar Kadhafi. "Face à l'aggravation de la situation humanitaire, en particulier à Misrata, la planification d'une opération militaire de soutien à l'aide humanitaire se poursuit à l'état-major multinational de Rome", a indiqué la porte-parole adjointe du ministère des affaires étrangères français, Christine Fages. "L'UE se tient prête à répondre à une sollicitation des Nations unies", a-t-elle ajouté. L'Union européenne et l'OTAN étudient depuis deux semaines la possibilité de mettre en place une opération militaire destinée à protéger l'acheminement d'une aide humanitaire à Misrata, ville tenue par les insurgés libyens mais encerclée par les forces loyales à Mouammar Kadhafi.
Mais l'ONU est très réservée à l'égard d'un encadrement militaire de l'aide humanitaire. La chef des opérations humanitaires des Nations unies, Valerie Amos, a déclaré mercredi à New York qu'elle n'avait pas l'intention pour l'instant de demander à des soldats de l'UE de protéger les corridors humanitaires en Libye. Elle a toutefois précisé que les Nations unies avaient un accord avec l'UE et l'OTAN : "Si nous atteignons un point où l'utilisation de civils devenait impossible en raison de la situation sécuritaire, nous, l'ONU, leur demanderions le soutien de militaires."
Le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a dit craindre, vendredi, un exode massif des populations des montagnes de l'ouest de la Libye, après la fuite de 15 000 Libyens en Tunisie ces deux dernières semaines. Le HCR accueille quotidiennement près de 3 000 réfugiés libyens fuyant les combats dans cette région. Des affrontements entre les forces loyales au colonel Kadhafi et la rébellion secouent depuis plusieurs jours la région, où plus de 100 personnes ont été tuées le week-end dernier à Nalout et Yefren, deux villes pilonnées par les loyalistes, selon des habitants. Le dernier bilan du HCR concernant les réfugiés de cette région faisait état mardi de 10 000 personnes ayant traversé la frontière dans le sud de la Tunisie, la plupart en provenance de Nalout.
Les Etats-Unis envoient des drones armés. (Le Monde avec AFP | 22.04.11)
Bien que Washington souhaite rester en retrait des actions militaires en Libye, les Etats-Unis vont utiliser des drones armés, a annoncé le secrétaire à la défense états-unien Robert Gates. Il s'agit, selon lui, d'une "contribution modeste" aux efforts de la coalition internationale. Leur usage a été autorisé par le président américain, Barack Obama.
Ces drones sont à la disposition de la coalition depuis début avril et ont déjà effectué des missions de renseignement, a expliqué un responsable états-unien. C'est à la demande de l'OTAN qu'ils vont dorénavant effectuer des frappes. Deux drones Predator seront en permanence engagés dans le ciel libyen. Selon M. Gates, la décision d'utiliser ces appareils sans pilote armés de missiles a été prise en raison de "la situation humanitaire" en Libye et parce qu'ils apportent "une capacité" que d'autres types d'appareils ne pouvaient pas apporter, notamment pour éviter les victimes civiles. "Ce qu'ils apporteront d'unique, c'est la capacité de voler plus bas et donc d'avoir une meilleure visibilité sur des cibles précises, maintenant [que les forces loyales au colonel Kadhafi] ont commencé à s'enterrer dans des positions défensives", a déclaré M. Gates. "Ils sont parfaitement adaptés à ces zones, des zones urbaines", a-t-il souligné. Robert Gates a tenu à souligner que cette annonce ne changeait pas la nature de la mission américaine au sein de la coalition. Les Etats-Unis ont pris grand soin de se mettre en retrait des opérations militaires en Libye en convaincant leurs alliés de confier le commandement des opérations militaires à l'Alliance atlantique.