Les effets secondaires 
des biocarburants

Publié le par Un monde formidable

Les effets secondaires 
des biocarburants par Eric de La Chesnais  (Source CCFD. 02/10/2008)

Un effet boomerang - L'objectif européen d'inclure 10 % de carburants d'origine agricole dans le volume total consommé par les pays de l'Union d'ici 2020 dans un souci de réduire les gaz à effet de serre ne serait pas si écologique que cela.

Si l'on en croit quatre ONG françaises (Organisation non gouvernementale), Les Amis de la Terre, le CCFD, Terre solidaire et Oxfam, le recours croissant à ce type d'énergie verte a des conséquences néfastes, non seulement sur l'agriculture européenne mais aussi et surtout sur celle des pays émergents. «Il existe une dichotomie entre le boom de la consommation d'agrocarburants et la volonté d'améliorer l'environnement», souligne Ambroise Mazal, porte parole du CCFD. «L'Europe ne pourra produire que la moitié de son objectif de 2020. Il faudra qu'elle importe les 5 % restants», ajoute pour sa part Jean-Denis Crola d'Oxfam. Car tous les pays européens ne disposent pas comme la France, d'importantes superficies agricoles.

Et quand bien même ils en disposeraient, cela pose un problème d'arbitrage entre les cultures destinées à l'alimentation humaine et du bétail, et celles utilisées pour faire avancer le moteur des voitures. «En 2007, 64 % du colza en France a été utilisé pour produire des biocarburants, En revanche, il y a eu une rupture des stocks pour l'huile à usage alimentaire, il a fallu en importer».

Pour rappel, il existe deux types de carburants verts. Le bioéthanol incorporé à hauteur de 6 % en France dans le sans plomb 95, obtenu à partir du maïs, du blé et des betteraves. Et le diester provenant de l'huile de tournesol ou de colza et qui est ajouté au gasoil à hauteur de 6 % aussi.

Outre Rhin, en réponse à la volonté gouvernementale d'ajouter des biocarburants au gasoil, la demande en huiles végétales a fortement augmenté.

A côté de la production locale de colza oléagineux, c'est surtout le recours à l'huile de palme qui s'est développé comme d'ailleurs dans les autres pays de l'Union. Les principaux pays exportateurs sont la Malaisie et l'Indonésie. Ils produisent à eux deux 90 % de la production mondiale. Avec 7,3 millions d'hectares, l'Indonésie est même devenu le premier producteur de la planète. Face à ce marché lucratif, l'Indonésie veut même cultiver d'ici 2030, 20 millions d'hectares, soit «l'équivalent des surfaces agricoles anglaises, suisses et néerlandaises», explique dubitatif, Ginting Longgena, ancien directeur de Wahli (Les Amis de la Terre Indonésie).

Les forêts sont défrichées et les marécages asséchés pour faire place aux palmeraies. L'agriculture familiale et vivrière qui faisait vivre de nombreuses personnes autour des forêts a fait place à une agriculture industrielle qui emploie moins de personnes.

Autre conséquence de cette mutation : l'appauvrissement des sols lié à la monoculture ainsi que la pollution des eaux. Avec chaque tonne d'huile de palme extraite, de 3 à 4 mètres cubes d'eaux résiduaires et plus de 40 mètres cubes de méthane sont produits par le retournement des tourbières», précise le spécialiste. Sans oublier ses effets secondaires sur le climat, la faune et la flore locale. «Certaines espèces animales comme les tigres et les orangs-outangs sont en voie de dispariton», poursuit Ginting Longgena. Enfin, le détournement des terres vers les plantations d'huile de palme a entraîné une augmentation des produits de base issus de l'agriculture traditionnelle.

Publié dans Environnement

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