Ghana. La nouvelle poubelle de l'Occident

Publié le par Un monde formidable

Ghana, la nouvelle poubelle de l'Occident.  Documentaire de V. Mauduy et A. Lewkowicz. Durée : 55 minutes.

Le sujet

Bon élève du développement, le Ghana est la nouvelle destination à la mode pour des tonnes de déchets électroniques en provenance d'Europe et d'Asie. 

Dans la banlieue d'Accra, la capitale du Ghana, se trouve la décharge d'Agbogbloshie. Sur une surface équivalante à celle d'un arrondissement parisien échouent des tonnes de détritus venus d'Europe et des Etats-Unis. Vieux ordinateurs, téléviseurs, et autres déchets électroniques s'entassent ici. Les Ghanéens vivant dans le bidonville de la décharge en extraient divers métaux qu'ils revendent à l'étranger, dans des conditions sanitaires effroyables.

La critique par Sélim Batikhy (TéléObs. 8-14/01/2011)

« Venez boire un coup ! », implore le chef des pêcheurs ghanéens. Victimes collatérales de la pollution générée par le recyclage sauvage, ils en sont réduits à soudoyer les esprits avec une bouteille de schnaps, priant pour que les poissons qui ont déserté les eaux désormais violacées du lagon reviennent. Chaque mois, 75 000 tonnes de fret sont déchargées sur les quais de Tema, l'un des plus importants ports d'Afrique de l'Ouest. Une partie de cette marchandise a changé de statut en parcourant la distance qui la sépare du continent noir. Introduite sur le marché africain sous l'appellation « équipements appareils et machines », elle a quitté le Vieux Continent sous la désignation moins séduisante de DEEE : Déchet d'Equipement électrique et électronique.

Réfrigérateurs, téléviseurs, machines à laver, ordinateurs hors d'usage, invendables ou invendus, sont acheminés par conteneurs entiers. Et ce en dépit de la convention de Bâle, en vigueur depuis le 5 mai 1992, sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination qui interdit l'exploitation des « déchets recyclables dangereux vers les pays en voie de développement ». Déchets ou de « seconde main », les douaniers ghanéens, eux, ne font pas de différence. « Tout est d'occasion, l'état de marche ne nous intéresse pas », affirme l'un d'eux. Certaines pièces sont revendues telles quelles, à la sauvette, dans les quartiers pauvres d'Accra, la capitale. Le reste est acheminé en charrette par des ferrailleurs jusqu'à Agbogbloshie, le plus grand bidonville de la région. Une décharge à ciel ouvert, autrefois lieu de promenade couru de la capitale. « On y vit, on y travaille et on y meurt... avant 60 ans », souligne le commentaire de ce documentaire déconcertant réalisé par Véronique Mauduy et Alain Lewkowicz.

Dans ce paysage apocalyptique constitué d'immondices, on casse, on démonte et on récupère tout ce qui est susceptible d'avoir une valeur marchande : plomb, laiton, fer, piles électriques usagées, cuivre, lequel sera ensuite réexporté vers l'Europe au tarif de 79 centimes d'euro le kilo (contre 5 à 6 euros en Bourse). Dans ce pays considéré comme le bon élève de l'Afrique, mais où un quart de la population est au chômage, la survie est à ce prix.  

Publié dans Environnement

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