France. CHroniques marseillaises (5): chemin de croix des facteurs, vols de colliers et gunfight

Publié le par Un monde formidable

Marseille : le chemin de croix des facteurs par Sophie Manelli (La Provence. 17/09/10)

En moins d'un an, les facteurs du 3e à Marseille comptabilisent 7 agressions physiques, de plus en plus violentes à en juger par les plus récentes. 



- En juillet dernier, une étudiante qui assurait des remplacements d'été poussait son chariot avenue Bellevue lorsqu'elle a été jetée à terre par des individus qui lui ont arraché son collier et dérobé son portable. 



- Le 8 septembre, un postier de 25 ans a été roué de coups sur le bd de Plombières [1], par des individus qui l'avaient suivi en voiture sur son parcours. Ils reprochaient au facteur... de les avoir dérangé en sonnant à leur porte pour distribuer le courrier de l'immeuble. Cette agression a entraîné une ITT de 7 jours. Le lendemain, les agents de distribution ont cessé le travail en invoquant le droit de retrait

- Deux jours plus tard, le 10 septembre, un de leurs collègues a été blessé à coups de pierres et menacé au cutter.



- Le 15 septembre, rue Toussaint, un facteur intérimaire a été pris à partie et menacé par des individus [2]. En état de choc, il n'avait pas repris le travail hier.


 

Marseille : huit agressions sur dix sont des vols de colliers par Denis Trossero (La Provence. 28/09/10)

Cinq mille agressions depuis le début de l'année, entre 10 et 20 par jour dans le ressort du seul tribunal de grande instance de Marseille. De l'aveu du procureur de la République, Jacques Dallest, interrogé hier sur le sujet, "les vols de colliers représentent aujourd'hui 80% des vols avec violences qui sont commis à Marseille".

Autant dire que le phénomène, qualifié de "vrai fléau" par le parquet, n'en finit pas de préoccuper les autorités. Tellement préoccupant que le procureur a réuni vendredi autour de lui les services de police et de justice, afin de fixer les axes de conduite majeurs. "Les services fiscaux, des douanes et de la répression des fraudes seront prochainement associés à notre démarche", insiste le magistrat, qui entend ne pas laisser ce nouveau terrain de la délinquance en jachère. "Nous ne nous contenterons pas de compter les coups", précise Jacques Dallest.

Trois auteurs présumés ont encore été interpellés et écroués ce week-end. Tous étaient mineurs. Derrière des vols avec violences d'une banalité déconcertante se cachent parfois des réseaux structurés. Ce sont ces pistes que va défricher le parquet. En travaillant au-delà des voleurs proprement dits, âgés de 13 à 25 ans pour l'essentiel, sur les circuits de recel.  L'autre travail consistera en un effort de présence, d'occupation des lieux, afin de dissuader de tels actes de violences. Mais peut-on raisonnablement empêcher un voleur de colliers de passer à l'acte, sauf à conseiller aux victimes de se prémunir en ne portant aucun bijou en or de manière apparente ? La difficulté tient également au recueil de la preuve. Pas facile d'établir un flagrant délit sur un vol de collier.

C'est pourquoi les forces de police conseillent aux victimes de venir déposer plainte sur-le-champ. Un bon signalement, suivi d'une patrouille de police à bonne distance, peuvent permettre d'interpeller le ou les auteurs présumés. L'autre travail mis en oeuvre va consister à éplucher les diverses officines qui se livrent à la revente d'or. Car ces boutiques sont théoriquement soumises à des obligations légales.

"Nous allons exploiter ces pistes de travail. Et nous referons un point en fin d'année", insiste le procureur Dallest. Il n'est pas impossible que certains mineurs volent pour d'autres, que les voleurs aient recours à des regroupements d'or ou passent par des officines spécialisées. "Il y aurait même des fondeurs d'or à Marseille", glisse-t-on de source judiciaire.

 

Marseille : exécuté dans une Audi A3 puis carbonisé par Denis Trossero (La Provence. 28/09/10)

C'est une voie tranquille, à sens unique, bordée de villas plutôt cossues, ouvrant sur des piscines confortables et dont jaillissent plus de 4X4 de luxe que de véhicules brinquebalants. Il était à peine plus de 4h, hier matin, lorsque, sur ce chemin du Bois de l'Aumône, quartier d'Eoures (11e ), dans l'est de Marseille, le voisinage a été réveillé par des bruits sourds.

S'agissait-il de coups de feu ? De l'explosion d'une Audi A3 V6 de couleur crème sauvagement incendiée ? Les voisins ont accouru. Ce sont même eux qui ont prévenu les marins-pompiers. "Mon chien a aboyé, raconte Claude. Je suis sorti. J'ai arrosé avec mes tuyaux. Ce n'est qu'après qu'on a vu qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur". "J'ai entendu un gros boum ! Je suis sorti de chez moi. Et j'ai dit aux secours : faites attention, je crois qu'il y a quelqu'un dans la voiture !" témoigne le voisin d'en face.

Des cyprès avaient commencé à brûler, des flammes de trois mètres de haut consumaient un poteau électrique. Sur le siège du passager avant de l'Audi A3, les policiers ont découvert un homme mort, le visage transpercé par une balle de gros calibre, qui aurait aussi traversé le toit. Le corps de la victime était largement calciné, au point que, depuis hier, les enquêteurs de la Brigade criminelle de la police judiciaire de Marseille s'efforcent d'établir son identité. Ils ont bien sûr de fortes raisons de penser que le défunt est le propriétaire de cette voiture immatriculée dans le Doubs - un homme de 27 ans connu pour des délits mineurs - mais point de certitudes pour l'heure. 

 

Règlement de comptes à Marseille : quel mobile pour le tueur à la perruque ? par Romain Luongo (La Provence. 28/08/10)

Mesul Erkol, 31ans, et Mohamed Karabernou, 29 ans, ne faisaient pas partie du grand banditisme. Ils ont pourtant péri mardi, dans la cité de la Cayolle à Marseille [1], selon les codes en vigueur dans la voyoucratie. Même si les circonstances précises n'ont pas encore été établies par la police judiciaire, il semble bien qu'ils sont tombés dans un guet-apens.

La PJ a confirmé, hier, ce que des témoins nous indiquaient déjà mardi soir: ceux qui ont agi portaient une perruque et ont fait feu avec un pistolet automatique, voire un fusil à pompe. En revanche, le mobile reste toujours très flou. Aucun événement récent, du moins dont les enquêteurs ont eu connaissance, ne laissait imaginer qu'ils pourraient subir les foudres de leurs rivaux.  Seul Mesul Erkol, originaire de la Cayolle, avait déjà échappé à un règlement de comptes en août 2007. Selon la PJ, l'auteur des faits avait été appréhendé quelques mois plus tard, pour un différend dont l'origine précise n'avait jamais été dévoilée. La deuxième victime, Mohamed Karabernou, n'avait pas de lien direct avec la Cayolle. Lui était plutôt natif de la cité Air-Bel, l'autre cité sensible des quartiers sud de Marseille.

Traditionnellement, les trafiquants des deux quartiers nourrissent une animosité particulière, mais tout reste sous contrôle, tant que personne n'empiète sur le territoire de l'autre. Mesul et Mohamed, qui avaient suivi un parcours relativement similaire dans la délinquance, le plus souvent dans des affaires de vols, semblaient proches.   Leur collaboration gênait-elle certains ? Aucun élément ne permet aujourd'hui de l'affirmer. Il semble néanmoins que les deux garçons aient gravi des échelons supplémentaires dans la criminalité en se lançant dans le trafic de cocaïne. Une activité particulièrement juteuse, mais qui suscite forcément des convoitises, voire des différends commerciaux que seules les armes peuvent parfois apaiser

Publié dans Europe de l'Ouest

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