France. Cécilia, saoulée, violée et morte lors d'un "plan sexe"

Publié le par Un monde formidable

Cécilia, saoulée, violée et morte lors d'un "plan sexe" à Marseille par Luc Leroux (La Provence.  18/04/2011)

Une chambre d'hôtel à 39 euros, une bouteille de vodka et Cécilia. Le 8 décembre 2008, voilà les ingrédients de la soirée que se concoctent quatre jeunes garçons des Oliviers et des Genêts à Marseille (13e). Leurs SMS trahissent leurs intentions : un "plan fille", un "plan cochonne". Quelques heures plus tard, les pompiers sont appelés par le plus jeune. Emmanuel Denis, 18 ans, panique au bout du fil : "J'étais avec une copine et on a bu un peu et la fille est tombée dans les pommes et j'arrive plus à la réveiller."

Cécilia ne s'est jamais réveillée, morte à 21 ans d'avoir bu un litre de vodka, préalable à des relations sexuelles avec chacun des quatre garçons, à tour de rôle. Deux autres avaient même été invités à venir profiter du "plan". Mais à 0h15, dans les 10m² d'une chambre d'un hôtel de La Valentine, alors que le tour du quatrième arrive, un SMS est envoyé sur le portable d'Anis Nafti qui patiente à l'extérieur avec les autres : "Anis monte urgent." 

Tous ont décrit la victime très pâle : "Elle bavait et avait vomi, des aliments lui sortant même par le nez". Son pouls était de plus en plus faible et, dans la pauvreté de leur langage, l'un d'eux dira que son corps qui se refroidissait "ressemblait à un bout de viande". Quelques gestes de survie auraient été tentés, bouche à bouche et massage cardiaque, mais les secours ne seront alertés qu'une heure et demie plus tard, justifiant une accusation de non-assistance à personne en péril.



L'accusation leur fera le reproche d'avoir préféré "faire le ménage" en emportant les bouteilles d'alcool et les préservatifs pour ne pas laisser leurs traces. Tous les quatre sont jugés pour viol en réunion. Connaissant l'appétence pour l'alcool de cette jeune femme très introvertie et psychologiquement fragile, ils lui avaient fait boire de la vodka. La contraignant à écluser la bouteille, maintenant de force le goulot dans la bouche, conviendront deux d'entre eux avant de dire l'inverse, prétextant de mauvais traitements policiers en garde à vue.

"La contrainte mêlée de surprise résultant de l'alcoolisation qui lui a été imposée à dessein pour annihiler chez elle toute capacité de résistance"établit, aux yeux de la juge d'instruction Karine Molco, l'absence de consentement, donc le viol. "Elle savait qu'elle allait pour ça en montant dans la voiture",diront les avocats des quatre accusés. "C'est pas beau au niveau de la morale, convient Jean-Louis Keita, l'un des défenseurs, mais il n'y a pas grand-chose à leur reprocher au niveau de la loi. Ça ressemblerait davantage à un abus de faiblesse."


Qualifié de "meneur de la bande", Mounir Tinouiline, 21 ans, avait monté un stratagème se faisant passer auprès de Cécilia Gueye pour "Kevin", le surnom d'Emmanuel Denis, jeune blondinet aux charmes duquel la jeune fille n'était pas insensible. Placé sous écoute dans une affaire de piratage et de contrefaçon de cartes bancaires, les enquêteurs ont analysé les communications du 8 décembre passées par Mounir Tinouiline. On l'entend rameuter les participants :"Viens, on va la niquer". On le voit organiser les choses par textos : "Ho va genet pren fahem vien me cherché et on va troncher Cécilia". Cécilia avait vingt-et-un ans. 

Sa timidité était telle qu'à deuxreprises elle avait échoué à l'oral du concours d'infirmière. Ses souffrances l'avaient conduite à tenter de se suicider. Un petit ami l'avait initiée à l'alcool et au sexe sans retenue. Ses parents - aujourd'hui partie civile - étaient déjà allés la récupérer dans des hôtels où elle avait été abandonnée par des garçons. Le procès doit durer toute la semaine.

 

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