Congo. Le village agricole expérimental de Nkouo
Faim: Le Congo mise sur le village de Nkouo (Source : afriquinfos 16/10/2010)
http://www.dailymotion.com/video/xdryt8_visite-des-nouveaux-villages-a-nkou_news
Au milieu de la savane herbeuse à perte de vue et sur une riche terre noire, le village agricole expérimental de Nkouo a l?image d?une coquette cité: cinquante maisons neuves avec électricité et eau potable, un hôpital, une école primaire et des aires de jeux. "Nouveaux villages: la réforme rurale a débuté", l'inscription figure sur les T-shirts de Gaétan Charlly Lengou, 32 ans, et de son épouse qui viennent de s'installer dans cette localité de la région du Pool nord, au Congo, à 80 km au nord de Brazzaville, la capitale.
La construction du village a été financée par l'Etat congolais dans le cadre de son programme de lutte contre la crise alimentaire, l'objectif étant de parvenir à l'autosuffisance par le développement de la production agricole. Nkouo a été construit en un an par la Société congolaise de modernisation (Socomod), filiale de l'entreprise israélienne L.R. groups. "Nkouo va produire 2 millions de kilos de manioc par saison, ce village va contribuer à l'autosuffisance alimentaire du Pool nord et même de Brazzaville", affirme le directeur général de la Socomod, Etrog Yehushua. A terme, le projet "expérimental" doit s'étendre à tout le pays qui pourra alors réduire ses importations de denrées alimentaires dont dépendent 3,6 millions de Congolais.
Avec 21% de personnes sous-alimentées, 11,8% d'enfants en insuffisance pondérale et un taux de mortalité infantile de 12,7% chez les moins de 5 ans, la situation alimentaire au Congo est qualifiée de "grave" dans le rapport 2010 de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri), même si elle est moins alarmante que dans d'autres pays africains.
Gaétan, sa femme et leurs jumelles de deux ans ont été sélectionnés aux côtés de quarante autres familles congolaises, venues des douze départements du pays selon les autorités, pour cultiver la terre à Nkouo. "Trouver la place ici, c?est bien mais il faut travailler et prouver de quoi on est capables", affirme Gaétan. Ayant une formation d'ingénieur en développement rural, il estime qu'"ici à Nkouo, les conditions se prêtent à une grande agriculture, celle qui apporte des rendements". "Par le passé, dit-il, j'ai excellé dans la culture du manioc et de la patate douce, mais faute de soutien je n'ai pas eu de bons résultats".
"40 poulaillers, un entrepôt ainsi qu'un centre de tri et de stockage réfrigéré ont été réalisés", explique le délégué général aux Grands travaux, Jean-Jacques Bouya. "Chaque famille de fermier a reçu 792 (poules) pondeuses et 2 hectares" de terres, précise-t-il. Selon le ministre de l'Agriculture, Rigobert Maboundou, la production des nouveaux exploitants sera vendue par l'Etat et une partie des recettes leur sera reversée. Nkouo est le premier module d'une série de trois villages agricoles, prévus dans le cadre d'un projet de 20 millions d'euros (13 milliards de F CFA), "entièrement financé par le gouvernement", souligne le ministre. Pour amener le pays à l'autosuffisance alimentaire, l'Etat dont le budget est estimé à 4,5 milliards d'euros, devra investir 60,9 millions d'euros (40 Mds F CFA) par an pendant quatre ans.
Actuellement, les importations de denrées alimentaires du Congo sont évaluées à 198 millions d'euros par an (130 mds F CFA) par l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), soit l'équivalent de la masse salariale annuelle du pays. Selon le rapport 2010 "Indice de la faim dans le monde" de l'Ifpri, la situation alimentaire du pays s'est améliorée: au début des années 90, 40% des Congolais souffraient de sous-nutrition contre 21% en 2004-2006 et le pays ne figure pas parmi les 29 pays d'Afrique et d'Asie où elle atteint des niveaux "alarmants" voire "extrêmement alarmants".