Canada. Industrie aurifère : Barrick donne leur indépendance à ses mines en Tanzanie mais «ne quitte pas l’Afrique».

Publié le par Un monde formidable

Industrie aurifère : Barrick donne leur indépendance à ses mines en Tanzanie mais «ne quitte pas l’Afrique». Par Pierre-Alexandre Sallier (Le Temps. Ch.24/02/10)

Les activités en Afrique de l’Est du géant minier canadien sont réunies dans une compagnie indépendante, cotée à Londres. Son directeur général explique les dessous de cette stratégie.

«Cette décision ne s’apparente en rien à un départ de Tanzanie, sinon croyez-vous que nous aurions appelé cette compagnie African Barrick Gold?» interpellait mardi Aaron Regent, directeur général du numéro un mondial de l’extraction aurifère, en marge d’une rencontre avec des investisseurs, à Genève. Jeudi dernier, Barrick Gold a annoncé sa décision de placer ses quatre mines tanzaniennes dans une société indépendante qui sera cotée fin mars sur la bourse de Londres, puis sur celle de Dar es-Salaam. Barrick gardera la haute main sur 75% du capital. Une production annuelle d’environ 716000 onces de métal jaune (22tonnes) et des gisements recelant 17 millions d’onces de réserves – le dixième du groupe Barrick – en feront le plus important groupe aurifère basé à Londres.

Stratégie de conglomérat

Les coûts de production, pas plus que l’absence de nouveaux gisements dans le pays ne seraient à l’origine de cette décision. «Cette scission vise à mieux valoriser des activités qui étaient noyées dans le groupe», explique Aaron Regent, qui gère le groupe minier comme un véritable conglomérat. Agé de 43 ans, cet ancien responsable du groupe minier Falconbridge – mais aussi ex-associé de Brookfield AM, maison de gestion canadienne à qui sont confiés 90 milliards de dollars – ce dernier a remplacé il y a un an Greg Wilkins, décédé en décembre dernier après avoir lutté deux ans contre un cancer. «African Barrick prend son envol avec 280 millions de dollars dans ses coffres et aucune dette, ce qui lui permettra d’envi­sager son expansion dans le reste du continent», poursuit Aaron ­Regent.

Des mines à 4 milliards pièce

Cette décision reflète également l’évolution profonde de l’industrie aurifère ces quinze dernières années. L’absence de découverte de grands gisements accessibles, faciles à exploiter, affichant des teneurs élevées en minerais, dans des pays assez stables politiquement, force les industriels du secteur à lancer des investissements gigantesques pour accéder à de nouvelles ressources. Barrick, qui a produit 7,4 millions d’onces (230 tonnes) de métal brillant l’an dernier, va ainsi ouvrir trois nouvelles mines à même de lui fournir 2,4 millions d’onces supplémentaires d’ici à 2013. Deux de ces sites nécessitent chacun des investissements de 3 milliards de dollars: celui de Pueblo Viejo en République dominicaine, où l’extraction démarre fin 2011, et celui de Pascua Lama, à la frontière argentino-chillienne. Situé au cœur des Andes, ce dernier avait été vivement critiqué pour son impact environnemental. Encore à l’état de projets, le gisement chilien de Cerro Casale et celui de Donlin Creek en Alaska exigeront plus de 4 milliards pour être transformés en ­mines. Le dernier nécessite en particulier la construction d’un gazoduc privé. «Ces projets atteignent une taille qui mobilise toutes les forces et les moyens du groupe, ce qui explique également pourquoi celui-ci donne son indépendance aux activités en Tanzanie», explique un proche de la direction.

Publié dans Amérique du Nord

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