British Petroleum . D’un golfe à l’autre

Publié le par Un monde formidable

British Petroleum . D’un golfe à l’autre par Gilane Magdi (Al-Arham. Egupte. 14-22/07/10)

Le géant pétrolier en difficulté cherche l’aide des fonds souverains du Moyen-Orient. Mais il se heurte à un changement de stratégie de ces derniers.

Le koweït, le Qatar et enfin les Emirats arabes unis. Ces trois pays représentent les trois étapes des responsables de British Petroleum (BP) cette semaine, pour des discussions avec les dirigeants respectifs des Fonds d’investissements publics (fonds souverains). Les trois pays comptent ensemble 12 fonds souverains, dont les plus importants au monde. Le géant pétrolier en difficulté, en raison de la fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique, invite ces fonds à acheter de 5 à 15 % de son capital. Pour le moment, les pays arabes n’ont pas donné de réponses concrètes. Sans pourtant cacher leur intérêt.

BP, qui a déjà dépensé 3,12 milliards de dollars pour colmater la fuite, se voit obligé de vendre certains de ses actifs afin de couvrir les dommages causés. « Nous sommes toujours heureux d’accueillir de nouveaux actionnaires ou d’accompagner les actionnaires qui veulent augmenter leur participation, mais il n’est pas envisagé d’émettre de nouveaux titres auprès de qui que ce soit », a cependant déclaré un porte-parole du groupe à Reuters.  Alors, Tony Hayward, directeur général de BP, a rencontré le prince héritier des Emirats arabes unis, cheikh Mohammed bin Zayed Al-Nahyan, pour le convaincre de participer au capital du groupe. « Le directeur général de BP serait heureux de voir Abu Dhabi Investment Authority, le plus large fonds souverain au monde, acquérir 10 % des actions de la compagnie », a déclaré une source proche des négociations à l’agence Zawya Dow Jones. Malgré ces efforts, le groupe n’a pas encore eu de réponse définitive à son appel et les responsables au sein du fonds souverain émirati se sont abstenus de tout commentaire.

Le Koweït a, quant à lui, d’ores et déjà annoncé qu’il n’augmenterait pas ses parts dans le groupe. « Nous ne pensons pas, pour le moment, augmenter nos investissements dans cette compagnie », a déclaré à l’AFP un responsable du fonds souverain Koweït Investment Authority (KIA). Ce dernier contrôle déjà 2,8 % du capital de BP.

Les Saoudiens intéressés.   Il n’empêche que BP est un investissement attractif. « C’est une occasion à ne pas rater, surtout que les difficultés financières actuelles du groupe ne remettent pas en cause la valeur stratégique de ses avoirs », souligne l’analyste et expert en questions stratégiques Ibrahim Khayat, basé à Dubaï. Le groupe a perdu la moitié de sa valeur en deux mois (il valait 77 milliards d’euros). A Riyad, le quotidien économique saoudien Al-Iqtissadiya a rapporté que des investisseurs saoudiens seraient intéressés par une prise de participation de 10 à 15 % dans le capital de BP, précisant qu’ils « se sont rendus à Londres pour négocier directement avec BP ».

De même, le président du pétrolier libyen National Oil Co. a déclaré que la Libye devait entrer au capital de BP. Mais le groupe britannique préfère céder son capital aux fonds souverains plutôt qu’à des investisseurs privés. « BP cherche un partenaire stratégique afin de ne pas se laisser absorber par des compagnies comme Exxon ou Total », a souligné la porte-parole du groupe à l’agence Reuters.

Plus globalement, il apparaît ainsi que les fonds souverains du Golfe vont changer leur stratégie d’investissements. Depuis 2008, ils se sont montrés comme des sauveurs du secteur financier occidental en crise grâce à leurs sources de liquidités. Mais dorénavant, ils cherchent plutôt à soutenir leur région. Selon le gouverneur de la Banque Centrale émiratie, Sultan Bin Nasser Al-Suwaidi, « les fonds auront un rôle plus passif en Occident et pourront cesser leurs investissements au sein des sociétés occidentales », expliquait-il dans le journal Arabian Business il y a deux mois, en justifiant ce changement probable de stratégie par le fait que la crise financière internationale a montré que les risques d’investissement sont plus élevés en Occident que dans la région MENA. « Maintenant, ces fonds devront investir dans les mégaprojets et injecter directement des liquidités dans la région à travers la création de nouveaux projets », souligne le gouverneur. Une nouvelle stratégie qui pourrait faire basculer les plans du groupe britannique qui doit surmonter ses problèmes avant la date de publication de ses résultats, fixée au 27 juillet prochain.

Publié dans Mondialisation

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