Air Afrique : Les Oubliés de la liquidation sonnent la charge

Publié le par unmondeformidable

Air Afrique : Les Oubliés de la liquidation sonnent la charge  par Abdoulaye Tao  (Le Pays. Burkina Faso - 05/01/09)

En 2002, la multinationale Air Afrique a été mise en liquidation. Commence pour les milliers de travailleurs de la compagnie aérienne un long chemin de croix. 6 ans après, ils sont encore nombreux à attendre que leurs droits légaux et arriérés de salaires soient liquidés. Cette fois, ils ont décidé d’agir, c’est le message principal d’une rencontre avec la presse tenue le 30 décembre.

Un ancien travailleur de Air Afrique en poste à Abidjan est mort de crise la veille de la tabaski. Harcelé par des problèmes financiers certainement, raconte Denis Atiba, porte-parole des anciens travailleurs.

Dans la même semaine apprend-on, son enfant avait été expulsé de l’école pour non paiement de frais de scolarité. Certains autres travailleurs sont en train d’être expulsés de leur maison. 150 Burkinabè sont concernés. Et selon une de leurs représentants, ils ont eu quelques avances du gouvernement ces deux dernières années scolaires, mais pour cette année, l’affaire coincerait. Le ministère des transports a tenté une solution par paiements fractionnés du solde de tout compte à partir du budget 2010. Mais le projet ne serait pas passé.

Des exemples de ce type sont légion et traduisent le désarroi dans lequel vivent ces anciens travailleurs. Il s’agit de ceux qu’on pourrait appeler les "travailleurs expatriés" de Air Afrique. Ce sont par exemple les travailleurs burkinabè d’Air Afrique à Abidjan ou ailleurs. Car selon les dires de leur porte-parole, les travailleurs locaux ont été plus ou moins pris en charge par leurs Etats respectifs. C’est le cas des travailleurs ivoiriens, sénégalais ou burkinabè. Les travailleurs restés en rade à leur poste de travail devaient être rapatriés par le liquidateur. Rien de cela n’a été fait, selon Atiba, et les travailleurs attendent toujours. Les Etats semblent impuissants à trouver une solution définitive.

Aujourd’hui, les travailleurs montent au créneau. Dans leur ligne de mire, le liquidateur et Air France. Les travailleurs critiquent "une liquidation instrumentée, de connivence avec certaines administrations locales commettent des actes d’abus de biens sociaux et de détournement de deniers d’Air Afrique au détriment des ex- travailleurs qui meurent ordonnance à la main" ; Denis Atiba annonce le chiffre de 500 morts dans leur rang.

Face au traitement différencié que la Côte d’Ivoire a engagé au profit de ses citoyens, la confédération régionale pour l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel de la compagnie aérienne Air Afrique réunie le 10 octobre dernier a dénoncé cette attitude et demande un traitement uniforme des anciens travailleurs comme le prévoit le traité de Yaoundé, toujours en vigueur selon les travailleurs.

C’est également sur la base de ce traité qu’ils font grief à AIR France qui s’est fait une nouvelle santé sur la dépouille de Air Afrique. Les travailleurs reprochent à la compagnie française d’exploiter les droits de trafic de Air Afrique sans aucune contre- partie. C’est à elle seule que profite la mort de la compagnie multinationale africaine selon Denis Atiba. Pour le représentant des travailleurs, "on a tué Air Afrique".

La période de direction du Français Billecart a été, selon eux émaillée, de fautes de gestion avec notamment l’uniformisation du parc d’avion par l’achat de nouveaux avions : "les administrateurs français l’ont refusé " selon Atiba. A la fin de son mandat, il n’y aurait donc pas eu d’audit. Pour toutes ces raisons, les travailleurs comptent se pourvoir autrement devant d’autres juridictions pour entrer dans leurs droits, vu l’indifférence et l’impuissance des Etats membres.

 

Publié dans Afrique

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